Marie-Noëlle Catayée a en charge le développement des entreprises à l’international à la CCI de Martinique (CCIM). Également représentante régionale du réseau Ubifrance, elle nous détaille tous les dispositifs existants pour favoriser l’export au sein des entreprises martiniquaises.

Quelles sont les différentes étapes à suivre pour une entreprise désireuse de se tourner vers l’international ?

Premièrement, les entreprises doivent se rapprocher de notre service qui est la porte d’entrée vers l’international. Il s’agira ensuite pour nos conseillers en développement international d’identifier leur projet puis de réaliser un audit de leur capacité à exporter. La définition de leur stratégie export passera par l’identification de marchés potentiels, la veille dans les pays ciblés grâce notamment aux réseaux partenaires comme Ubifrance, au réseau EEN (Enterprise Europe Network) mais aussi le réseau des Chambre de Commerce Franco-étrangères ou des conseillers du commerce extérieur. Le suivi individuel ou collectif des actions à l’international est assuré par nos conseillers. De même, les formalités internationales (carnet d’exportation temporaire et certificats d’origine) sont effectuées au sein de notre service.

Et pour les pays caribéens ?

Pour l’approche des pays de la Caraïbe, la CCIM et le Conseil Régional de Martinique ont dans un premier temps créer un poste de «Cadre Export», dispositif visant à réaliser des primo-prospections pour les entreprises sur les marchés caribéens mais aussi à travailler sur les problématiques de logistique par la mutualisation des moyens. Sont ensuite venus renforcer l’action du Cadre Export, trois chargés de missions basés à Trinidad, Barbade ainsi qu’en République Dominicaine depuis 2008. Leur mission consiste à effectuer de la veille sur des secteurs porteurs, de la prospection, de l’accompagnement des entreprises martiniquaises sur le terrain mais aussi de travailler sur des dossiers de coopération économique.

Tous ces collaborateurs travaillent étroitement avec nos conseillers en développement international.

Financièrement, de quel soutien peut-elle bénéficier ?

Il existe plusieurs dispositifs d’aide régionale, nationale et européenne :

Pour ce qui est de l’aide régionale, il existe 3 volets : le volet 1, Assistance Export Partagée, qui prévoit l’accompagnement de l’entreprise dans la mise en œuvre de ses actions. La stratégie sera définie sur deux ans avec un financement jusqu’à 75% (plafonné à 33 500 €) des frais éligibles liés à la prospection : transport et hébergement, traduction de supports de communication (web, plaquettes, etc.), honoraires, etc. ; Le volet 2, qui aide au recrutement d’un cadre export sur deux ans et le volet 3 qui prend en charge des actions individuelles ou collectives telles que des participations à des foires et salons avec une limite de deux actions par an par entreprise.

Par ailleurs, la CCI a également signé une convention avec Ubifrance et le Ministère de l’Outre Mer qui permet aux entreprises des secteurs TIC, environnement, recherche et développement et agroalimentaire de bénéficier des prestations d’Ubifrance (gratuité des stands lors de salons, rencontre avec des experts, tests sur offre, articles publiés dans des revues internationales spécialisées…). Le suivi des opérations est assuré par les experts UBIFRANCE et les conseillers de la CCIM mais aussi par les missions économiques des pays prospectés.

La DIECCTE (ex-DRIRE) gère également un dispositif d’action collective qui finance les actions de communication et actions de prospection à l’étranger à hauteur de 50 %.

Enfin, OSEO gère le Prêt Pour l’Export (PPE) et la COFACE, que nous représentons également, l’assurance Prospection mais aussi les couvertures de change ou l’assurance-crédit.

Et pour répondre aux appels d’offres internationaux ?

Toujours en partenariat avec le Conseil Régional, nous avons mis en place le dispositif «Appel d’Offre Caraïbes» géré par un de nos conseillers, qui offre une veille et un accompagnement à la réponse aux appels d’offre. L’adhésion à ce service permet de bénéficier de réduction sur des actions telles que «la sensibilisation au fonctionnement des organisations internationales et bailleurs de fonds» ou la «formation à la réponse aux appels d’offre».

Quels sont les secteurs les plus actifs à l’export ?

En Martinique, principalement le secteur de l’agro-industrie qui exporte surtout vers l’Union Européenne. Si les secteurs des TIC, de l’environnement ou des Telecom sont très porteurs dans la Caraïbe, nous avons identifié de réelles opportunités pour le secteur des industries culturelles. Nos stylistes et designers s’exportent aussi très bien en Afrique.

Quel état des lieux pouvons-nous faire  concernant l’export en Martinique ?

Le chemin restant à parcourir reste long d’autant que nous entretenons toujours des liens commerciaux très forts avec l’Hexagone. Notre situation insulaire devrait nous obliger à considérer nos marchés de proximité qui sont de même taille pour la plupart mais il y a encore beaucoup de barrières à franchir : la logistique, le manque de connaissance de nos voisins, la monnaie, etc. Rien n’est insurmontable mais il faut que nous définissions ensemble une stratégie globale s’appuyant sur du lobbying politique.

Pour ce qui est des chiffres, notre balance commerciale est fortement négative et nous ne pouvons nous appuyer que sur les exportations de biens. Pour les services, en dépit de notre insistance, le retour des entreprises de ces secteurs quant au résultat de leur prospection est très faible. Sachant qu’environ 150 entreprises exportent actuellement, la marge de progression pourrait être du double si nous arrivons à démystifier la démarche. D’ailleurs, les événements de 2009 ont montré le danger de miser uniquement sur le marché domestique. Les marchés régionaux (Guadeloupe et Guyane) offrent d’autres opportunités et l’international aussi.

Pour plus d’informations : CCIM Développement international : 0596 00 00 00