«Le tourisme est vital pour la Martinique», «Une priorité», «Un levier essentiel pour le développement économique de l’île», «L’engagement numéro un»… Combien de fois avons-nous entendu ces mêmes discours au moment de se pencher sur une activité en crise depuis une bonne quinzaine d’année ?

Parce que le constat est alarmant : entre 1995 et 2010, le nombre de visiteurs en Martinique s’est effondré. Il est passé de près d’un million par an en 1995 contre 620.000 actuellement. Et que dire de la croisière, secteur qui a le plus décliné en passant de 420.000 visiteurs à moins de 75.000 sur la même période. Plusieurs raisons expliquent cette brutale désaffection des touristes : le manque d’offres (à mettre en parallèle avec l’affirmation de certaines destinations comme Cuba ou la République Dominicaine durant la même période), l’insuffisance et le vieillissement des structures d’hébergement, le port de Fort-de-France qui ne peut accueillir les «megaships» de croisières, la qualité d’accueil et de services bien en deçà des standards internationaux, l’impact catastrophique des grèves de 2009… La Martinique est donc sortie du marché car elle n’a pas su s’adapter aux mutations et aux nouvelles attentes des clients.

Cette fois, cependant, il semblerait que les choses bougent. Volonté affichée du président Nicolas Sarkozy lors de sa visite en Martinique le 8 janvier dernier, la relance du tourisme n’apparait plus comme une éternelle rengaine mais bien comme une priorité. Aussi, élus, acteurs, décideurs se sont réunis le 26 mai dernier dans le cadre du comité d’orientation stratégique du tourisme. Autour du président de Région Serge Letchimy, Marie-Luce Penchard, ministre chargée de l’Outre-mer, Frédéric Lefèbvre, secrétaire d’Etat chargé du tourisme, Karine Roy-Camille, présidente du Comité Martiniquais du Tourisme et Laurent Prévost, préfet de la Région Martinique ont ainsi signé un contrat de destination. Plus qu’un simple papier, il s’agit de concrétiser le projet d’ouverture de ligne hebdomadaire entre Fort-de-France et l’aéroport de Roissy. Cette desserte voulue depuis de nombreux mois par les professionnels du tourisme local devrait permettre de toucher une clientèle européenne plus large. Par ailleurs, une convention de promotion a également été signée dans le but de valoriser la destination «Martinique» sur les marchés ciblés de l’Allemagne, la Belgique, l’Italie et la Suisse.

Mais le plus important est encore à venir. En signant un contrat d’excellence portant sur une durée de dix ans, l’État et la Région donnent désormais à la Martinique les moyens de renouer avec son attractivité d’antan. De 540 à 690 millions d’euros seront ainsi investis sur les dix prochaines années dans des projets structurants : la formation, la réhabilitation de l’hôtellerie, la montée en gamme de certains établissements, etc. Une démarche à laquelle seront associés tous les acteurs locaux et qui ressemble déjà à une dernière chance. MC