Rencontre avec Eliane Germont , directrice d’EDF à la Martinique.

Quel est le poids d’EDF dans le tissu industriel martiniquais ?

En Martinique, EDF représente environ six cent vingt emplois auxquels s’ajoutent également chaque année une vingtaine de contrats en alternance et une vingtaine de contrats aidés.

Par ailleurs, l’entreprise réalise des investissements à hauteur de vingt à trente millions d’euros par an pour l’entretien du réseau et des outils de production. Quand au projet de renouvellement de la centrale de Bellefontaine, il représente un coût total d’environ quatre cent millions d’euros. Son importance est donc loin d’être négligeable : EDF est un acteur incontournable de la vie des martiniquais et de l’économie locale.

Qu’est-ce qui freine, encore aujourd’hui, le développement de l’entreprise en Martinique ?

Malgré un chiffre d’affaires qui avoisine les cent trente millions d’euros par an, EDF équilibre tout juste ses dépenses. En effet, le coût de production est deux fois plus élevé à la Martinique qu’en métropole alors que l’électricité est vendue au même prix. La principale raison à cela, c’est que l’électricité est produite exclusivement grâce au fuel, et non à l’atome. Aussi, quand les cours du brut flambent, les coûts de production s’envolent.

En 2011, comment pouvez-vous expliquer les coupures récurrentes sur le réseau ?

A la différence de la métropole, où le réseau électrique français est plongé dans un très vaste réseau européen, la Martinique est un système électrique de taille modeste qui n’est pas interconnecté. Le poids d’un événement ou d’une avarie y est donc proportionnellement plus important. Par conséquent, même avec une puissance de production installée deux fois plus importante que nécessaire, on ne pourrait pas dire qu’il n’y aura plus de coupures. Celles ci peuvent être provenir d’incidents techniques sur le réseau ou à la production, et il faut aussi prendre en compte les intempéries et l’entretien sur le réseau.

Pour y remédier, peut-on envisager le développement des énergies renouvelables ?

Avant tout, il faut bien comprendre qu’EDF n’est pas en charge de la politique énergétique du territoire : c’est la prérogative de l’Etat de définir la programmation des investissements en production. Et c’est aussi à la Région de définir les orientations du développement énergétique, et donc écologique, de la Martinique. Aujourd’hui, les énergies renouvelables intermittentes (photovoltaïque, éolien) ne représentent que 27 MW en Martinique. La part maximum de production intermittente que le système électrique peut intégrer étant fixée à 30% de la puissance globale, ces sources d’énergie pourront continuer à se développer jusqu’à atteindre une production de 70 MW.
Cependant, il faut noter que la Martinique est le système insulaire français où la part du renouvelable est la plus faible. En termes de potentiel, hormis le soleil et le vent, les autres ressources, comme géothermie (développée en Guadeloupe), energies marines, biomasse, restent à explorer en Martinique. La piste consiste donc à développer de nouvelles sources d’énergie, non intermittentes, comme la bagasse de canne à sucre, la géothermie, l’incinération des ordures ménagères, le biogaz des décharges ou encore l’énergie thermique des mers.
Cela tout en préservant la viabilité économique du système : Le coût de production de l’énergie doit rester comparable avec celui d’une production au fuel.

 

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