André Dupic

Nous avons rencontré le Directeur Général d’Orange Caraïbe, André Dupic, pour évoquer avec lui l’actualité de la téléphonie aux Antilles et en Guyane. En voici les meilleurs moments.

Quel état des lieux faites-vous de la présence d’Orange aux Antilles et en Guyane ?
Il faut préciser avant tout que je suis à la tête de deux entités : d’une part, France Telecom pour l’offre fixe, la télévision et internet, et d’autre part, Orange Caraïbe, l’opérateur mobile qui est en fait une filiale d’Orange France. Ce ne sont pas les mêmes sociétés. Par ailleurs, Orange dans la Caraïbe, comme SFR à la Réunion, a été contraint par le législateur, lors de l’attribution des licences, de maintenir des activités séparées par respect pour la concurrence. C’est le législateur qui a prévu cette séparation. Ce n’est pas un choix d’Orange.

Les licences délivrées aux opérateurs de téléphonie sont particulières aux Antilles, il s’agit d’une vraie spécificité. Même la Corse bénéficie du même statut que le continent.
Orange Caraïbe est ainsi soumis aux mêmes contraintes qu’un opérateur international. C’est aussi pourquoi les conditions de roaming (service permettant aux usagers de téléphones mobiles de pouvoir appeler et être appelés dans un pays étranger, ndlr) sont différentes. Cette contrainte peut-être perçue comme un frein à la continuité territoriale.

 

Justement, les prix pratiqués par les opérateurs de téléphonie aux Antilles sont souvent montrés du doigt. Jugez-vous cette critique sévère ?
Il ne faut pas penser que l’on est foncièrement plus cher qu’en France métropolitaine compte tenu des nombreuses contraintes du marché. Le législateur nous impose par exemple de ne délivrer des engagements que de douze mois maximum, contre des offres de vingt-quatre mois en France métropolitaine. De plus, il ne faut pas perdre de vue deux éléments importants : les Antilles et la Guyane représentent un marché restreint, et la contrainte  géographique, l’éloignement vis à vis de la métropole, pèse en termes de continuité territoriale des services. Concernant l’offre “fixe”, nous pratiquons les mêmes tarifs qu’en France.
Il faut aussi souligner le fait que Orange Caraïbe a fait le choix d’être une entreprise antillaise. L’intégralité de notre chiffre d’affaires est réalisé aux Antilles et, au niveau du relationnel avec les clients, tout est fait ici. Il n’y a pas de centres d’appels situés à 5000 km…

 

Qu’entendez-vous exactement par « une entreprise antillaise » ?
Toutes nos activités sont réalisées ici, toutes nos ventes, nos offres… Nos techniciens sont recrutés localement, les services de traitement des paiements, du recouvrement, etc. sont situés aux Antilles. Bien sûr nous recrutons aussi en externe mais l’entreprise reste une entreprise antillaise.

Aujourd’hui, en composant pour tout renseignement le 1014, votre appel sera traité localement, comme 100% des appels vers le 1014. Aucune région métropolitaine ne peut se targuer de faire la même chose. En souhaitant ainsi se développer localement, Orange Caraïbe délivre une meilleure qualité de services. Nous disposons de 500 antennes relais aux Antilles-Guyane. Et en 2012, près de 150 seront raccordées en fibre optique sur les points où le trafic est le plus important, de façon à améliorer l’échange de données sur le réseau. Certes tout cela a un coût. En revanche, les services sont meilleurs.

 

Quel est aujourd’hui le poids d’Orange Caraïbe
dans l’économie des Antilles et de la Guyane ? L’entreprise compte aujourd’hui 1150 salariés sur
les trois départements – et sensiblement la même chose pour France Telecom. De plus, l’activité d’Orange Caraïbe génère entre 300 et 400 emplois indirects, dans la sous-traitance notamment. En 2011, nous avons procédé à 30 recrutements, en CDI, après déjà 45 embauches en 2010. Pour cette année, nous comptons recruter une dizaine de personnes même si rien n’est encore totalement fixé. En termes de poids économique, le réseau nécessite de gros investissements aux Antilles-Guyane. Chaque année, Orange Caraïbe investit ainsi entre 40 et 50 millions d’euros, et génère là aussi des retombées économiques en termes d’emplois, de sous-traitance, d’achat de fournitures etc.

 

L’entreprise Orange Caraïbe est-elle impliquée localement dans des actions de solidarité ?
Nous menons des actions locales, en faveur d’Haïti tout d’abord, où Orange Caraïbe est très impliqué dans la reconstruction de l’île, des écoles particulièrement, ainsi que dans des associations à but humanitaire au sens large. Quand je dis cela, je parle de notre Fondation qui soutient par exemple l’action de salariés qui eux-mêmes s’investissent dans des associations. Dans ce sens, nous soutenons toute démarche de la part de nos salariés.
Autre axe, le soutien aux familles d’enfants ou d’adultes autistes. Orange Caraïbe s’implique pour améliorer la qualité de vie des personnes autistes et de leurs proches depuis longtemps, comme Orange le fait à l’échelle nationale.

 

Et en termes de formation ?

Chaque année, nous accueillons environ une centaine de jeunes. Nous sommes très sollicités pour accompagner les cursus de formation, de nombreux jeunes étant demandeurs d’une première expérience dans notre groupe. Nous accompagnons surtout des jeunes sur des cursus courts de type DUT ou BTS. Chaque année, nous tentons d’accentuer cet effort même s’il ne faut pas non plus faillir à notre engagement. Nous devons avoir les moyens d’accompagner ces jeunes au mieux.

 

Sur quoi va se jouer, selon vous, l’avenir de la téléphonie ?
Aujourd’hui, il n’y a plus de possibilité de croissance sur le marché Antilles-Guyane. D’où la nécessité  de développer les usages. Le côté distraction se développe avec la télévision, les films, la vidéo etc. disponibles sur les téléphones, les ordinateurs, les tablettes… L’usage des moyens de télécommunication se diversifie complètement. Le client veut retrouver les mêmes services sur son écran TV, sa tablette ou son téléphone. Sur tous ses terminaux, le client veut les mêmes services.
Orange Caraïbe souhaite aussi être un acteur de l’évolution des technologies de transmission par câbles sous-marins ou par satellite. Nous avons deux mille kilomètres de câbles de fibre optique aux Antilles et avons pris  l’engagement de la développer à Cayenne, Pointe-à-Pitre ou Fort-de-France, mais aussi entre les trois départements français d’Amérique et vers la métropole. Environ 50 projets d’opticalisation des sites 3G d’Orange Caraïbe sont ainsi actuellement en cours pour permettre le raccordement sur fibres optiques de ces sites. L’opticalisation des sites 3G permettra l’augmentation du trafic à plus de 10 Mbps, ce qui améliorera considérablement la navigation de nos clients.

 

ORANGE CARAïBE EN GUADELOUPE, MARTINIQUE, GUYANE C’EST…

– 1150 EMPLOIS DIRECTS
– 300 à 400 EMPLOIS INDIRECTS
– ENTRE 250 ET 300 MILLIONS D’EUROS DE CHIFFRE D’AFFAIRES
– ENTRE 40 ET 50 MILLIONS D’EUROS D’INVESTISSEMENT CHAQUE ANNÉE
– UNE CENTAINE DE JEUNES 
ACCOMPAGNÉS DANS LEUR FORMATION CHAQUE ANNÉE