La banane est encore perçue par beaucoup de nos concitoyens comme un aliment pour les cochons.

Pour l’équipe d’An Tout sos, il faut mettre nos produits locaux à l’honneur car il existe de multiples enjeux. Le premier est d’ordre économique. La banane représente près d’un tiers de la production agricole finale de la Guadeloupe et est la principale activité d’exportation agro-alimentaire de l’archipel. Pourtant, la population de la Guadeloupe et ses îles dépense 6 fois plus en riz qu’en bananes chaque année ! Cette sous-consommation inflige un sérieux manque à gagner à la filière bananière et fragilise par conséquent notre économie. Il est à noter plus largement que nos comportements alimentaires nous mettent en péril en cas de crise, car aujourd’hui 80% des aliments consommés en Guadeloupe sont importés !

Le second enjeu relève de la santé publique. La banane, dont la valeur énergétique et nutritive est exceptionnelle, possède également une kyrielle de propriétés thérapeutiques allant de la prévention des maladies métaboliques (obésité, diabète, maladies cardiovasculaires) et de certains cancers au soin des brûlures, encore largement méconnues et sous-exploitées. Alors qu’elle est au cœur de nombreuses expérimentations scientifiques et médicales à travers le monde, elle est encore perçue par beaucoup de nos concitoyens comme un aliment pour les cochons. Certains vont même jusqu’à dire qu’elle tâcherait l’estomac pour ne pas en consommer, alors qu’elle cicatrise la muqueuse gastrique en cas d’ulcère.

Le dernier enjeu est étroitement lié à la préservation de notre environnement et à l’utilisation de nos ressources naturelles. La banane est un atout sous-exploité dans nos régions en termes de développement durable. Ainsi, sa pelure est utilisée à Taiwan pour l’absorption de colorants et de métaux lourds dans les eaux polluées. De plus, son faux-tronc peut fournir une pâte à papier d’excellente qualité qui pourrait être utilisée pour fabriquer des feuilles, des sacs et même du carton. Cette découverte mise en exergue lors de sa soutenance de thèse par le docteur en chimie martiniquais Marcelle Astrid Miré Christophe n’a pas été mise en application à ce jour.

« Bannann an tout sòs » est donc un appel à la conscience économique de chaque Guadeloupéen. C’est l’occasion de faire découvrir les bienfaits pour la santé procurés par cette plante. C’est de plus l’opportunité de mettre en lumière ses propriétés exceptionnelles vouées à jouer un rôle déterminant dans le développement durable, voire même de faire face à la famine en cas de récession économique grave.