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De l’émotion, des couleurs, de la culture populaire. Une artiste, un univers, des messages. Lisa Désormeaux, jeune plasticienne martiniquaise, défriche un univers qu’il fallait inventer. Elle associe l’énergie féconde des ruelles de la grosse pomme à la créativité spontanée des sociétés des îles à sucre. Elle fabrique ainsi un segment entre la tradition plasticienne locale et la culture Pop internationale, dont les plus célèbres représentants sont Basquiat, Wharrol ou Haring. Rien que ca. On ne s’attaque pas à des monuments sans péril. Lisa fait mieux, elle crée un style. 

 

Césaire se retrouve ainsi dupliqué, dans une mise en abyme de son discours, de son engagement, de sa détermination. La Joconde, l’imagerie coloniale ou royale subiront le même sort. L’image récurrente du fauve apparait et s’éclipse, telle une évocation de sentiments sauvagement beaux, purs, majestueux, naturels. Les couleurs, les matières et les formes arrivent, surexposant le message initial, le distordant, lui donnant de l’espace ou le déconstruisant. Il devient alors plus proche de l’émotion qu’il crée en nous, tel regarder un coucher de soleil dans les yeux d’une société sans lunettes.

Les références sont créoles, métisses, diverses, mélangées, fracassées. Lisa explore ses origines, celles d’une société complexe, qui enrichit son soi, affirmé et sûr, d’un ailleurs conquérant, tout en s’altérant sur les bords. Elle les remet en contexte, en dérision. Tous ces symboles, ces messages détournés, deviennent un fracas culturel, une richesse du pauvre, une pauvreté heureuse et majestueuse.

Lisa a parcouru le monde. Paris, New York, Martinique, Miami. Etudes ici et là, inspirations de partout et travail de longue haleine. Elle recrache cette énergie créatrice, d’une violence qui peut ne pas laisser la toile intacte. Elle est une artiste à vivre, qui s’affiche, prend la pose sur ses toiles, dans ses toiles. Car c’est son monde qu’elle retranscrit. Implorer des héros, retranscrire son présent, sans transiger avec son histoire.Voici un exercice périlleux que Lisa Désormeaux accomplit avec brio.

 

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