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Régis Guillemot a créé la société éponyme de location de bateaux en 2002, quasi complètement en autofinancement. Avec 40 salariés, au sol et en mer, il est l’un des membres les plus représentatifs du secteur. Il souhaite s’engager aujourd’hui pour sa profession et sa région, au sein de la “Martinique Yachting Association”, créée en 2013. Quand il raconte sa société, il parle d’expertise, de qualité, de service et d’attachement à une région. Quand il défend son secteur, il donne des chiffres, exprime ses positions, avec un calme cachant mal sa détermination.

De l’opportunité ou de la menace, qu’est-ce qui explique aujourd’hui votre regroupement ?

Beaucoup des deux. Il y a eu une forte dégradation du secteur en local ces dernières années. Et ceci n’est pas dû à une baisse de la demande ! Le volume de bateaux de location au port du marin a considérablement baissé, de nombreuses sociétés internationales ont quitté le territoire. Elles ont fui la pression fiscale, et le contexte administratif et douanier qui peut paraître agressif. Ces sociétés sont aujourd’hui relocalisées sur les îles avoisinantes. Nous subissons la concurrence des autres îles de la Caraïbe, où les charges plus basses permettent d’afficher des prix plus attractifs. Mais nous croyons en l’opportunité de bâtir une vraie marque Martinique, fondée sur la qualité et le service. Celle-ci est reconnue par nos clients, qui continuent à venir chez nous. Nous souhaitons développer et promouvoir ce modèle et ses effets bénéfiques sur l’économie et toute la société martiniquaise.

Par la voix ou la force des bras, par quels moyens voyez-vous une amélioration de votre situation ?

Nous souhaitons libérer le potentiel d’action des professionnels du nautisme dans le port du Marin. Nous souhaitons permettre à nos entreprises d’investir sur le service, la qualité, l’emploi, l’innovation, les jeunes. Nous souhaitons pouvoir nous positionner dans des rapports de prix raisonnables avec nos concurrents de la zone Caraïbe. Nous pensons que la création d’une zone franche au port du Marin est une solution durable, cohérente avec notre contexte géographique et sectoriel. Nous souhaitons sensibiliser les pouvoirs publics sur l’intérêt d’un tel projet, qui va au-delà même de la survie de nos entreprises.

 

Quel est l’impact économique de votre groupement, qu’on serait tenté d’imaginer très “micro” vu sa concentration géographique ?

Les adhérents du “Martinique Yatching Association” représentent plus de 17 millions de chiffre d’affaires, plus de 250 emplois directs au sein de 43  sociétés de location, d’entretien de bateaux et de services divers. C’est aussi tout un écosystème qui vit, des chauffeurs de taxi aux propriétaires de restaurants, en passant par les commerces, supermarchés, laveries et autres sous-traitants. Ce sont des activités qui inspirent et qui attirent les jeunes. La mer forme des Hommes solides, amoureux de l’aventure et du travail. L’impact du nautisme sur l’économie locale est réel.

 

La défiscalisation est un sujet polémique lorsqu’on parle d’économie martiniquaise. Quel est, pour vous, son effet sur votre secteur ?

Sans elle, nous ne serions pas là ! Aujourd’hui, sur les 800 bateaux dans le port du Marin, 280 sont issus directement de la défiscalisation. Cela n’est pas anecdotique. Ces dispositifs ont permis de maintenir l’offre face à une demande toujours plus forte, mais tentée par le grand large. Nous avons pu servir plus de 44 000 voyageurs, l’année dernière. Et ce chiffre est bien en dessous de ce que peut nous fournir le marché ! Nous sommes en rupture de stock en haute saison. Il existe une réelle opportunité de croissance derrière toute initiative ayant pour but de développer l’offre.