Avec le concours du Fonds Social Européen et de la Région, l’aéroclub du Lamentin forme des demandeurs d’emploi à la licence de pilotage. Raymond Dupont, son président, décrypte les grandes lignes de ce plan de vol formateur.

Qui formez-vous ?

Raymond Dupont : Une soixantaine de demandeurs d’emploi ont été sélectionnés au titre de l’année 2014. Près de 20% d’entre eux sont des femmes. En amont, les aptitudes de chacun ont été évaluées au moyen de deux tests, l’un écrit, l’autre en vol.

Comment se déroule cette formation ?

La formation a débuté en octobre 2013 pour la partie théorique. La durée de la session dépend des aptitudes et de la disponibilité des élèves. Il faut, en principe, une cinquantaine d’heures de vol pour obtenir la licence. Mais chaque candidat bénéficie d’une soixantaine d’heures, ce qui laisse du temps pour des séances de perfectionnement. Nous formons, par exemple, certains d’entre eux au vol à vue et au vol aux instruments. Chaque stagiaire doit avoir achevé son parcours de formation avant la fin de l’année. Nous disposons pour cela de cinq avions, deux PA-28, deux CESSNA 172, et un CESSNA 150.

Avec quels moyens financez-vous cette formation ?

L’intégralité de l’initiative est financée par la Région et le Fonds Social Européen, à 30% et 70 %. Pour nous, cela implique de lourdes contraintes en termes de contrôle budgétaire et de suivi. Nous espérons néanmoins que l’initiative pourra être reconduite en 2015.

Comment vous est venue l’idée d’engager votre aéroclub dans la formation de demandeurs d’emploi ?

L’aéronautique est un milieu professionnel très fermé, qui pourtant offre un large panel de métiers. Avec cette formation à la licence de pilotage, nous mettons les demandeurs d’emploi en contact avec le monde aéronautique et espérons les intéresser aux métiers de  cette filière.

Quels métiers en particulier avez-vous en tête ?

En premier lieu, nous pensons aux métiers de mécanicien et d’électronicien.Il y a peut-être 200 ou 300 aéronefs civils privés sur les tarmacs des îles de la Caraïbe. Ils constituent un moyen de transport privé particulièrement adapté à la géographie de notre région. Pourtant,  entre Trinidad et Miami, il n’existe aucun atelier d’entretien de ces avions privés. En cas d’avarie, les aéronefs sont couramment immobilisés un ou deux mois pour des réparations qui devraient, en principe, prendre une demi-journée. Que le problème concerne le moteur, l’électronique ou la cellule, les pièces doivent être emballées et expédiées à Miami ou en métropole, ce qui explique des délais considérables. Au final, tout cela a un coût pour l’utilisateur, et freine considérablement le transport privé inter-îles.

Comment s’articule votre offre de formation et le développement de cette filière mécanique ?

Notre initiative a permis d’éveiller l’intérêt pour la filière mécanique parmi nos stagiaires. Nous sommes un aéroclub, association loi 1901, donc nous ne sommes pas en mesure de répondre à ce besoin nous-mêmes, mais nous appelons de nos vœux la mise en place, par d’autres acteurs, d’une formation, puis d’un atelier idoines. Notre initiative portera vraiment ses fruits si elle s’imbrique avec d’autres projets de ce type.

Et la filière touristique ?

Pout transporter des touristes à titre onéreux, il faut une licence de pilote professionnel. Le développement d’une formation en transport public en Martinique serait, en effet, souhaitable, de notre point de vue. Dans cette optique, l’obtention de la licence de pilote privé peut être considérée comme une première étape. Néanmoins, cette licence ne confère pas la qualification “transport public”, qui est requise dès lors qu’il est demandé au passager de payer son billet d’avion. Dans un second temps, certains de nos stagiaires se tourneront peut-être vers cette formation de niveau supérieur, qui existe déjà en Martinique et en Guadeloupe.