Guy Ferdinand est un personnage singulier et iconoclaste dans l’entreprenariat martiniquais. Ce chef d’entreprise aguerri, passionné de gastronomie et de concepts revisitant le patrimoine local, évoque sans langue de bois son engagement et son amour pour sa région. Il dit ce que lui plait et n’a point de détours avec ce que ne lui plait pas. Rencontre avec celui qui construit différemment.

 

Comment vous définiriez-vous ? 

Guy Ferdinand : Je suis un patriote du “péyi Matinik”, atypique et travailleur. J’utilise maintenant tous les atouts de mon péyi pour gagner le pari d’une entreprise martiniquaise performante.

Si, aujourd’hui, je suis fier de mon île, je fais un bilan contrasté des évolutions économiques et des choix effectués. Le « i bon kon sa » ne me suffit pas. Je pense que la Martinique mérite mieux et que c’est le travail des Martiniquais qui profitera à la Martinique. Pas les rêves des politiques ou des grands décideurs locaux.

En quoi peut-on dire que vous avez une vision mitigée de la Martinique d’aujourd’hui ?

Elle se contente de ce qu’elle est. Les notions d’effort, de plaisir et l’envie d’être performant disparaissent, remplacées par le profit. Nous exploitons encore mal nos richesses.

Pourquoi prôner le “consommer local”, malgré le prix élevé des produits locaux ?

C’est vital pour notre économie. Il faut que chacun d’entre nous s’y mette. L’argent que nous donnons aux produits importés va dans des poches qui ne sont pas les nôtres et il ne nous profite pas. En consommant local, nous ferons baisser les prix des produits, mais surtout nous travaillerons durablement pour l’avenir.

Pourquoi avez-vous un regard dubitatif sur les aides de l’Europe ?

On aimerait que ces aides soient mieux utilisées. Plutôt que faire du “bling-bling”, elles devraient conduire à des projets structurants, générant de l’emploi.

Que pensez-vous du tourisme comme priorité nationale ?

C’est notre seule voie de sortie ! Cela devrait être notre priorité régionale, devant toutes les autres ! Car nous avons des richesses à défendre, des spécificités à valoriser, des différences à exploiter, qui peuvent nous permettre de penser notre développement économique de manière durable et de le mettre au service de tous.

Quand nos actifs naturels, culturels et patrimoniaux rencontrent le génie entrepreneurial martiniquais, rien n’est plus impossible ! Soyons fiers d’œuvrer dans ce secteur, d’innover, d’inventer, de créer, pour attirer tous les peuples du monde à nous.

Quelle vision portez-vous pour le futur ? 

Je porte la vision d’une Martinique conquérante, entreprenante, authentique et debout ! Une Martinique qui sait utiliser les dernières technologies pour mettre en valeur un patrimoine ancestral. Une Martinique fière de ce qu’elle produit, mais aussi de ses hommes et de ses femmes.

Personnellement, après 18 ans dans la restauration, à la tête du Babaorum et du Petibonum, j’ai juste envie… de continuer !

Je mûris encore des projets de restauration, notamment dans le sud. Je continuerai à créer de l’emploi et à défendre notre image, notre patrimoine, notre savoir-faire, aux quatre coins de la planète. Je continuerai à boire du rhum, en short, en disant des bêtises.