Quand Jean-Jérôme Izambard, co-fondateur d’ARCAVS parle de logement social, il a l’engagement aux tripes. Cet ancien enseignant, reconverti dans l’immobilier il y a plus de 10 ans après un passage dans une agence, se forme aux Ponts-et-Chaussées afin d’acquérir l’expertise dans le domaine. La réhabilitation sera-t-elle la clé pour résoudre le problème du logement social chez nous ? Éléments de réponse avec un expert du secteur.

Que fait différemment votre société, ARCAVS – Agence de Réhabilitation et de Construction À Vocation Sociale ?

Jean-Jérôme Izambard : Nous sommes assistants à maîtrise d’ouvrage dans la production de logements sociaux à partir de bâtiments existants. Nous construisons du logement social à partir de biens publics ou privés que nous acquérons. Nous ne construisons pas du neuf.

Et pour nous, toute la différence est là. Cet engagement dans la réhabilitation de biens pour le social apporte non seulement des bénéfices pour tout le monde, mais nous permet aussi d’être complémentaires de ce que font déjà les opérateurs existants en Martinique.

Quels sont les avantages de la réhabilitation ?

Nous modernisons des quartiers. Un immeuble réhabilité, c’est tout un quartier qui revit. Nous diminuons l’impact énergétique des logements. Sur l’une de nos opérations, nous avons fait passer la consommation d’énergie primaire par m² par an de 205 kW à 110 kW tous usages ! Nous arrivons à de tels résultats grâce à des choix de conception intégrant l’optimisation de nombreux facteurs comme la circulation des vents, l’isolation ou les équipements.

Nous réduisons la facture pour le contribuable, car le coût d’une réhabilitation est en moyenne 20% inférieur au neuf. Là encore, les choix de conception, visant à réutiliser l’existant plutôt que de tout refaire, permettent des économies conséquentes et une mobilisation plus faible de fonds publics.

Au final, ce sont des logements avec plus de caractère et agréables à vivre qui sont mis à disposition d’un public ayant des difficultés à accéder au logement. Notre métier est le fruit d’un engagement autant sur la qualité, le défi technique, que sur l’impact social de nos constructions.

Comment cela peut-il participer à réduire le problème du déficit de logement social en Martinique ?

Le déficit de logement social en Martinique s’élève à plus de 5 000 logements. Il en est construit, en moyenne, 400 à 600 par an. Il est urgent d’explorer toutes les voies permettant de répondre au plus vite à ce besoin. La réhabilitation ou la transformation d’immeuble est une voie de production largement sous-exploitée sur notre département. Et pourtant, nous disposons d’un tissu entrepreneurial local performant dans la rénovation : nous avons beaucoup plus de petits acteurs taillés pour des chantiers de 4 à 20 appartements que d’acteurs plus gros.

Je finirai sur l’impact économique de nos chantiers : 1 logement réhabilité équivaut à 1,2 emploi “temps plein” créé. Au-delà de nos 7 salariés, nous faisons travailler 30 à 40 personnes. La réhabilitation peut donc œuvrer à non  seulement réduire le déficit de logement social, mais aussi améliorer la situation de l’emploi sur le territoire.