En 2002, le ministère de la Ville et le Sénat lancent une opération phare, représentative de la dynamique des quartiers fragiles : le concours “Talents des Cités”. Cette année, les Antilles-Guyane ont deux lauréats dans la catégorie “Création”. Rencontre avec des jeunes gens opiniâtres.

Organisé par BGE, premier réseau national d’appui aux entrepreneurs, Talents des Cités distingue chaque année une quarantaine des créateurs d’entreprises et porteurs de projets installés dans des quartiers prioritaires, basés dans toute la France. Sa philosophie : les cités, viviers de talents, sont une richesse pour notre société. À la clef : soutien financier et parrainage de l’un des prestigieux partenaires du concours – entre autres, l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances, le Groupe Safran, l’Agence nationale pour la rénovation urbaine, France Télévisions et Radio France.

Le concours, dont le point d’orgue est la remise des prix dans l’hémicycle du Sénat, s’est imposé comme rendez-vous annuel, véritable émulateur des cités distinguées : il totalise 452 créateurs d’entreprise récompensés en 12 ans (dont 75% sont toujours en activité), plus de 4 000 emplois créés et 160 000 euros de dotations annuelles. Les candidats – évalués selon leur parcours, la viabilité de leur projet et son impact sur leur quartier – se pressent au portillon : l’édition 2014 affiche 20% d’augmentation par rapport à l’année précédente, avec pas moins de 570 candidatures ! Or, 90% des créateurs d’entreprise nominés étaient demandeurs d’emploi avant de lancer leur activité.

En juin dernier, les Antilles-Guyane se sont distinguées, avec deux lauréats régionaux dans la catégorie “Création” destinée aux créateurs d’entreprises et d’associations dont l’activité a été lancée entre 2011 et 2013. Diana Balkissoon et Didier Daly recevront 1000 à 2000 euro chacun, en soutien à leur activité.

Daiana Balkissoon

Des fleurs à Saint-Laurent-du-Maroni

Depuis deux ans, Daiana, 26 ans, dirige une pépinière implantée à Macouria. De son enfance dans les serres familiales, Daiana garde une passion pour le végétal. Titulaire d’un Bac pro Production horticole et d’un BTS Assistante de gestion, la jeune Guyanaise travaille dans la production maraîchère en France, Hollande et Australie avant de s’investir en Guyane. En 2012, Daiana crée “Ouest Fleurs”, une entreprise de production de fleurs coupées. En 2014, elle est la première fleuriste de Saint-Laurent-du-Maroni. Elle est, dans la foulée, lauréate de Ta-lents des Cités. L’accompagnement technique de son projet (comptabilité, gestion des stocks) est assuré par la Boutique de Gestion. “Les jurys ont apprécié mon travail, qui va de la production – fleurs exotiques, orchidées, anthurium – à la vente de fleurs coupées dans ma boutique. L’impact de ce titre ?
Beaucoup plus de passages dans la boutique et l’envie de me perfectionner !” se réjouit-elle.

À l’heure où nous écrivons ces lignes, Diana se forme aux nouvelles tendances de l’art floral à Tours, auprès d’un des meilleurs ouvriers de France.

Tout est possible avec Didier Daly

À 18 ans, Didier Daly fait ses premiers pas dans le hip-hop. Il connaît ses premiers succès musicaux, sort trois albums, monte en puissance.  On lui doit, entre autres, l’album “I alé man” (trophée de la gloire 2006).  On le connaît aussi dans le rôle de Silex, un des personnages principaux de “Nèg Maron”, le long métrage de Jean-Claude Flamand-Barny (2004).  Aujourd’hui, à 36 ans, Daly est un artiste reconnu. “Je suis surtout un artiste originaire du quartier du Raizet, aux Abymes.” précise-t-il. “Un enfant de la cité qui crée de la musique urbaine. C’est pourquoi je connais les attentes et l’envie de réussir des jeunes.” explique le chanteur. “L’optique de mon association “Tout est possible”, c’est l’insertion sociale. Elle aide les jeunes à monter leur projet professionnel, quel que soit le domaine d’activité.”  C’est grâce au projet “Boost”, axé sur l’audiovisuel, que “Tout est possible” est nominée par Talents des Cités.  “Tout est lié à l’image aujourd’hui.” souligne Daly. “En partenariat avec la société de production audiovisuelle Extérieur Jour, cette formation audiovisuelle d’un mois incite les jeunes à en faire leur métier.  Leur travail est diffusé sur Guadeloupe 1ère : c’est du concret. Prochaine étape : la création d’un chantier d’insertion basé sur l’audiovisuel.”