Le 5 octobre 1965, âgé de 29 ans, il intégrait le Centre de Ressources d’Expertise et de Performance Sportive (CREPS) en qualité de formateur de formateurs. Le 5 juin 2015, pour les 50 bougies de l’établissement, une plaque au nom d’Antoine Chérubin dit « Toutoune » était dévoilée, un hommage rendu à un demi-siècle d’engagement.

« Je suis parti faire mes études à Houlgate dans l’Hexagone. Dans l’Aisne, sur la base américaine de Laon-Couvron, Monsieur Victor Lidie, un entraîneur américain m’a appris la préparation physique générale (PPG), inconnue à cette époque en métropole. J’étais un sportif complet. J’alignais des performances que ce soit dans les courses, le saut en longueur ou le triple saut. »

En arrivant en Guadeloupe, il prépare ses premiers élèves-maîtres d’éducation physique et sportive dans des conditions difficiles. Les cours de natation se déroulent sur la plage de Baie du Moule. Pour la course, « Messieurs Jacques Lolo, Pinardon Daniel et moi, nous avons éclairé la piste avec nos voitures pendant plus de 5 ans avant de bénéficier de l’électricité sur le terrain ». Pourtant, deux ans seulement après la création du CREPS, les résultats sont encourageants. Le quatuor (Etienne Montlouis, Martol, Dorol, et César) supplante les Américains qui sont à l’époque des références mondiales : John Moon Norman Tate et Ralph Boston. étienne Montlouis, le premier athlète qu’il prépare, sera le premier guadeloupéen à passer plus de sept mètres en saut en longueur. Et comme Max Des étages avant lui, il dépassera les 15m au triple saut. En 1970, Contre toute attente, son poulain Jacques Rousseau dépasse, lui, les 8 mètres au saut en longueur en Martinique au Mémorial Marie-Perrine. Quant à la Martiniquaise Rose-Aimée Bacoul, qu’il entraîne également, elle remporte les championnats de France d’athlétisme sur 100m et sur 200m en 1981, 1982 et 1983. Elle se classe aussi troisième à la finale du 100 mètres des championnats d’Europe d’Athènes en 1982. Et devient ainsi, toutes compétitions internationales confondues, la première athlète française à remporter une médaille en sprint. Le lendemain, elle termine troisième dans l’épreuve de relais 4 x 100m aux côtés de Laurence Bily, de Marie-Christine Cazier et de Liliane Gaschet, améliorant pour l’occasion le record de France de la discipline.

Je redonne au CREPS ce qu’il ma donné

« Je suis devenu directeur du CREPS en 1994. Le CREPS, je lui dois tout. Il m’a permis de créer une méthode guadeloupéenne d’entrainement, qui s’est imposée depuis. Je lui restitue ce qu’il ma donné ». Aujourd’hui, les après-midis, il est à la disposition, au stade, de celles et de ceux qui ont besoin de lui. « Le centre a été le creuset de l’athlétisme aux Antilles-Guyane. Il a formé de nombreux entraineurs de la Martinique, Guadeloupe et Guyane. Notre établissement n’a jamais bénéficié des avantages des autres CREPS de l’Hexagone, tant au niveau financier que structurel. Il a toutefois révélé le génie de celles et de ceux qui sont passés ici. C’est une volonté exacerbée d’exister et d’affirmer que l’on peut quand on veut, sachant que réflexion et rigueur permettent de tutoyer l’excellence ».

Charles Dumont, directeur du CREPS : 

« Le cinquantenaire, un moment magique ! »

« Le cinquantenaire du CREPS a été un moment magique. C’est un bel âge ponctué de nombreuses réussites. Nous avons aujourd’hui, en Guadeloupe, de grands talents sportifs, de nouvelles installations, des cadres dans les clubs des Antilles et de la Guyane qui sont d’excellents éducateurs. Mais c’est aussi le moment d’un renouveau : le 1er janvier 2016, le patrimoine du CREPS, établissement public national, sera transféré à la Région et deviendra un outil au
service de la politique sportive de la collectivité. En interne, nous menons des projets de construction de bâtiments et de rénovation de nos équipements. Nous souhaitons créer de nouvelles acti-vités, comme un parcours accrobranche pour que la population puisse se divertir et se réapproprier cet établissement ».

Par Jean-Luc Goubin