D’origine guadeloupéenne, Didier Mandin est gérant de AK-A, une agence de marketing et de communication ethnique qui fête cette année ses dix ans d’existence. 

La vie est aussi faite de ça. De beaux hasards. Ceux qui vous placent sur une voie qu’au départ vous n’imaginiez même pas. Didier Mandin se destinait à une carrière dans la finance. Après l’obtention d’un DESS en finance de marché et gestion du risque, le jeune homme devient trader. « J’étais passionné d’économie. J’ai été trader pendant cinq ans sur les produits dérivés ». Mais la vie, qui sait être
facétieuse, a dévoyé Didier Mandin. « Pendant mon activité, ma petite sœur Gwladys et Olivier, son meilleur ami depuis la fac, étaient porteurs d’un projet de création d’une agence de marketing et de communication ethnique. Comme ils n’avaient pas de local, ils s’étaient réfugiés chez moi pour travailler. Au début, je leur donnais un coup de main. Mais comme j’avais aussi la passion de l’entreprenariat. J’ai décidé de les rejoindre dans cette aventure et de me lancer à fond ». Nous sommes en 2005, l’agence AK-A voit le jour.

Une affaire de famille 

AK-A. Derrière cet acronyme, se cache un positionnement identitaire. African Karibean Awareness. Ou comment donner la visibilité à des populations dites ethniques en décryptant leurs habitudes de consommation, dans certains secteurs de l’économie. « À l’époque de la création de l’agence, quasiment personne en France ne faisait du marketing ethnique. Gwladys et Olivier ont eu l’idée de faire une très grande étude sur les comportements de consommation de la population afro-française, sur les secteurs clés que sont les cosmétiques, l’agroalimentaire, le transfert d’argent et la téléphonie. C’était novateur. AK-A est la première agence à avoir fait des enquêtes qualitatives et quantitatives sous le contrôle de la CNIL. Nous avons aussi créé un panel en ligne multiculturel ».

L’agence AK-A est une affaire de famille. La fratrie Mandin ainsi que Pascal, un cousin, et Olivier, le co-fondateur, en sont les quatre actionnaires. Une TPE de six salariés, où chacun a son rôle. Didier Mandin en est le visage médiatique, mais il est surtout gérant, chargé de la gestion du développement. Le jeune entrepreneur de 38 ans prétend, avec modestie et un brin de malice, que Pascal et lui ne font qu’ « encadrer » Gwladys et Olivier qui, eux, sont les
« génies du marketing ».

Si Didier Mandin reconnaît que créer son entreprise en France n’est pas « très compliqué, les procédures ont été simplifiées depuis ces dernières années », il admet toutefois que faire grandir une entreprise et la rendre pérenne est une gageure, surtout quand « il s’agit d’un marché de niches ». Il précise qu’il est impératif de rester en alerte et de s’adapter aux nouvelles demandes du marché. « La partie étude était très importante dans les premières années de notre activité. On constate, depuis deux ans, qu’elle a tendance à diminuer par rapport à la communication des marques, qui est une autre de nos activités ».

La partie “événementielle” de l’agence n’est pas à négliger. AK-A est à l’origine de la Natural Hair Academy, une grand-messe dédiée au cheveu afro qui en est à sa quatrième édition, et du Brown Sugar Days, un festival du film afro-américain qui a eu lieu cette année à Paris pour la première fois.

« On ne te donne jamais rien dans la vie, il faut aller le chercher », clame Didier Mandin. Voilà ce sur quoi semble être bâtie la réussite de l’agence AK-A. Un slogan qui, sans doute, va accompagner les quatre entrepreneurs durant la décennie à venir.

Par Willy Gassion