L’« uberisation »

Le verbe « ubériser » mériterait de rentrer dans le dictionnaire des noms communs. Il est devenu le terme générique pour désigner la disruption d’un secteur de l’économie traditionnelle par la nouvelle économie. On doit cet usage à Uber. Ce service de VTC (voiture de transport avec chauffeur) concurrence les taxis dans les grandes villes depuis cinq ans. Il doit son immense succès au fait que le secteur très protégé des taxis était miné par les frictions. C’est devenu une règle dans la nouvelle économie : identifier ce qui marche mal, et proposer des alternatives qui fluidifient l’organisation du marché à l’aide du digital. Là où il y a friction, il y a une disruption possible.

Le client reprend la main

Il n’y a pas qu’Uber qui soit un trublion de notre économie. Airbnb concurrence les hôtels avec la location de logements entre particuliers, Blablacar concurrence la SNCF avec le partage entre particuliers des trajets en voiture, etc. L’économie collaborative décolle et ce n’est que le début. Elle s’attaque à peu près à tous les secteurs. En créant des plateformes de marché alternatives au commerce traditionnel, elle fait sauter les intermédiaires. Cette concurrence d’un type nouveau fait baisser les prix et redonne du pouvoir au consommateur. Un bémol cependant, cette nouvelle économie crée peu d’emplois, et les secteurs traditionnels, eux, doivent en détruire pour rester dans la course.

L’arrivée des « Fintechs »

Quand on regarde les levées de fonds dans la nouvelle économie, il est un secteur qui, en l’espace d’un an, a dépassé tous les autres en matière de disruption, avec une levée de près de 20 milliards de dollars : c’est celui des « Fintechs ». Si vous n’en avez pas encore entendu parler, les « Fintechs », comme leur nom l’indique, sont les technos de la finance. Nées en 2008 avec la crise financière, elles sont plus d’un millier aujourd’hui, et s’attaquent à tous les métiers en friction du secteur bancaire. De la simplification des systèmes de paiement (Paypal, Square, Wepay…) aux transferts internationaux (Azimo, TransfertWise et WorldRemit), en passant par le prêt entre particuliers (Lending Club, Prêt d’Union), ils disruptent le monde de la finance.

Le coup d’après…

Alors bien sûr, les parts de marché des Fintechs sont encore trop faibles pour pouvoir inquiéter les banques, protégées par une législation qui leur est encore très favorable. Mais le gouvernement a démontré dans le passé avec l’exemple des VTC qu’il savait lâcher du leste. Et justement, il vient d’en lâcher dans le cadre de la loi Macron : il est possible dorénavant de faire financer des entreprises par d’autres entreprises sans passer par les banques. Autre élément boostant l’avenir des Fintech : l’entrée en scène des GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon). Elles y investissent des moyens et des hommes. L’embauche récente par Google de Ruth Porat, l’ex-directrice financière de Morgan Stanley, est un signe qui ne trompe pas. Facebook, de son coté, teste le transfert d’argent sécurisé avec son application Messenger. à suivre.

par François Brichant