Depuis l’année dernière le Conseil Régional expérimente dans ses rangs le télétravail. Une petite révolution au sein de la collectivité où l’expérimentation, après avoir suscité des craintes, a entraîné de nouvelles pratiques managériales.

Par  Malika Ouaddah

« La région accompagnait déjà des PME et des ETI dans la mise en place du télétravail, on a donc eu l’idée de le mettre en œuvre chez nous », explique Eugénie Michardière, chargée de mission développement territorial numérique.

DSI, service juridique et organisations syndicales se sont donc réunis pour proposer des modalités de télétravail, et « on s’est nourri de l’expérimentation du Cantal qui avait fait ses preuves, mais il y a eu pas mal de fantasmes et de tabous  à propos du télétravail ». Si aujourd’hui les retours sont positifs, la mise en œuvre a en effet rencontré des freins « de la part de la direction des ressources humaines qui craignait que les bureaux ne se vident et que tout le monde veuille télétravailler ».

« Nous ne sommes plus dans un modèle de contrôle du manager mais plutôt dans un management de projet ».

La crainte du début était surtout présente chez les managers intermédiaires. Eugénie Michardière en explique les raisons : « Cette nouvelle manière de travailler n’exige pas un présentiel à 100 % avec une hiérarchie pyramidale. Les travailleurs sont plus autonomes… En fait, nous ne sommes plus dans un modèle de contrôle du manager mais plutôt dans un management de projet, où l’on peut focaliser sur les objectifs plutôt que sur les moyens, et avec plus d’autonomie pour ceux qui télétravaillent. Dans ce modèle, le manager a plus un rôle d’animateur et devient une sorte de chef d’orchestre. On anticipe aussi davantage et on se réunit « mieux », on évite la réunionite ». Elle complète : « le télétravail permet aussi de réaliser des tâches qui nécessitent du calme et de la concentration comme lire un rapport par exemple ».

Depuis 2014, ce sont ainsi près de 53 personnes qui testent le travail à distance. Olivia Schliefer, conseillère formation à la Région fait partie de la dizaine d’employés qui l’expérimentent dans un espace de coworking. Depuis septembre dernier, la langonnaise se rend une fois par semaine à l’espace de coworking les Simone et les Mauhargats à Saint-Macaire : « Je souhaitais bien délimiter mon temps de travail et ma vie personnelle, c’est pourquoi j’ai choisi de ne pas travailler depuis mon domicile. Mais même si l’on n’est pas présent physiquement au bureau, on doit faire comprendre aux collègues qu’on travaille ».

La conseillère voit plusieurs avantages à télétravailler : une ambiance moins administrative et un rapport au contrôle différent et surtout la possibilité de mieux articuler vie personnelle et vie professionnelle en économisant trois heures de transport par semaine. Le temps de trajet domicile/travail est d’ailleurs le premier critère pour candidater au télétravail. Viennent ensuite « le double volontariat, celui de l’employé et celui du manager, et un an d’ancienneté au minimum qui garantit l’acquisition de la culture d’entreprise pour candidater au télétravail » complète E. Michardière. Et hormis ceux qui demandent un présentiel comme les agents d’accueil ou agents de restauration, tous les postes peuvent y prétendre.