Jean-François Clédel est le PDG du Groupe Ingéliance, spécialisé dans l’ingénierie mécanique dans les secteurs aéronautique et naval principalement, mais aussi le chef des patrons dans la Région. Ancien président de l’UIMM Gironde Landes, l’actuel président du Medef Gironde a également été élu le 30 juin dernier à la tête du Medef Aquitaine.

Par Malika Ouaddah

Bordelais magazine : Quelles devraient être selon vous les priorités de la futur Grande Région qui réunira l’Aquitaine, le Limousin et le Poitou-Charentes ?

Jean-François Clédel : Au niveau du Medef, ce qui importera sera de fédérer les Medef territoriaux et les branches professionnelles, et de bâtir un nouveau Medef régional qui soit l’interface forte pour les politiques sur toutes les questions dont la Région a la responsabilité. Au niveau de la Région, il est nécessaire de mettre l’accent sur l’apprentissage car aujourd’hui les aides sont dérisoires. La France a dévalorisé l’apprentissage par rapport à l’enseignement général alors qu’en Allemagne on a su le mettre en valeur. Le résultat est que l’on manque de jeunes pour l’apprentissage alors que les salaires, notamment dans l’industrie sont corrects. L’industrie, par exemple, souffre toujours d’une mauvaise image qu’il faut améliorer notamment dans le cadre de l’industrie du futur. Les autres axes prioritaires me semblent être l’environnement fiscal, les infrastructures routières et ferroviaires, le haut-débit, l’accompagnement des entreprises pour leur développement à l’international, leur financement, leur accès à la recherche ainsi que l’aide aux entreprises innovantes.

De plus, tous les acteurs de l’accompagnement économique doivent travailler ensemble  : l’agence de développement de la Région (Aquitaine développement innovation), les réseaux consulaires, les chambres de commerce et d’industrie, les chambres d’agricultures, les chambres de métiers et les technopôles. Leur rôle doit être clarifié et leur fonctionnement rationalisé, c’est une nécessité dans un système accompagné par de l’argent public. Nous avons avant tout besoin d’une vision et d’une stratégie globale pour la Région et ses structures. La Région pourrait s’inspirer de penseurs avant-gardistes pour définir des stratégies futures comme Jeremy Rivkin s’agissant de la troisième révolution industrielle ou Idriss Aberkane sur le potentiel de croissance infini de l’économie de la connaissance.

Quels peuvent être les rôles des différents territoires de la future Grande Région ?

Les nouveaux contours de la Grande Région nécessitent d’abord de faire un diagnostic des atouts et des faiblesses des territoires, des opportunités de développement en lien avec les projets, sans omettre l’apport des départements les plus excentrés comme la Creuse par exemple. En Aquitaine, le BTP a bénéficié d’une période favorable avec de grands travaux comme le grand stade, l’opération campus ou la cité des civilisations et du vin mais avec deux bémols  : la crise et la concurrence étrangère. Tout n’est pas rose non plus dans le vin. S’agissant de l’Aquitaine, deux opportunités de développement me viennent spontanément à l’esprit, liées à la démographie positive de la Région. Celle-ci attire les séniors et les jeunes, ce qui peut être l’opportunité de développer d’une part la Silver économie en lien avec les besoins générés par les séniors, et d’autre part avec l’arrivée de jeunes, de développer des activités dans le numérique.

Qu’est-ce qui vous a conduit à vous engager au sein du Medef ?

Je me suis engagé sans doute par altruisme car j’ai eu la chance de réussir et de pouvoir développer mon entreprise. Quand j’étais jeune, je ne me voyais pas autrement qu’en chef d’entreprise. Jeune diplômé, je me suis rapproché de l’ANCE (Agence nationale pour la création d’entreprise) pour créer mon entreprise mais faute d’idée précise je suis devenu salarié. Et puis un jour, j’ai eu l’opportunité de reprendre en tant que dirigeant une entité de Sogep, l’entreprise qui m’employait en m’adossant à l’entreprise d’ingénierie Altep. J’ai découvert l’Union des Industries et métiers de la métallurgie (UIMM). Je recevais des invitations pour des réunions qui me donnaient l’occasion de rencontrer des clients potentiels. Le président Benoît Berger a remarqué mes prises de paroles et m’a proposé d’intégrer la Commission sociale. C’est ainsi que j’ai commencé à prendre des responsabilités jusqu’à devenir président de l’UIMM Gironde-Landes jusqu’en 2010. C’est à ce titre que j’ai intégré le conseil d’administration, puis le bureau du Medef Gironde avant d’en devenir le président en avril 2011.