Insuffler une dynamique positive dans l’économie martiniquaise, tel est le défi qu’a voulu relever l’Association Contact-Entreprises en éditant et diffusant 5 000 exemplaires de son petit Livre Bleu, un concentré des meilleures idées développées par ses 230 membres pour promouvoir le développement économique de l’île.

En temps normal, lorsqu’une agence de communication aide un groupement d’entrepreneurs dans la mise en place d’une stratégie de communication, on peut légitimement suspecter une action de lobbying, dont l’ultime finalité est la promotion d’intérêts particuliers. En l’espèce, il s’agit de tout autre chose : un souffle collectif.

Un document inspirant, dont l’objet est de remettre en mouvement la pensée positive en Martinique. 

« Le petit Livre Bleu… ouvert », sous-titré « Et si nous décidions de voir l’avenir de la Martinique en bleu ? », relève d’un nouveau genre littéraire. Il s’agit, en quelque sorte, de l’instrument d’une opération psychologique de l’intérieur, visant à changer les mentalités.

« Le livre s’organise autour d’une idée principale, celle de l’ouverture : un appel à l’ouverture de notre économie sur le 21ème siècle et les nouvelles technologies, de nos marchés sur le monde, mais aussi des esprits : enrichissement des dialogues, décloisonnement entre les mondes politique et économique… Il s’agit aussi d’un appel à ce que la Martinique ouvre les yeux sur ses propres atouts, pour que la fibre entrepreneuriale renaisse. »

Il a été réalisé avec le soutien logistique de Martinique Développement, mais son contenu est le fait des adhérents de Contact-Entreprises, sondés à l’aide d’un questionnaire en ligne. Une centaine d’entre eux a répondu à l’appel. Dans un deuxième temps, des entretiens individuels ont été conduits avec une trentaine d’acteurs économiques de premier plan. Un atelier de créativité, rassemblant une vingtaine d’entrepreneurs, a ensuite permis de compléter la démarche. Tout au long de ce processus, Emmanuel de Reynal a mis son expertise en maïeutique et ses talents de communicant au service du projet, pour que le livre parle à tous les publics.

33 pages d’invitation à imaginer la Martinique différemment, et 21 idées originales.

Et qu’est-il ressorti du brainstorming de ce “Think Tank” martiniquais ? 21 idées, certaines dimensionnantes, d’autres plus modestes, certaines facilement réalisables à court terme, d’autres plus complexes. En tout cas, toutes formulées de façon percutante.

Par exemple : faire du rhum notre ambassadeur dans le monde, prendre en compte le vieillissement de la population et orienter la Martinique vers la “silver economy”, ou encore créer une plateforme de “crowdfunding” dédiée, de façon à mobiliser la diaspora. Mais aussi, prendre la mesure de la dimension maritime de l’île.

« 100 000 bateaux croisent au large de la Martinique tous les ans, mais seulement 15 000 d’entre eux touchent nos côtes. Nous devons faire en sorte que tous accostent chez nous. »

Il faut croire que la Région a décidé ne pas laisser ce petit Livre Bleu dans le domaine de l’incantatoire. Lors de la présentation du Livre Bleu au Conseil régional, le 17 février, Serge Letchimy, le président de Région, a annoncé la mise en place d’un comité de suivi, coprésidé par Jean Crusol, président de Martinique Développement, et Emmanuel de Reynal. Sa mission est d’accompagner les idées qui, sur les 21, sont susceptibles de connaître une mise en œuvre rapide.

Première réalisation concrète, le lancement de la plateforme de crowdfunding <my-money.fr>, le 26 mars.

Ce Livre Bleu est téléchargeable gratuitement sur www.contact-entreprises.com

Un dialogue ouvert entre tous les leaders martiniquais des mondes économiques, politiques et associatifs.

Battons-nous ensemble pour faire avancer la Martinique dans le sens du succès, et pour mieux valoriser nos talents.

Nous avons un problème majeur face à nos voisins : la compétitivité de nos entreprises, le poids des normes et des réglementations. (…)

Prenons en main notre choc de compétitivité : nous devons mettre toutes nos énergies sur le sujet économique, et combattre résolument toutes les inerties, les freins et parfois les blocages qui pèsent encore sur nos entreprises. Nous devons fluidifier davantage la “machine publique”, réduire le temps de traitement des dossiers par les différentes administrations, raccourcir les délais de paiement du secteur public pour éviter que de jeunes entreprises ne meurent en bonne santé. (…)

On ne peut imaginer de la croissance économique qu’en échangeant davantage avec d’autres marchés. Et qui dit échanges dit flux, fluidité des circuits logistiques, liberté de mouvement des produits comme des hommes. Vive le mouvement des hommes qui, eux aussi, créent de la richesse. Que ce soit le mouvement des touristes qui doivent pouvoir venir et circuler facilement, le mouvement des étudiants de 3ème cycle attirés par des filières de recherche “pointues”, le mouvement des cadres venant s’installer en Martinique pour apporter un savoir-faire spécifique, et pourquoi pas le mouvement des seniors qui viendraient s’installer ici…Vive, aussi, les investisseurs et le mouvement des capitaux pour irriguer des nouveaux projets d’investissement. Allons vers les investisseurs avec une vision claire des secteurs que nous voulons développer en priorité, et les investisseurs nous écouteront avec plus d’attention. (…)

Décloisonnons nos énergies. Si toutes les énergies avançaient dans le même sens, si toutes les grandes orientations étaient partagées par tous, si tous les grands projets d’investissement étaient consensuels, les budgets dont nous disposons pourraient voir leur efficacité démultipliée.

Décloisonnons-nous. Ouvrons-nous sur tous les talents martiniquais qui ont tenté leur chance ailleurs et qui ont réussi ailleurs. Au-delà des Martiniquais de France, il y a plus de quarante mille Martiniquais vivant à l’étranger, dont un quart en Europe hors France et un quart en Amérique du Nord. (…)

Décloisonnons notre créativité. Ouvrons-nous aux meilleures idées, d’où qu’elles viennent. Écoutons des experts nous parler de notre île, de ses richesses, de ses atouts, de ses potentialités inexploitées. Voyageons. Voyageons ensemble en Asie, en Amérique du Sud, en Afrique, là où ça bouge, en mêlant responsables politiques et chefs d’entreprise, puis réfléchissons ensemble pour voir comment adapter en Martinique des solutions pour l’emploi et la croissance qui marchent ailleurs. (…)

Décloisonnons la Caraïbe. Soyons leaders, prenons des initiatives pour qu’en Martinique soient mutualisées des initiatives économiques viables à l’échelle de la Caraïbe. (…)

Pourquoi pas un plus grand marché unifié de la Caraïbe ?

Pourquoi pas une mise en avant “tournante” d’une île chaque année : 2015, année de la Dominique ; 2016, année de Sainte-Lucie… Bref, commençons par le commencement : soyons plus ouverts. Plus de rencontres, plus d’échanges, plus de stimulation à travailler ensemble, à imaginer ensemble, à développer ensemble, à se passer le relais dans de grands et beaux projets.

Une Martinique plus ouverte… sur l’anglais 

Comment réussir notre ouverture au monde sans s’ouvrir aux langues qui nous entourent ? La nécessité pour chaque Martiniquais de maîtriser l’anglais est, en effet, un des objectifs majeurs identifiés par le Livre Bleu de Contact-Entreprises. Cet objectif doit s’inscrire dans nos priorités régionales, si nous voulons saisir les opportunités qui nous environnent…

Une Martinique ouverte sur le Monde, portée par une nouvelle génération sans frontières géographiques, mentales et culturelles… Une génération sachant parler anglais !

Une Martinique ouverte sur le monde doit être une Martinique trilingue, maîtrisant l’anglais aussi bien que le français et le créole. Le « désenclavement linguistique » est une priorité aussi importante que le désenclavement géographique.

L’initiation à l’anglais doit être généralisée dès le plus jeune âge, dans les premières classes. Les nouveaux outils technologiques et la petite taille de la Martinique sont deux atouts pour tester de nouvelles formes d’apprentissage. La parfaite maîtrise de l’anglais doit devenir un impératif dans les cycles universitaires : être capable de suivre des cours en anglais, de rédiger des dossiers, de présenter un projet. Sinon, comment un étudiant Bac + 3 ou Bac + 5 peut-il espérer être vu comme « formé pour le 21e siècle », comme un « haut potentiel », un « nouveau souffle » par les entreprises martiniquaises ? Sinon, comment s’ouvrir demain vers la Caraïbe, vers l’Amérique du Nord ou l’Amérique du Sud ? La Martinique est aujourd’hui si près géographiquement de ces marchés, mais si loin culturellement, parce qu’elle ne partage ni la langue, ni la monnaie, ni la culture.

Il est temps de repenser nos filières universitaires. Alors que le contexte nous pousse à voir petit, alors que les universités de Guyane, de Martinique et de Guadeloupe, hier si proches, veulent s’éloigner et s’autonomiser, nous n’avons pas d’autres choix que de voir grand. Arrêtons de penser en termes de petites passerelles avec les autres pôles universitaires français voisins, et construisons des ponts aériens du côté de l’international.

Poursuivre et accentuer l’ouverture de l’université sur la culture anglo-saxonne, multiplier les échanges avec les étudiants étrangers, les universités étrangères, les entreprises étrangères, créer un « Erasmus Caraïbe », sont autant d’axes prioritaires pour donner aux étudiants le goût de l’export.

Favorisons, chaque fois que possible, les stages à l’étranger, les années de césure dans une université anglophone ou hispanophone, les projets internationaux… Favorisons le dialogue entre les entreprises et les universités, pour développer les filières qui correspondent aux besoins des entreprises. Favorisons le dialogue entre l’université, les projets de recherche encouragés par la région ou les centres de recherche, et les start-ups.

Arrêtons de n’être qu’une université de proximité au service d’une jeunesse qui n’a pas forcément les moyens de se déplacer pour étudier à l’extérieur. Devenons aussi une université de destination, comme de nombreuses universités américaines.

Cela implique de faire des choix de recherche, de chaires, de spécialités, notamment en lien avec notre milieu (aquatique, volcanique, climatique, tellurique, etc.). Ces choix, s’ils sont porteurs et structurés, permettront de viser l’excellence, et de nous donner les moyens d’une recherche fondamentale de nature à attirer des étudiants (qui apprécieront en plus notre climat) et des chercheurs (qui apprécieront aussi notre appartenance à l’Europe). De ces recherches, des “spin off” se créeront, mais à la condition expresse de devenir une université de destination, attirant des talents très pointus. Cette fonction peut aussi être appuyée par des organismes tels que la technopôle pour faciliter le transfert de savoir-faire d’un brevet universitaire à la création de richesse entrepreneuriale (…).

Une Martinique plus ouverte… sur la mer.

Comment réussir notre ouverture au monde sans se tourner vers la mer qui nous entoure ? La mer est l’une de nos principales ressources, qui peut faire de nous un espace de dimension… continentale ! Une ressource mal exploitée, avec des atouts clairement identifiés par le Livre Bleu de Contact-Entreprises. 

La mer, notre premier atout naturel

(…) Créer des hébergements « avec une histoire », dans une île magnifique, c’est bien. Que cette île magnifique soit aussi une île « avec une histoire », c’est encore mieux. Pour que la Martinique devienne une destination « unique », il faut que notre île soit porteuse à la fois d’un imaginaire culturel fort et d’une histoire unique.

Et là, en terme d’histoire forte à raconter, nous avons l’une des histoires les plus « incroyables mais vraies » du monde. Une histoire que nous avons, il est vrai, payée très cher. Si nous étions Américains, nous « vendrions » la tragédie de Saint-Pierre comme une histoire « bigger than life » et nous ferions du « Petit Paris » de 1902 « one of the biggest lost city in the world ». La légende de Cyparis pourrait inspirer un spectacle aussi fascinant et grandiose qu’un Son & Lumière de Las Vegas, sur « one of the greatest survivor of all times ». Les exemples ne manquent pas de « shows » français qui épatent les Américains, du Spectacle du Puy du Fou aux installations de Royal de Luxe…

Pour tous les plongeurs amateurs d’épaves, Saint-Pierre « underworld » est un « Magic Kingdom » sous-marin unique au monde.

La Montagne Pelée est plus qu’un des plus beaux volcans encore actifs, c’est le cadre grandiose de cette histoire tragique. Alors, partir du port de Saint-Pierre pour remonter à rebours vers l’antre de la Déesse du feu Pelée devrait être un « must » pour tous les touristes.

Saint-Pierre est plus qu’une ville, c’est le décor authentique et XXL d’un des épisodes les plus forts de notre histoire. (…)

Voir Saint-Pierre, son show, ses fonds, son volcan… doit devenir une des raisons de venir en Martinique. Alors, la « journée à Saint-Pierre » deviendra non seulement un passage obligé pour tous les touristes… mais aussi, sûrement, leur souvenir le plus marquant. (…)

Développer la plaisance est une autre évidence. Au-delà de la cible des touristes « sur terre », notre île sous le vent doit aussi devenir la destination préférée des « voileux », leur base de départ ou une escale obligée vers les petites Antilles.

Sur plus de 100 000 bateaux qui transitent dans notre zone (étude ONU 2003), seuls 15 000 font escale chez nous.

Faisons de la Martinique une terre d’escale. Le marché croît fortement, notamment celui de la location de bateau sans équipage. Cette activité de plaisance draine toute une économie de commerce, de vente, de réparation de bateau… La clientèle est souvent américaine, internationale… et riche.

Elle ne demande qu’à acheter, goûter, emporter des vins, des alcools, des spécialités françaises ou martiniquaises…

Nous devons faire grandir notre image de « voiles », pour être positionné dans la tête de tous les plaisanciers comme « l’Île qui aime la voile ».

Ouvrir les yeux sur notre 1er ambassadeur dans le monde : le rhum 

Pour réussir notre ouverture sur le monde, appuyons-nous sans complexe sur nos atouts. La Martinique produit l’un des meilleurs rhums du monde. Et tout comme l’écosse a su le faire avec son Whisky, nous pouvons, si nous le décidons, rayonner sur la planète en nous appuyant sur ce savoir-faire exceptionnel, au carrefour de l’industrie, l’histoire, la culture et l’art de vivre… Le rhum de Martinique, un atout majeur identifié par le Livre Bleu de Contact-Entreprises.

Mettons la Martinique au service du rhum, et mettons le rhum au service de la Martinique

Nous sommes le 1er consommateur de champagne par habitant dans le monde. Et nous sommes le producteur du meilleur rhum du monde. En tant que buveur de champagne, nous préférerons toujours la qualité unique champenoise à un vin mousseux standard. Et nous préférerons toujours un Dom Pérignon, un Moët, un Veuve Clicquot à un champagne standard. En tant que buveur de rhum, nous partageons des ti’ punchs tous les jours, et nous voyons nos distilleries comme des marques familières. Sommes-nous suffisamment conscients de la valeur de notre produit, du potentiel de cette filière ?

On aimerait que sur le gigantesque marché mondial du rhum, notre Rhum Agricole martiniquais soit vu comme un champagne par rapport à des vins blancs classiques. On aimerait que nos marques soient les Dom Pérignon, ou les Mumm de ce marché. On aimerait que la Martinique soit vue comme la patrie du rhum, comme l’écosse est la patrie du whisky. On rêverait que nos vieux rhums reproduisent le succès du Cognac, et que nos Clément, JM, HSE ou Neisson aillent demain défier tous les Glenffidich, Aberlour et autres noms prestigieux écossais… pour faire du rhum la prochaine boisson « branchée » des 30/40 ans partout dans le monde. Ce rêve est possible, si nous mettons tout en œuvre pour qu’il se réalise. Le rhum peut être un formidable « marqueur » pour le tourisme : pour que notre île « terre-de-rhum » soit vue comme une destination avec une culture et une histoire beaucoup plus forte que celles de ses voisines anglo-saxonnes. Le rhum est plus qu’un « ti’ punch » donnant une couleur locale à l’apéro des touristes. La culture du rhum est une formidable clé d’entrée sur l’ensemble de la culture martiniquaise. Le succès touristique de l’habitation Clément le montre : le touriste souhaite plonger dans l’« âme » de la Martinique en passant quelques heures dans cette belle maison créole et en dégustant quelques cuvées.

Derrière notre rhum, il y a donc aussi notre patrimoine architectural créole. La tradition du rhum a le mérite de donner envie de visiter l’ensemble de l’Île, du nord au sud, en passant d’une distillerie à l’autre. Elle est un point d’entrée dans la convivialité martiniquaise et pourquoi pas dans la cuisine créole. Elle peut favoriser le développement de nouvelles micro-rhumeries artisanales dans chaque commune.

Bref, le tourisme et l’emploi en général auraient tout à gagner à un positionnement touristique de la Martinique axé sur le rhum. Et inversement, une communication touristique à l’export, aux Etats-Unis, en Asie ou en Russie sur notre île « terre-de-rhum » serait une aide formidable pour la filière rhum.

Soyons fiers de nos habitations comme les Champenois sont fiers de leurs maisons de champagnes. Aimons nos champs de canne à sucre comme les Champenois aiment leurs vignes. Comme à Cognac ou en Écosse, de l’or vieillit dans nos chais. Un atout incroyable pour que la plus belle île de la Caraïbe soit aussi celle où l’on découvre la culture la plus agréable à visiter, à vivre et à boire.

Ouvrons-nous sur la transition écologique 

Plus qu’aucune autre région, la Martinique doit être sensible aux thèmes de la transition écologique et de la préservation de notre biodiversité, sur terre comme en mer.

4 enjeux nous concernent directement : développer de nouvelles sources d’énergies renouvelables, recycler plus, produire localement à partir de nos ressources îliennes et imaginer une nouvelle organisation des villes.

Nous avons la mer et le vent, nous avons le soleil, nous avons une terre riche : nous avons un potentiel de test grandeur nature de nouvelles sources d’énergie qui méritent d’être développées. Nombreuses sont les RUP (régions ultrapériphériques ) à vouloir se positionner sur les nouvelles énergies. Nous avons commencé à investir dans certaines technologies prometteuses.

Et si nous devions faire des vrais choix, pour aller au bout du développement d’une vraie filière de R&D (recherche et développement), s’appuyant à la fois sur des équipes universitaires, un partenaire industriel et un soutien de l’Europe ?

La piste des ETM, l’énergie maréthermique, mérite a priori d’être creusée : les conditions naturelles s’y prêtent et toutes les îles n’ont pas l’opportunité de tester ce type d’énergie renouvelable. Quelles que soient la ou les pistes retenues, la recherche, la formation devront travailler en synergie avec le monde de l’entreprise pour construire les énergies utiles de demain.

Autre piste qui s’inscrit dans l’évolution inéluctable de l’économie : favoriser au maximum l’économie du recyclage. Seuls, nous sommes trop petits. A l’échelle de la Caraïbe, nous pouvons imaginer de nouvelles manières d’organiser les filières de recyclage. Chaque île pourrait se spécialiser dans un matériau, et devenir ainsi productrice de « matières premières secondaires ».

Produire localement est un enjeu-clé, à l’heure où la mondialisation change de nature et où, sous certains aspects, la « démondialisation » est une idée qui fait son chemin pour le commerce de certains produits, notamment les produits alimentaires.

A court-terme, notre PIL (Produit Industriel local) coûte plus cher. Et pourtant, son bilan social et écologique doit être mis en regard du bilan économique. Partageons donc l’idée que le coût global du PIL est peut-être plus positif qu’il n’y paraît, si tous les acteurs et notamment la distribution jouent le jeu. Dans de nombreux secteurs, le « patriotisme martiniquais » peut créer les conditions d’une taille de marché minimum, qui rend possible la relocalisation en Martinique de certaines activités industrielles de transformation… surtout si nous avons en ligne de mire de pouvoir développer des exportations de proximité vers les marchés voisins…

Nous pouvons aussi être plus audacieux, plus innovants et saisir l’opportunité de notre formidable biodiversité. Notre flore, que ce soient nos plantes ou nos algues, recèle des actifs naturels aux propriétés bénéfiques pour le corps plus ou moins bien connues par le grand public et plus ou moins reconnues par la communauté scientifique.

A l’heure où la planète vieillit et consomme de plus en plus de médicaments, la Martinique a peut-être quelques secrets pour vieillir moins vite, naturellement.

Partout dans les pays développés, les séniors comme les quadras ou quinquas cherchent des solutions naturelles pour préserver leur capital santé et prévenir le vieillissement.

Et si nous investissions dans la recherche, pour mettre en lumière les propriétés des plantes qui poussent ici ? Et si nous développions une nouvelle filière de pharmacopée à forte valeur ajoutée ?

Là encore, entrons de plain-pied dans l’économie du savoir et dans la valorisation de nos ressources naturelles les plus uniques et les plus précieuses.