Cheffe d’entreprise à multiples casquettes, Danièle Le Normand est avant tout une femme engagée pour le développement de son île. De Port Réunion à Isautier, parcours d’une personnalité inspirante.

Un entretien d’une heure avec Danièle Le Normand ne laisse pas indifférent. Charismatique, volubile mais à l’écoute, et surtout passionnée, la directrice générale adjointe du groupe Isautier a des idées, des convictions et une réelle envie de les partager. Son parcours professionnel est brillant, c’est indéniable, mais marqué par une ligne directrice qui le rend d’autant plus noble : un engagement constant pour le développement de La Réunion.

Cet engagement, paradoxalement, c’est très loin de son île natale, aux Etats-Unis, qu’il s’est révélé. Après son école d’ingénieur, elle part travailler pour un grand laboratoire pharmaceutique à New York. Une expérience qui lui aura permis de découvrir « la réalité du travail » autant que sa « fierté d’être Réunionnaise », explique-t-elle. Des valeurs acquises très tôt et qui seront le fil rouge de sa carrière professionnelle.

Au service du développement économique de son île

Après des expériences à l’Université et la CCI Réunion, Danièle Le Normand est nommée directrice adjointe de ce qui deviendra rapidement Port Réunion. Elle a 29 ans. Dans cet univers, qu’elle décrit elle-même comme « très masculin », elle va apporter sa vision macro-économique et s’efforcer d’intégrer La Réunion à un « large arc indien allant de l’Afrique du Sud à l’Australie ». Une expérience de 10 ans, déjà au service du développement économique de son île.

En 2002, elle est nommée directrice générale adjointe du groupe Isautier. Une marque historique mais en dormance et dont l’image était « assez confuse », de l’aveu même de sa dirigeante. Elle va alors s’attacher à lui « redonner du sens » en recentrant ses activités sur son produit historique : le rhum. L’emblème de cette démarche est sans conteste le musée La Saga du Rhum, situé au cœur même de la distillerie familiale, qui ouvre ses portes en 2008 et devient rapidement une référence et, aujourd’hui, un atout touristique pour La Réunion.

Dès lors, le groupe vole de succès en succès. Mais parallèlement à ce rôle de capitaine d’industrie, Danièle Le Normand s’est toujours attachée à participer au dynamisme économique de son île. Depuis plus de 10 ans, elle est à la tête d’Initiative Réunion Entreprendre, membre du premier réseau associatif français de financement des créateurs d’entreprise, et a été nommée il y a six ans conseiller au commerce extérieur de la France par le Premier ministre.

Une approche visionnaire

Sans complexe vis-à-vis de l’histoire de La Réunion, Danièle Le Normand regarde sans cesse vers le futur. Si bien que ce qu’elle entreprend semble toujours guidé par la conviction de travailler pour l’avenir de son île, avec une devise en forme de question : « Est-ce que dans 20 ans je pourrai encore y habiter dans de bonnes conditions ? ». Une approche visionnaire qui la caractérise et que l’on retrouve dans la gestion de son entreprise. Le Groupe Isautier est en passe d’investir dans l’immobilier en créant des résidences pour personnes âgées, car c’est un « réel besoin et prendre en considération l’avenir des personnes âgées c’est préserver le vivre ensemble réunionnais ».

« Il faut que l’on s’accorde sur le projet de société que l’on veut pour La Réunion, poursuit-elle. Le modèle de la canne n’est pas indéfiniment durable et pour moi le secteur d’avenir évident c’est celui du tourisme ». Une conviction qu’elle compte, comme toujours, porter haut, notamment à travers son nouveau statut d’élue au Conseil régional. Et on peut lui faire confiance pour y remettre les deux ingrédients qui ont fait ses nombreux succès : du travail et des idées.