Originaire de Saint-Paul, diplômé des Beaux-arts de la Réunion et du Campus Ubisoft Québec, Fabien a signé son premier emploi un peu par hasard à Casablanca. Huit ans plus tard, il vit toujours au Maroc, marié et père de famille. Récit d’un parcours.

Propos recueillis par www.reunionnaisdumonde.com

Pouvez-vous vous présenter ?

J’ai 30 ans. J’ai suivi un Baccalauréat Arts plastiques au Lycée Evariste de Parny, une Licence aux Beaux-arts de la Réunion, puis une formation en Design de jeux vidéo au Québec. Je travaille en tant que « Level & Game

Designer » à Ubisoft Casablanca au Maroc depuis huit ans. J’ai eu l’occasion de collaborer sur des jeux comme Rayman, Lapins crétins, Prince of Persia. Mon expérience m’a permis de développer une expertise sur plusieurs plateformes telles que la WiiU, Xbox, Playstation, Nintendo DS/ 3DS et finalement les mobiles IOS et Android.

Dans quelles conditions avez-vous été amené à quitter l’île ?

Vers la fin de mon cursus aux beaux-arts (2006), j’ai voulu développer ma formation et quitter la Réunion pour découvrir d’autres cultures. J’ai entendu parler de la mobilité aidée financièrement pour étudier au Québec et du Campus Ubisoft ; c’était dans mes ambitions de vouloir faire de l’animation 3D. Quand j’ai vu la montée en puissance du secteur du jeu vidéo au Canada, j’ai compris qu’il y avait un avenir et une belle expérience à vivre. Malheureusement, le programme en « Animation » n’était pas disponible et j’ai opté pour le « Level Design & Game design ». Ce fut en fait un très bon choix. La Région Réunion et le Cégep de Matane m’ont soutenu pour que je puisse faire cette formation car mon cas était un peu particulier. Je les remercie encore car cela a bâti ce que je suis aujourd’hui.

Et ensuite ?

A la fin de ma formation, une opportunité que je n’attendais pas s’est présentée à moi : un poste en Level Design à Ubisoft Casablanca au Maroc. J’ai longtemps hésité, car la première expérience est toujours importante. L’envie de revenir au soleil après une période canadienne à – 20°C a aussi joué. Ce que je pensais être un court passage d’apprentissage ne l’est plus : je suis ici depuis huit ans, marié et avec des enfants !

Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

Tout d’abord, la possibilité de réaliser mes projets et mes ambitions, car la Réunion ne peut pas tout offrir. Ensuite, la découverte de nouvelles cultures.

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Mes photos d’enfance, un casque infrarouge (il fonctionne toujours au Canada où le voltage est différent !), et mon sac à dos qui me suit depuis le lycée. C’est un aventurier ce sac ! J’avoue que la plage, les montagnes toute l’année, la cuisine réunionnaise et la famille me manquent.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

La Réunion doit lancer encore plus d’aides pour favoriser les starts-ups et offrir des opportunités dans différents secteurs afin de dynamiser l’économie. Dans le domaine des jeux vidéo (le mien !), je suis persuadé que l’on pourrait attirer de grandes multinationales avec des avantages fiscaux adaptés ! On est en France et la main d’œuvre qualifiée (sur place et d’ailleurs) ne dirait pas non au package « soleil – jeu vidéo » ! De plus, cela formerait de nouveaux professionnels réunionnais à la Réunion. Et des Réunionnais qui travaillent dans les grosses compagnies de jeux vidéo, il y en a déjà… mais à l’étranger !

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

Le Maroc est un beau pays, avec beaucoup de paysages divers à visiter : la plage de Méditerranée, les montagnes avec la neige d’hiver et bien sur le désert ! Les gens sont très chaleureux, les portes sont toujours ouvertes pour vous accueillir et la cuisine y est excellente, je dirais même qu’elle concurrence celle de la Réunion ! Le Maroc connaît un développement considérable, des chantiers immobiliers poussent dans tous les sens, des nouvelles infrastructures et une voie vers les énergies renouvelables. Cela donne l’impression que l’Afrique est passée à un nouveau cap.

En tant que Réunionnais, qu’est-ce qui vous paraît le plus proche / le plus éloigné par rapport à notre île ?

La culture est très différente dans pas mal de domaines, mais il y a aussi beaucoup de points communs avec la France. C’est un pays francophone en partie, ce qui aide à se repérer et à se sentir lié d’une manière ou d’une autre. Il y a aussi une mixité des origines, comme à la Réunion et les étrangers sont assez bien accueillis. Une grande différence, c’est le coût de la vie : bas au Maroc mais très élevé à la Réunion !