Dans un contexte économique difficile et malgré des contraintes structurelles inhérentes à son insularité, l’industrie réunionnaise est un secteur clé pour le développement économique de l’île. La stratégie ? Jouer sur deux tableaux avec l’import-substitution et les niches à forte valeur ajoutée. En bout de chaîne l’enjeu est colossal : l’emploi.

Les chiffres sont révélateurs. En septembre 2015, sur les 34.264 entreprises réunionnaises recensées par la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Réunion (CCIR), 6.430 sont des industries. Elles représentent un chiffre d’affaires de 2,2 milliards d’euros et 7.500 salariés. Voilà pour le poids de l’industrie réunionnaise dans son économie. Seulement au sein même du secteur, les courbes ne suivent pas toutes les mêmes tendances. Certains domaines comme le BTP sont clairement en difficulté quand d’autres comme l’agro-alimentaire (21% des industries et 5.557 emplois) tirent leur épingle du jeu.

Les prochaines orientations seront donc primordiales. Et le constat est plutôt clair, en 2014 La Réunion a importé pour 4,7 milliards de biens soit 5% de plus qu’en 2013. Un gisement de parts de marchés pour les industriels ou futurs industriels réunionnais. Une fois les créneaux porteurs identifiés, la production locale peut être développée pour remplacer les produits importés.

Qui dit production locale, dit également consommation locale. Les industriels ont bien compris l’intérêt d’éduquer le consommateur à acheter des produits « Made In Réunion ». La multiplication des étiquetages mettant en avant la provenance ou le lieu de fabrication des produits en est le parfait exemple. Et si l’évolution va dans le bon sens du point de vue des ménages, on ne peut pas en dire autant pour les organismes qui continuent d’importer des produits ayant leur équivalent « pays ».

« L’industrie de demain

est celle qui se différencie »

L’autre axe de développement de l’industrie réunionnaise, se tourner vers les produits à forte valeur ajoutée. Les industriels locaux possèdent « un savoir-faire spécifique pour la production de petites quantités demandant une technologie particulière, un domaine qui n’intéresse pas les grosses entreprises industrielles », explique Béatrice Althiery, directrice du Pôle Politique Economique à la CCIR. Un savoir-faire qui permettrait de « tropicaliser les modèles existants », imagine-t-elle.

Elle va plus loin, « nous devons surfer sur la vague de l’exception, de La Réunion pépite de l’Océan Indien, et vendre de la qualité et du rêve. La seule manière de sortir de l’enfermement est de se tourner vers l’excellence. L’industrie de demain est celle qui se différencie. » Des produits s’appuyant sur une matière première de haute qualité comme les fruits locaux, mis en valeur par un savoir-faire unique et à destination de marchés haut de gamme comme des chefs étoilés ou des magasins spécialisés, l’exemple parfait de l’industrie réunionnaise qui gagne.

Faire de cette industrie un secteur de pointe qui développe l’emploi et valorise La Réunion et les Réunionnais, voilà le challenge à relever.