La mission de Sita Espérance est de traiter les déchets non dangereux, ce qu’on appelle « les ordures ménagères résiduelles » de chaque foyer, les déchets industriels banals et le tri des encombrants valorisables issus des déchetteries. Stéphane Dupuy, directeur général délégué, détaille les missions de Sita Espérance.

Propos recueillis par Jean-Paul Rivière

Quelle est l’origine de ce site de stockage ?

Stéphane Dupuy : C’était une décharge communale qui avait accueilli les déchets après le passage d’Hugo en 1989. Le bon sens des responsables avait permis de les enfouir dans un substratum argileux. Les conditions d’exploitation n’étaient pas celles d’aujourd’hui. Le stockage brûlait en permanence et rien n’était trié. Nous sommes arrivés en 2008 avec 63 hectares, dont 25 dédiés au stockage. Au milieu, notre stock historique
« Hugo » est toujours là, en sécurité, recouvert d’un sarcophage d’argile, et nous en assurons le suivi. Aujourd’hui, nous pouvons affirmer qu’il est stable et les mesures montrent qu’il n’engendre pas d’impact pour l’environnement.

Tous les déchets non dangereux arrivent-ils à Sainte-Rose ?

Non, il y a eu en 2016 environ 135000 tonnes qui ont été
stockées sur le site de la Gabarre et environ 120000 tonnes sont rentrées à Sainte-Rose. Sita Espérance traite les déchets des collectivités de la Basse-Terre et des industriels. La Gabarre étant en fin de vie, il va donc y avoir un réajustement vers Sainte-Rose pour faire le lien avec la future usine du Syvade qui devrait voir le jour en 2022.

Traitez-vous également les déchets industriels ?

Oui, nous recevons les déchets dits banals, ultimes ou à trier, non dangereux, issus de l’activité économique.

Et le tri et la valorisation ? 

Les ordures ménagères ainsi que les déchets industriels banals ultimes sont orientés vers le stockage. Il est donc important que les matières valorisables comme le verre, le carton ou les plastiques ne soient pas mélangés avec ces ultimes. Nous opérons alors une valorisation énergétique à partir de la dégradation de ces déchets. Nous avons par ailleurs une petite plate-forme de tri qui permet la valorisation de matières comme le carton, le plastique, les déchets verts… à partir de bennes reçues par exemple des déchetteries. Ces matières issues du tri sont dites matières premières secondaires.

DES DECHETS POUR PRODUIRE DE L’ENERGIE

Comment stocke-t-on les déchets ultimes ?

Le stockage aujourd’hui n’est plus un simple trou d’enfouissement. Il est organisé par alvéoles aménagées de façon étanche qui permettent de collecter les lixiviats* produits par les déchets et les gaz issus de leur dégradation. Chaque alvéole créée est contrôlée par la DEAL avant son exploitation.

Les déchets sont compactés pour favoriser la dégradation et limiter le risque d’incendie. Les lixiviats sont collectés et traités sur site ou en station d’épuration externe. Le biogaz est collecté et valorisé. Sous notre climat, la dégradation est assez rapide, plus qu’en Métropole. Le biogaz produit sert aujourd’hui dans le traitement des lixiviats. Demain, fin 2017, nous mettrons en marche un moteur de valorisation électrique alimenté par le biogaz. Aujourd’hui, nous ne parlons plus de traitement de déchets, mais de valorisation de la ressource.

Que faites-vous des lixiviats produits sur votre site ?

Nous pompons les lixiviats en fond d’alvéoles. Ils sont ensuite stockés dans un bassin étanche avant d’arriver à notre station de traitement. Le traitement est complexe, par microfiltration et osmose inverse, et nous en sortons d’un côté une eau osmosée extra pure et de l’autre un concentrat qui est soit traité en station d’épuration, soit réintégré au massif, ce qui permet de réhumidifier les déchets en période de sècheresse.

Le site exige donc une présence permanente de tous vos techniciens ?

Nous recevons les déchets 6 jours par semaine, mais l’activité s’exerce 7 jours sur 7. Même si le site est fermé le dimanche, nous avons des astreintes de week-end avec des reports de données et des connexions de secours. Nous pouvons ainsi être alertés par la station de traitement. Par ailleurs, nous avons une société de surveillance sur le site, en dehors des horaires d’ouverture. Outre la vérification qu’il n’y ait pas d’intrusion, elle veille en complément des caméras, sur le risque incendie qui serait provoqué par une fusée de détresse périmée mise à la poubelle par exemple.

Comment contrôlez-vous les déchets reçus ?

Notre installation est classée pour la protection de l’environnement. Elle présente une performance d’exploitation aux plus hauts standards. Nous avons des comptes à rendre aux services de l’Etat, donc tout ce qui entre sur le site est contrôlé : la provenance des camions reçus et les contenus, la présence de déchets indésirables au triage, la radioactivité liée aux résidus médicaux. Dans ce dernier cas, nous sommes tenus d’appeler les pompiers ou le SDIS en cas de déclenchement du portique de détection. Il ne faut jamais oublier que le traitement des déchets est la deuxième activité la plus contrôlée après le nucléaire.

* les lixiviats sont les eaux entrées en contact avec des déchets stockés en décharge. 

SITA VERDE – SITA ESPERANCE

40, rue Joseph Cugnot

Z.I Jarry

97122 Baie-Mahault

0590 57 10 60

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