Le site de Sita Verde, au Moule, reçoit les déchets organiques (déchets verts, fientes de poules, boues de step, vinasses de distilleries), transformés et commercialisés sous forme de compost. La plateforme en traite 50000 tonnes par an, pour 30000 tonnes de compost produit.

Par Jean-Paul Rivière

Le responsable du site, David Doisy, est devant une pyramide de déchets végétaux, et surveille le va et vient des véhicules. « Les camions de déchets organiques vident leurs bennes sur la plateforme. Le produit est broyé, stocké, puis, mélangé à de la vinasse et des fientes de poule. Il va servir de base à tous nos composts. En fin de parcours, il y a une part de refus qui est réintroduit en amont dans le process. Le refus ultime qui contient des éléments grossiers, des déchets inertes et des résidus de plastiques est envoyé sur l’ISDND Sita Esperance à Sainte-Rose ».

David Doisy, est particulièrement attaché au respect de toutes les consignes de sécurité imposées par la certification ISO 14 001. Certes, ce sont des déchets verts qui sont traités, mais rien n’empêche un risque d’incendie ou de radioactivité accidentelle.

En aval des pyramides noires de végétaux, un bassin reçoit le lixiviat, un jus brun issu de la transformation des déchets organiques. Fritz Ceril, responsable commercial de la valorisation biologique de la plateforme, explique l’utilisation du lixiviat. « Nous sommes une entreprise éco-responsable et nous en maîtrisons le volume et l’utilisation. Il est contenu sur cette lagune pour éviter la pollution extérieure des ravines et cours d’eau naturels. Il sert à arroser les déchets secs. Mais il peut être également utilisé en épandage par l’agriculture, selon les autorisations préfectorales. Cela reste un jus organique riche en éléments majeurs (N-P-K).» Les principaux composants organiques à surveiller en permanence sont le potassium issu de la vinasse et les nitrates produits par les fientes de poule.

Un acteur majeur de la fertilisation

Les composts produits par Sita Verde n’entrent pas en concurrence avec d’autres produits fertilisants. L’agriculture conventionnelle utilise aussi bien les engrais chimiques qu’organiques. L’agriculture raisonnée ou biologique privilégie les produits naturels. « Les engrais « boostent » la plante, mais pas forcément le sol. Tout ce qui entre et sort de notre site est 100% naturel. Nous avons une gamme pour les professionnels et une autre pour les particuliers. Ce qui nous intéresse, c’est le capital sol. Nos composts enrichissent et équilibrent les sols et apportent une correction sur le long terme. En 2020, les engrais chimiques auront quasiment disparus. Nous serons alors les acteurs majeurs de la fertilisation organique des terres agricoles »,
affirme Fritz Ceril.

Sita Verde s’implique également auprès de la Chambre d’Agriculture, de l’INRA ou du CIRAD pour débattre des nouvelles approches de traitement des sols. « Par exemple, nous proposons la pose d’un mulch que nous produisons. C’est une sorte de paillage grossier et humide pour protéger les sols, éviter le désherbage chimique et empêcher l’évaporation. » Ce travail d’information et d’implication, les hommes de Sita Verde le portent également dans les écoles et les collectivités locales.
« Il ne faut pas oublier qu’il y a à peine 15 ans, les 50000 tonnes de déchets verts que nous traitons partaient dans les décharges à ciel ouvert ou étaient répandues n’importe où ! Donc nous participons au nettoyage de la Guadeloupe, en évitant les dépôts sauvages, les rongeurs et l’utilisation d’insecticides dans les ravines. Nous avons également un protocole de réception et de traitement des algues sargasses. Notre personnel est formé et protégé dans les cas d’émanation gazeuse. Nous les introduisons dans la production d’un compost fertilisant très performant, le Fertigwa », précise Fritz Ceril.

Sita Verde est donc un acteur prépondérant d’une agriculture éco-responsable. Son savoir-faire et son expertise en matière d’installation et de gestion d’une plate-forme de compostage s’exportent en Martinique ou à Saint-Martin. « Notre procédé industriel copie ce qui se fait dans les sous-bois et la forêt. Nous laissons faire les bactéries et les insectes décomposeurs pour permettre une décomposition 100% naturelle », conclut-on chez Sita Verde.