Chevillard, opticien historiquement impliqué dans les solutions d’aide à la basse-vision, vient de signer une convention avec le comité AVH (association pour aveugles et malvoyants). Objectif ? Rendre accessible aux malvoyants une toute nouvelle technologie : placé sur les montures, ce petit dispositif permet de reconnaître et lire tout ce que la personne pointe avec son doigt.
Une révolution…

Par Benjamin Postaire

MyEye est un système nomade et intelligent qui s’adapte sur tous types de montures de lunettes et permet de reconnaître et lire tout ce que la personne qui l’utilise pointe du doigt. Chevillard en devient le distributeur exclusif à La Réunion, grâce à son partenaire Essilor qui le distribue en métropole. Mais la technologie seule ne suffit pas. Financement, utilisation, contraintes administratives… autant de facteurs à prendre en compte et Chevillard l’a bien compris. « Notre approche est globale, explique Antoine Demongeot, directeur de Chevillard. En plus de financer, nous souhaitons accompagner, aider, fluidifier… »

Il est vrai que Chevillard, premier opticien à s’installer à La Réunion en 1946, a toujours été un acteur à la fois précurseur et engagé. « En 1963, nous sommes les premiers à commercialiser des lentilles de contact, rappelle le directeur. En 1978, les premiers encore à proposer des prothèses oculaires pour les personnes aveugles ». L’entreprise travaille également avec le Centre de rééducation de déficients visuels HORUS, au Port, avec l’un de ses opticiens qui intervient bénévolement. « C’est pourquoi nous avons toute la légitimité et la crédibilité pour proposer une solution comme MyEye », précise Antoine Demongeot

MyEye, c’est donc un petit dispositif numérique équipé d’une caméra et d’un écouteur à conduction osseuse qui se place sur la monture des lunettes. Il est relié à un boîtier de commande regroupant la batterie et un ordinateur doté d’intelligence artificielle et de capacité d’apprentissage. Il suffit de pointer un texte du doigt et MyEye le capture puis le restitue oralement en moins de deux secondes. Grâce à son intelligence artificielle, le dispositif est également capable de nommer une personne dont il a appris le visage.

« Son visage s’est illuminé… »

Une technologie de pointe et, surtout, un outil formidable pour rompre l’isolement dont sont victimes les personnes malvoyantes. « Il y a un sous-équipement et une sous-information des personnes aveugles et malvoyantes à La Réunion, explique Antoine Demongeot. C’est un cercle vicieux qui va du manque de ressources à l’isolement social. »

C’est la raison pour laquelle Chevillard ne va pas se contenter de commercialiser MyEye.

Dans le cadre de la convention-partenariat, un fonds de 30 000 euros a déjà été créé et alloué par Chevillard à l’association AVH Réunion Océan Indien. L’enseigne s’est également engagée à verser 1 euro à l’association pour chaque lunette optique vendue dans ses magasins et proposera à ses clients de faire de même. L’enveloppe doit permettre d’aider au financement du reste à charge du patient, pouvant atteindre 2 000 €. Une assistance administrative pour les demandes d’aides, des solutions pour fluidifier les délais d’instruction des dossiers (entre quatre mois et un an) ou encore un accompagnement pour la prise en main de la technologie sont également prévus.

« Pour être transparent, nous ne gagnons pas d’argent avec MyEye, assure Antoine Demongeot. C’est beaucoup de temps et d’énergie ». Leur récompense, le directeur et son équipe la trouvent ailleurs. « Hier encore, j’ai vu une dame essayer MyEye. Son visage s’est illuminé quand elle a commencé à lire un magazine seule. »