Au Crédit Agricole, l’argent des Guadeloupéens sert à la Guadeloupe. 100% locale, cette banque régionale de plein exercice (BRPE), dont siège et pouvoir de décision
sont implantés en Guadeloupe, est leader sur son marché. Et si traditionnellement le Crédit Agricole finance l’agriculture, c’est désormais un acteur majeur du développement économique global de notre archipel. Démonstration avec Benoit Leduc, directeur général du Crédit Agricole Mutuel de Guadeloupe, et Emile Lafortune, président de la caisse régionale de Guadeloupe.

Propos recueillis par Julie Clerc

Comment, au fil des décennies, le Crédit Agricole s’est-il imposé comme leader sur le marché guadeloupéen ?

Emile Lafortune : Créé il y a 130 ans par des agriculteurs du Jura soucieux d’accéder à un soutien financier pérenne, le Crédit Agricole s’implante en Guadeloupe peu après sous l’impulsion des agriculteurs de Gourbeyre. Dans les années 1960, rayonnant au-delà de son champ de compétence initial, l’agriculture, il s’est fortement développé en s’adressant progressivement à l’ensemble du marché (particuliers, professionnels et entreprises). Ce faisant, il a participé à la bancarisation de la population – jusqu’ici on était payé en espèces à la fin du mois ! –, proposant de l’épargne et le financement de projets (crédit immobilier, crédit à la consommation et aux entreprises), y compris le financement des travaux d’infrastructure des collectivités. Répondant aux besoins de la population à toutes les époques, il est naturellement devenu leader et compte aujourd’hui 100 000 clients et 25% de part du marché. Un Guadeloupéen sur quatre est au Crédit Agricole !

Banque mutualiste et locale, le Crédit Agricole Mutuel de Guadeloupe revendique sa différence dans un paysage bancaire guadeloupéen en forte mutation. Concrètement, comment cela se traduit-il ?

Benoit Leduc : Le Crédit Agricole est une banque coopérative responsable devant des sociétaires et non des actionnaires. Le groupe totalise 39 caisses régionales. Celle de Guadeloupe rassemble 16 caisses locales avec conseils d’administration et présidents qui, chaque année, rendent des comptes à leurs sociétaires. Des rencontres parfois corsées, il faut savoir accepter les critiques… Mais en tant que banque du territoire, nous nous devons de les honorer!

Notre réseau, c’est 31 agences et 9 Points Verts répartis sur l’archipel : Saint-Barthélemy, Marie-Galante, avec des projets pour les Saintes et la Désirade. Avec 300 millions de crédits distribués annuellement à l’économie (aux particuliers, professionnels, entreprises et collectivités), nous soutenons puissamment la dynamique locale. En outre, le Crédit Agricole Mutuel de Guadeloupe est l’une des seules banques à participer au développement de l’agriculture, soutenant la production de canne, de banane et de produits de la diversification.

Emile Lafortune : Nous nous distinguons de par notre terrain de jeu, 100% guadeloupéen. L’archipel est notre unique lieu de présence, de décision et d’action. Contrairement à nos concurrents implantés nationalement ou sur les Antilles-Guyane, nous sommes une banque régionale de plein exercice (BRPE) : notre gouvernance – conseil d’administration et direction générale – est en Guadeloupe.

L’épargne de nos clients sert à financer les projets des Guadeloupéens : nos résultats restent ici et sont réinvestis localement. Notre rigueur de gestion et notre grande proximité avec nos clients tient à cette obligation d’être en  adéquation avec notre territoire : nous n’avons pas de relai de croissance ailleurs ! La notion de durée guide tous nos actes.

Benoit Leduc : Si le Crédit Agricole n’était pas là, une grande partie de l’économie guadeloupéenne n’existerait pas ! Depuis dix ans, de nombreux établissements se sont retirés. Nous sommes toujours là. C’est tout le sens de notre engagement territorial : nous ne sommes pas là pour faire un business ponctuel, mais pour agir dans la durée. Et nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur la solidité du groupe Crédit Agricole, le premier de France et l’un des plus grands au niveau européen, qui met à notre disposition crédit bail, assurances, banque d’investissement, banque privée…

Emile Lafortune : En outre, nous donnons la priorité au conseil, une expertise qui ne se trouve pas sur Internet ! Le Crédit Agricole est joignable partout depuis un smartphone ou une tablette, mais il nous faut des hommes et des femmes qui écoutent et orientent nos clients. Nous investissons plusieurs millions d’euros dans la rénovation de nos agences. Nous aurions pu réduire à minima le nombre de salariés et d’agences, mais nous voulons être au plus près du territoire. S’il y a un problème sur Internet, il y a toujours une porte à pousser et un décisionnaire sur place pour vous recevoir.

Benoit Leduc : Nous avons signé des conventions avec presque toutes les communes de Guadeloupe pour accorder, avec l’appui des CCAS, du micro crédit aux personnes à revenus modestes : quelques milliers d’euros qui permettent d’acheter un scooter pour reprendre le travail ou de faire face à un divorce…

Les caisses locales soutiennent les initiatives du territoire :
projets associatifs, culturels ou sportifs tels que la compétition cycliste « Les Six jours du Crédit Agricole ». En juin, nous avons organisé « Les Talents Gourmands », mettant à l’honneur les produits locaux et les jeunes professionnels de la gastronomie comme l’artisan chocolatier Naomi Martino ou le producteur de vanille Cédric Coutellier, ou encore les deux restaurateurs Arnaud Bloquel et Miguel Jean-Noël.

Dans la même optique sera bientôt créée la Fondation Crédit Agricole Mutuel de Guadeloupe, sous l’égide de la Fondation de France. Ses ressources financières – 50 000 euros par an ! – proviendront des deux centimes versés par la banque à chaque opération réalisée à l’aide d’une carte bancaire sociétaire.

Que doit le Crédit Agricole au duo directeur général – président ?

Emile Lafortune : J’ai pris la suite de Christian Flereau qui a œuvré pendant 29 ans à la présidence du conseil d’administration. Je suis administrateur depuis 25 ans et responsable d’une exploitation agricole en Grande-Terre, je connais le territoire. La direction générale, elle, possède l’expérience et l’expertise bancaire. Ce duo a la responsabilité de 400 salariés, de 136 administrateurs et de l’économie difficile d’un territoire.

Benoit Leduc : Notre sujet le plus cher est la qualité de la relation avec nos clients. Nous travaillons à un nouveau projet d’entreprise pour investir d’avantage l’écoute, le conseil et la relation digitale. Nous interrogeons nos clients pour identifier leurs attentes. D’ailleurs, nous ne parlons plus de plan d’action commerciale, mais de plan de relation client. L’écoute de nos clients nous permet de répondre à leurs besoins; le client décide en fonction de ses projets ou de son moment de vie: achat de maison, retraite, séparation, succession. Et lors de nos nombreux déplacements sur le terrain, nous nous rendons toujours disponibles. Chez nous, le terme de proximité a du sens.

Vos perspectives d’avenir ?

Benoit Leduc : L’avenir ne se construit que si on en a les moyens. Depuis vingt ans, le Crédit Agricole est rentable, bien géré et possède de solides fonds propres, contrairement aux établissements bancaires qui se restructurent car non rentables !

Emile Lafortune : Avec un potentiel de 400 000 clients, nous devons toujours être au top pour servir durablement les Guadeloupéens et être utiles à notre territoire. Ce ne sont pas nos actionnaires, mais notre territoire qui exige des résultats. Nous avons une vraie responsabilité envers notre archipel.