Bienvenue dans le monde fantasque des photographies de Léa Magnien. Par ses images colorées, elle bouscule les normes et réveille notre inconscient collectif. Laissons-nous envoûter…

Par Alice Colmerauer

Léa Magnien est costumière et photographe. Ses travaux portent sur la représentation de « l’Autre » et de « l’ailleurs ». « J’ai un regard familier, car j’ai grandi en Guyane, mais aussi exotique, telle une touriste, car je suis allée vivre en Métropole pour mes études », explique-t-elle.

Dualité du regard

Son projet “cartes postales de Guyane” a été réalisé au cours d’une résidence d’artiste financée par la DAC (Direction des Affaires Culturelles) et accueillie par le CIAP (Centre d’Interprétation d’Architecture et du Patrimoine). Léa Magnien y aborde les identités guyanaises par des références aux différentes cultures de ce territoire, dans des mises en situation bien spécifiques. On y retrouve, par exemple, la légende urbaine assurant que des hommes se cachent parfois sous le costume des « touloulous » ! Une ambigüité permanente se dégage de ces images entre la construction (mise en scène, objets détournés) et le naturel (modèles amateurs, lieux connus). « Ce sont les petites maladresses des personnes qui posent pour moi qui laissent transparaître un côté très humain », avoue Léa Magnien. Le spectateur est troublé : il ne sait pas, l’espace d’un instant, si la scène a vraiment eu lieu ou si le personnage a existé.

Art urbain

Avec Quentin Chantrel, elle créé le collectif Palanakɨlɨ (mot amérindien qui désigne les « esprits de la mer », c’est à dire les colons arrivés depuis le littoral). Un de leurs projets, soutenu par la Direction des Affaires Culturelles, est de faire une série de shootings au marché de Cayenne puis d’exposer ces photos sur place en grands formats. « On retrouve en Guyane une grande diversité, culturelle et vestimentaire. Nous cherchons à comprendre les rapports entre les différentes communautés. L’exotisme est un point de vue et les points de vue sont multipliés ici par toutes les cultures ».
Le marché serait ainsi un lieu d’exposition éphémère puis, pourquoi pas, permanent ? D’autres artistes viendraient alors s’y produire et l’art s’inviterait dans la vie quotidienne des Guyanais.

L’artiste exposera ses œuvres du 14 au 17 septembre à  l’occasion des Journées du patrimoine, au Camp de la Transportation à Saint-Laurent-du-Maroni. Et en novembre en off du Festival des Rencontres Photographique de Guyane, au showroom PK13 de Pierre Demonchaux.