Le 1er salon de la Santé et de la Prévention au Travail se tiendra les 25 et 26 novembre prochains au complexe World Trade Center de Baie Mahault en Guadeloupe. Ce grand rassemblement de professionnels de l’entreprise, de la sécurité et de la santé, entend poser les bases d’une réflexion saine et pertinente sur les risques liés au monde du travail en créant un dialogue entre ces différents partenaires. Partant du constat que les conditions de travail sont plus souvent un objet de conflit que de discussion, la CGSS de Guadeloupe invite chacun de nous à s’exprimer de façon constructive sur un sujet de société désormais incontournable. Rencontre avec Annick Minatchy-Celma, ingénieur conseil Régional directrice des risques professionnels à la CGSS, qui nous ouvre les portes du salon.

Caribmag : Annick Minatchy-Celma bonjour, ce 1er salon de la santé au travail, est-ce un projet de longue date ? Comment avez-vous pris conscience de sa nécessité ?

Annick Minatchy-Celma : Le projet de salon date de 2009 et a été le fruit d’un travail partagé à différents niveaux : avec les collaborateurs du service, avec la direction de la Caisse et bien entendu avec les partenaires sociaux qui sont au cœur de la définition des orientations en matière de santé au travail. Il est important d’offrir à chacun le soin de faire le lien entre son travail et sa santé et d’informer nos Très Petites Entreprises sur les obligations légales en matière de santé au travail.

CM : Le sujet des risques au travail et de leurs conséquences est-il encore parfois tabou ? Vos partenaires se sont-il investis avec enthousiasme dans ce projet ?

AMC : Les représentants des employeurs et des salariés, mais aussi les partenaires institutionnels tels que le service de santé au travail (CIST) et la direction du travail (DIECCTE) ont totalement adhéré au projet. En effet, il existe encore trop de salariés qui ne sont pas suivis par un médecin du travail et très peu d’entreprises répondent à l’obligation réglementaire d’avoir effectué leur évaluation des risques professionnels traduite dans un document unique.  Hormis, cette obligation, faire de la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles une priorité est un véritable enjeu sociétal.

CM : Quels sont selon vous les risques et les moyens de prévention sur lesquels il faut communiquer en priorité ?

AMC : Ceux qui coûtent cher sur le plan humain et sur lesquels il existe un véritable enjeu à mener des actions de prévention. Les risques prioritaires sont principalement les risques de cancers professionnels, les troubles musculo-squelettiques (lombalgie, tendinites…), le risque routier professionnel et le dernier et non des moindres, le risque psycho-social. Des secteurs aussi, sont ciblés : le BTP, la grande distribution et l’intérim et l’agriculture.

CM : Le report récent du départ en retraite qui a fait polémique est probablement un facteur aggravant de la situation. Comment peut-on accompagner les seniors afin qu’ils vivent au mieux leurs dernières années d’activité professionnelle ?

AMC : Il y a obligation aujourd’hui, pour les entreprises de plus de cinquante salariés dont plus de la moitié des salariés est exposée à des facteurs de pénibilité, de conclure un accord « pénibilité » avec les instances. En analysant ces facteurs de pénibilité au travail, des actions de prévention peuvent être conduites pour  les supprimer, voire réduire l’exposition des salariés.

CM : Il existe un phénomène peu connu mais qui touche de nombreuses personnes : la désinsertion professionnelle. Une sorte de « renoncement » au monde du travail qui peut avoir des conséquences graves. De quoi s’agit-il précisément ?

AMC : Le constat est le suivant : 1 personne sur 2 en arrêt de travail de plus de six mois ne reprend pas son activité. La prévention de la désinsertion professionnelle correspond à la dynamique que vont mettre plusieurs acteurs à prévenir la perte d’emploi d’un salarié suite à l’altération de son état de santé. Une conférence est dédiée sur ce thème « situations sensibles, populations fragiles : un débat nécessaire » le vendredi 25 novembre.

CM : Lors de ce salon vous mettez en avant le secteur de laide et du soin à domicile, pourquoi celui–ci en particulier ? 

AMC : C’est un secteur avec un nombre croissant de salariés, en majorité féminin et d’âge moyen avoisinant la quarantaine. Le nombre de maladies professionnelles de type TMS est également en forte augmentation. Or si nous avons un droit d’accès et de regard sur les conditions de travail dans l’entreprise, nous ne l’avons pas chez le particulier employeur. Il était donc urgent de mettre en place un dispositif permettant  aux intervenants à domicile d’être garants de leur santé et aux structures de veiller aux conditions de travail de leurs salariés.

CM : Vous nous parliez d’une pièce de théâtre destinée aux visiteurs sur le thème des conditions de vie au travail qui ne s’expriment que dans la confrontation : on imagine que l’humour fera passer un message important. Pouvez-vous nous en dire plus ?

AMC : S’informer pour agir en prévention. J’invite donc tout un chacun à venir voir la pièce de théâtre «  Les risques du métier » réalisée par Nathalie Laul avec la participation de Joël Jernidier qui sera jouée le 25 Novembre (à 15h30) et le 26 Novembre (à 10h et à 14h).

Retrouvez toute l’actualité du salon sur le site web : www.salonsanteprevention971.venez.fr