Willy Angèle, président du Medef de Guadeloupe, fait le point sur la création d’un Fonds d’Investissement de Proximité dédié aux PME d’outre-mer. Un outil incontournable pour stimuler l’économie guadeloupéenne.

Caribmag : Un Fonds d’Investissement de Proximité (FIP) vient d’être mis en place dans les territoires d’Outre-Mer. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Willy Angèle : La finalité de ce premier FIP outre-mer est essentielle : régler le problème du système financier des entreprises qui n’est pas suffisamment performant. En effet il n’existe à l’heure actuelle aucun outil de financement pour la création ou le développement des entreprises guadeloupéennes, aucune offre de capital développement alors que le système bancaire n’est pas en mesure de le faire. Ce fonds, qui fait appel à l’épargne publique, apporte une solution nouvelle.

CM : Qu’est-ce qui a motivé sa création ?

WA : Au départ, en 2009, certains septiques nous disaient, “c’est une utopie, ce n’est pas envisageable”. Or, quand l’on sait que le niveau d’épargne atteint près de 25 milliards d’euros sur les quatre DOM, c’est que le potentiel existe ! Pour le rendre rapidement opérationnel, une relation étroite a été établie entre plusieurs acteurs économiques locaux (parmi lesquels le Medef, la CCI, l’AMPI, ndlr) et la société de gestion Generis Capital Partners agréée par l’Autorité des Marchés Financiers (AMF). C’est cette société de gestion qui sera en charge d’organiser la campagne de collecte de l’épargne publique.

CM : Concrètement, comment ce FIP va-t-il contribuer au financement des PME ?

WA : Le FIP GenCap Outre-Mer, qui ambitionne de lever entre dix et vingt millions d’euros, prendra des participations en capital dans des entreprises locales opérant sur un secteur porteur et présentant un projet de développement structuré. Tous les secteurs sont concernés à l’exception du commerce et de certains secteurs spécifiques comme les activités immobilières ou bancaires.

CM : Quels seront les avantages du point de vue des épargnants ?

WA : Les fonds collectés par le FIP GenCap Outre-Mer proviendront des versements de contribuables désireux de bénéficier des avantages fiscaux liés à ce type de produit. Ils se traduisent soit par une réduction d’impôt de 50% pour les résidents des DOM et COM, soit par une réduction d’impôt de 22% pour les autres contribuables français qui souhaiteraient apporter leur contribution au développement économique de leur région d’origine.

CM : En quoi cela représente-t-il une vraie avancée pour l’économie guadeloupéenne ?

WA : Ce système de financement n’existait pas sous la forme d’un FIP. On passe désormais à un niveau de sophistication de gestion du système financier. Bien sûr, ce n’est pas suffisant, mais au moins cela peut permettre de financer un certain nombre de projets. Il s’agit de mettre le capital local au service du développement local.

Désormais, nous allons voir si les Antillais veulent prendre part au développement de leur territoire. C’est une démarche pragmatique, symbolique, et de politique économique.