Expert comptable et commissaire aux comptes, Philippe Jock vient, à cinquante ans, de prendre les rennes du Medef de Martinique. Membre du Conseil d’Administration de l’organisation patronale depuis deux ans, il a remplacé Cyril Comte en août dernier. Pour MadinMag, il détaille sa feuille de route qui s’articule autour de trois axes : le dialogue social, l’emploi des jeunes et le lobbyisme auprès des collectivités.

Quel est votre objectif en tant que patron des patrons martiniquais ?

En toute modestie, j’espère pouvoir contribuer au développement économique et social de la Martinique. Le Conseil d’administration a été renouvelé en juillet et nous avons défini les trois axes majeurs que sont le dialogue social, l’emploi des jeunes et la volonté d’être une force de proposition auprès des collectivités.

Que faut-il faire justement pour améliorer le dialogue social ?

Agir sur l’amélioration du dialogue social entre les branches dont certaines sont très dynamiques : le bâtiment, l’agriculture ou encore la filière canne-sucre-rhum. Un dialogue doit s’installer entre elles. Il faut aussi avoir des réflexions sur l’égalité homme/femme, la gestion des carrières et la gestion sociale.

Depuis trois mois, je me suis entretenu avec la plupart des centrales syndicales. Il m’en reste encore trois à rencontrer. Nos échanges sont francs et directs. Se dire les choses, c’est essentiel.

Comment ressentez-vous le climat social actuel, celui d’après février 2009 ?

Il y a aujourd’hui une prise de conscience que la crise est largement répandue. Je crois que les patrons ont retenu certaines leçons et sont plus ouverts au dialogue. Il reste de la méfiance.

Le Medef veut aussi se pencher sur le chômage des jeunes…

Près de 60% des jeunes Martiniquais ne trouvent pas d’emploi et il est cependant difficile pour les entreprises de recruter en période de crise. Il faut évaluer nos besoins à plus ou moins long terme tout en pensant à adapter la formation aux besoins des entreprises.

D’autant plus que cette population est segmentée, entre des personnes surdiplômées d’un côté et des problèmes d’illettrisme de l’autre.

…et se faire entendre des collectivités.

Il faut continuer à être une force de proposition auprès des collectivités régionales. Aujourd’hui, nous sommes conscients que le développement économique passe par les entreprises même si c’est la collectivité régionale qui décide de son orientation.

La loi de finance 2012 prévoit la fin d’une partie des dispositifs de défiscalisation en outre-mer. Mauvaise nouvelle ?

Je pense qu’il est temps d’admettre qu’il ne faut plus compter que sur nous-mêmes. Si même des dispositifs tels que la défiscalisation sont remis en question… Le discours ambiant qui veut que l’outre-mer contribue au redressement de l’économie nationale je veux bien l’entendre. Mais on ne peut pas faire plus, donner au-delà de nos capacités contributives.

D’autant plus que la défiscalisation n’est pas une niche fiscale mais un dispositif qui avait pour vocation de contribuer à limiter les handicaps de nos économies insulaires.