Alexandre Ramsamy et Régis Grivaud sont respectivement directeur d’exploitation et responsable de la filière DEEE (déchets d’équipements électriques et électroniques) chez AER en Guadeloupe. Nous les avons rencontrés afin de faire le point sur les prochaines échéances de la société spécialisée dans le traitement des ferrailles et des DEEE.

Au cours du premier trimestre 2012, AER présentera sa certification ISO 14001. Pouvez-vous nous expliquer ce que cela implique concrètement ?
Alexandre Ramasamy : La certification est en cours, nous devrions arriver à la fin du processus en avril 2012. La norme ISO 14001 est quelque chose de fondamental pour une société comme la nôtre dans la mesure où cette certification renforce le professionnalisme de notre société. C’est une norme basée sur le respect de l’environnement et qui impacte tous les secteurs de la société, des filières de traitement des déchets à la gestion du personnel.
Régis Grivaud : Cette norme implique une traçabilité maximale des déchets que l’on traite. Il faut par exemple émettre un bon de suivi pour chaque déchet, ce qui permet une remontée quotidienne d’informations et surtout un contrôle accru des taux de valorisation. Elle permet en outre de connaître de manière très précise la quantité de matière traitée.

Est-ce contraignant à mettre en place ?
RG : Il faut bien comprendre qu’une démarche Qualité ou Environnement n’est en aucun cas une contrainte pour une entreprise. Au contraire, elle permet de travailler dans de meilleures conditions et d’affirmer un positionnement très clair en matière de qualité de recyclage, c’est très important pour nous de respecter totalement notre arrêté préfectoral. La norme ISO 14001 permet de pointer, au jour le jour, les aspects qui doivent être améliorés. L’année 2012 sera pour AER une année d’audit. Mais nous sommes prêts.
AR : La norme 14001 est aussi un gage de sérieux pour AER, qui doit nous permettre par exemple d’obtenir des marchés en Guadeloupe bien sûr, mais aussi en Martinique et en Guyane. Nous sommes d’ailleurs déjà prêts à accueillir le traitement des DEEE sur notre territoire.

Un récent décret oblige les entreprises de la filière DEEE à valoriser les déchets à hauteur de 85%. Qu’en est-il de son application chez AER ?
AR : Nous n’avons pas attendu le décret de février 2011 puisque ça se faisait déjà auparavant. Notre prochain défi, c’est d’atteindre 100% de déchets valorisés ! Vous savez, il existe avec les éco-organismes des obligations techniques très contraignantes qui garantissent ces niveaux de recyclage.
RG : Le décret de février 2011 implique la revalorisation d’un maximum de matières à partir de réfrigérateurs, climatiseurs, lave-linge, lave-vaisselle, écrans et petit électroménager etc. Par exemple, pour les réfrigérateurs, nous avons une obligation de dépollution qui nous force à extraire et à récupérer les gaz CFC ou HCFC, très nocifs pour la couche d’ozone. Et nous récupérons également les huiles dans lesquelles baignent les compresseurs des réfrigérateurs… En octobre dernier, nous avons également mis en place une chaîne de démantèlement pour écrans de télévisions et d’ordinateurs.

La filière DEEE est donc une filière porteuse d’emploi ?

RG : Oui, c’est une filière en pleine expansion. Nous avons créé trois emplois ces trois derniers mois, et plus d’une dizaine en moins de deux ans. Et ce n’est pas terminé car le territoire Guadeloupéen n’est pas encore totalement maillé en termes de point de collecte. Marie-Galante nous rejoindra très prochainement d’ailleurs et Goyave est en attente.

Quel est le niveau de traitement des déchets DEEE en Guadeloupe et aux Antilles ?
RG : Pour 2014, l’Union Européenne impose un traitement de 10kg de DEEE/an/habitant. En Guadeloupe, nous sommes aujourd’hui à sept ou huit kilos par personne ce qui est plutôt positif. En revanche, la Martinique et la Guyane sont un peu en retard sur ce point. Nous recyclons 3500T en Guadeloupe pour 850T en Martinique, qui a démarré avant nous, et 260T en Guyane mais c’est normal pour eux, c’est le démarrage. Il faut absolument que les gens et les collectivités comprennent que cette filière est prise en charge totalement par les éco-organismes (Ecologic, Ecosystemes et ERP), et qu’elle est entièrement gratuite. C’est important de le signaler et surtout de le faire savoir. Les éco-organismes ont une personne sur place qui nous aide dans nos démarches.