Servir d’abord. La devise du Rotary, le plus connu des clubs-service, affirme un engagement fort. Hervé Honoré, gouverneur du district 7030, réunissant 13 pays et territoires du sud de l’Arc caribéen et de l’Amérique du Sud, témoigne de cet engagement.

 

Comment le Rotary se positionne-t-il dans le paysage des clubs-service ?

Créé en 1905, le Rotary est le plus ancien des clubs-service, celui qui compte le plus de membres, avec près de 1 200 000 personnes et 34 000 clubs à travers le monde. Ceux-ci sont regroupés en 532 districts, dirigés par autant de gouverneurs élus par les clubs du district. C’est celui qui finance le plus d’actions, avec la plus forte capacité financière.

C’est la force du nombre qui donne son assise au Rotary. Cela lui permet de réaliser sa mission, dans toutes ses dimensions. En se fédérant, en s’unissant, en mutualisant leurs efforts, des hommes et des femmes de bonne volonté contribuent ainsi activement à changer le monde. Le Rotary rend le monde un peu meilleur chaque jour. Et c’est grâce à notre taille critique.

 

Quel est l’impact du Rotary à l’échelle de votre district ?

Le District 7030 couvre des territoires aux situations sociales et historiques très différentes : 3 langues, 2 000 Rotariens, réunis dans 69 clubs. Nous sommes une vraie exception culturelle au sein de l’organisation. Un véritable laboratoire rotarien d’intégration de la diversité. Nous avons déjà un impact symbolique et opérationnel fort à l’échelle de l’organisation.

En ligne avec notre mission de service, nous menons de nombreuses actions sur les territoires de notre district. Leur but principal est d’améliorer les conditions de vie des populations. À Sainte-Lucie, par exemple, ce sont 3 000 familles qui ont eu accès à l’eau grâce au financement d’un projet d’un demi-million de dollars, financé par le Fond Rotary, l’organe de financement de projet de l’association. Au Surinam, ce sont des puits d’eau créés. Dans les autres îles, ce sont des centres de la mère et de l’enfant ou des actions d’alphabétisation. En Martinique, nos membres organisent des concerts de collecte de fonds, financent la rénovation d’établissements pour les personnes âgés, organisent le Prix du lycéen, ou mènent des actions de lutte contre la dengue.

Dans certaines îles de la Caraïbe, l’impact du Rotary est stratégique. Les gouvernements en sont bien conscients, et sont souvent nos principaux partenaires.

 

Comment s’arbitre l’engagement local de proximité, face à la mission globale de l’organisation ?

Nos membres se réunissent, chaque semaine, pour décider d’actions à mener et de moyens de les financer. Les clubs sont indépendants, proactifs et assurent la nécessité de proximité de nos différentes actions.

Les districts et le conseil d’administration contribuent, quant à eux, à insuffler une vision plus globale, s’inscrivant dans le long terme. C’est ainsi que notre district a défini l’accès à l’eau potable comme une priorité. Ces structures ont des budgets dédiés.

Il faut comprendre que le Rotary a une organisation très plate, vraiment centrée sur le support des missions des clubs. Ainsi, le 1er juillet de cette année va être marqué par le lancement de notre “Vision pour l’avenir”, un grand plan international de décentralisation de la gestion des budgets pour les replacer au niveau des clubs.

 

Votre district a-t-il de bonnes pratiques à partager, s’agissant de l’intégration caribéenne ?

Nous la pratiquons effectivement au quotidien. Nous fédérons les principaux acteurs économiques et sociaux de la sous-région. Les protocoles, les valeurs de camaraderie, le partage de fait de valeurs, facilitent grandement ces relations. Ce qui en ressort, c’est que l’humilité, la considération d’égal à égal, et le fait de donner avant de recevoir sont des facteurs clés d’un dialogue constructif et d’une relation de confiance.

Au-delà de cela, nous pouvons être un vrai acteur de l’intégration caribéenne, au sens large, de par notre impact et notre couverture globale. Nous organisons, par exemple, un événement important dans la vie de notre district, en avril 2014. C’est entre 600 et 1 000 de nos membres, venus de tous les territoires de notre district, qui seront présents en Martinique pour partager sur nos valeurs. Cela sera un moment fort de notre année, qui représente un petit mais non négligeable facteur d’intégration caribéenne.

 

Votre engagement au Rotary a-t-il eu un impact sur votre façon d’entreprendre ?

Le Rotary est une organisation profondément humaniste. Elle me conforte chaque jour dans l’idée qu’on peut entreprendre de manière humaine, inclusive et humble, tout en produisant des résultats.

Avoir des responsabilités dirigeantes au sein de cette organisation permet aussi d’affirmer ses qualités de chefs d’orchestre. Les membres du Rotary sont, en général, d’autres chefs d’entreprise, ou des responsables d’organisations. Les mener requiert un sens plus prononcé du compromis, de la gestion de la motivation et des équipes.

Pour finir, c’est aussi un moyen de rompre l’isolement, de partager, d’apprendre, de découvrir de nouvelles cultures, de nouvelles façons de penser… Bref, de s’enrichir au quotidien.