Aérowatt a le vent en poupe.

La société spécialisée dans la production d’électricité “verte” vient de remporter trois appels d’offre concernant la construction et l’exploitation de centrales éoliennes aux Antilles. Deux projets pour la Guadeloupe et un pour la Martinique.

Pendant près d’une décennie, le secteur de la production d’énergie éolienne semblait en panne dansles territoires d’Outre-mer. Parmi les raisons invoquées, les professionnels du secteur ont souvent mis en avant le trop faible prix auquel EDF rachetait le kilowatt-heure (kWh) dans le cadre de son obligation de rachat : 11 centimes d’euros dans les DOM contre 8 centimes en France métropolitaine, et ce en dépit de nombreux surcoûts liés notamment à  l’éloignement, à la présence de cyclone, aux coûts élevés du génie civil… sans compter les coups de rabot à la défiscalisation ou la diminution des aides européennes. Hormis quelques projets épars,l’équilibre économique était donc devenu bien difficile pour les acteurs de l’éolien.

D’où l’idée de l’État de lancer une consultation afin de demander à ces mêmes acteurs à quel prix il faudrait qu’EDF rachète le kWh et de lancer un appel d’offre, en 2010, pour le développement de l’éolien terrestre dans les départements d’outre-mer et en Corse. Et parmi les neuf projets attribués en février 2012, trois l’ont ainsi été à la société Aérowatt, présente historiquement dans les DOM puisqu’elle gère notamment des exploitations à la Désirade, à Marie-Galante, ou encore au Vauclin en Martinique. Cette fois, les trois projets concernent le site de Petite- Place à Marie-Galante, celui de Dadoud à Petit- Canal et celui de l’habitation Dehaumont au Marigot en Martinique et représentent près de 45 millions d’euros d’investissement, pour un prix de vente à EDF compris entre 15 et 17 centimes d’euros le kWh. « Cet appel d’offre est une très bonne nouvelle pour le secteur, souligne Jérôme Billerey, Président du directoire d’Aérowatt. Cependant, ces projets font appel à la défiscalisation et l’on ne sait pas ce qu’il adviendra de ce dispositif dans les mois à venir. Mais cela fait partie du jeu. » A Marie-Galante, le projet consistera ainsi en la modernisation de la centrale existante pour une augmentation de la capacité de production de 2,5 MW grâce à l’implantation de neuf nouvelles éoliennes de 275 kW chacune. A Petit-Canal, la commune la plus éolienne de Guadeloupe, sept machines de 70 m de haut et de 60 m de diamètre seront installées pour une capacité de production totale de 7 MW. Enfin, neuf machines de 1 MW seront également mises en place au Marigot en Martinique. Au total, ces nouvelles éoliennes qui sortiront de terre en 2012 et 2013 produiront un peu moins de 20 MW. Aérowatt mettra par ailleurs en oeuvre sur ces centrales des technologies de stockage d’énergie par batterie et de prévision de production. « Le stockage, qui est l’axe majeur de notre service de recherche et développement, était inscrit au cahier des charges de l’appel d’offre afin d’offrir une qualité de fourniture compatible avec le réseau EDF, précise encore Jérôme Billerey. Cependant, je regrette que le gouvernement n’ait pas attribué la totalité des 95 MW prévue dans l’appel d’offre mais seulement 66 MW. Il est dommage de passer à côté de certains projets, de se priver ainsi d’une trentaine de mégawatts supplémentaires. D’autant plus si l’on considère lesobjectifs du Grenelle qui fixent à 50% la part du renouvelable dans la production électrique à l’horizon 2020. On en est encore loin. »

 

Aérowatt en chiffres

130 MW en exploitation en métropole et Outre-mer

25 centrales éoliennes et 35 sites solaires

20,6 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2011

50 millions d’euros d’investissement chaque année

48 salariés