Bienvenue au pays des ZAC  

 

Afin d’offrir une réponse rapide aux besoins de logement des Guyanais, les acteurs de l’aménagement du territoire misent sur la construction massive de zones d’aménagement concerté. Une solution pragmatique qui pose déjà de nouvelles questions.

 Projections de l’Insee à l’appui, la Guyane va devoir faire face à un défi colossal ces vingt prochaines années : l’accroissement spectaculaire de sa population qui devrait compter 424.000 âmes en 2030, soit pratiquement le double des chiffres actuels. Et qui dit explosion démographique, dit problématiques majeures en termes de logement et d’aménagement du territoire.

Pour prendre les devants et ainsi apporter une réponse qui se fait de plus en plus urgente, l’Etat, les collectivités, l’Epag (Etablissement Public d’Aménagement de Guyane), la DEAL ainsi que les bailleurs sociaux et la Fédération du BTP se sont réunis en mars dernier autour d’un maître mot : se mobiliser afin de passer de 500 logements construits en 2006 à 1.500 par an à l’avenir ; 3.700 logements par an seraient pourtant nécessaires. Pour accélérer ce processus, l’État a donc signé un protocole d’accord pour accueillir Habitat en Région, un quatrième opérateur de logement social en Guyane. D’autre part, Bouygues Immobilier étudie avec l’EPAG les conditions d’une implantation dans le département, pour compléter l’offre de construction.

Dans un contexte de raréfaction des finances publiques, la réponse la plus immédiate aux besoins des Guyanais tient donc en trois lettres : ZAC, pour Zones d’Aménagement Concerté. Et à l’échelle de la Guyane, cela donne de véritables villes construites ex nihilo qui s’appuient sur un habitat collectif et l’implantation de commerces, bureaux, ensembles scolaires etc. Celle de Soula par exemple, deviendra la plus grande ZAC de France et rassemblera à l’horizon 2017, 2.600 logements, cinq groupes scolaires et deux collèges. A Saint-Laurent, 1.500 logements seront prochainement construits dans le quartier Saint-Maurice. A Montsinéry, “les Hameaux du bourg” proposeront bientôt 747 logements, dont plus de la moitié en collectif. A Cayenne, l’espace “Hibiscus” mis en chantier en septembre 2011 couvre 25 hectares et offrira au terme 1.330 logements. Enfin, le quartier Vidal à Rémire regroupera prochainement 1.500 logements et trois groupes scolaires.

Le logement collectif est donc la solution choisie par les différents acteurs et décideurs de l’aménagement. Pour Vincent Niquet, le secrétaire général pour les affaires régionales et économiques, les Guyanais devront “s’habituer à vivre dans du collectif“. Même son de cloche pour Jocelyn Ho-Tin-Noé, Premier Vice-président de la collectivité régionale et président de l’Epag, pour qui “un effort conséquent a été fait depuis deux ans pour faire face à l’urgence“.  Léon Bertrand, le maire de Saint-Laurent estime lui que la chance de la Guyane serait d’avoir “de plus en plus de ZAC“. En témoigne la mise en chantier prochaine de la “ZAC Village Chinois” sensée compléter celle de Saint-Maurice déjà saturée.

Reste qu’en dépit de la bonne volonté de chacun, la multiplication des ZAC renferme déjà les germes des problématiques à venir et auxquelles les autorités comme les acteurs privés devront se confronter rapidement : construction d’infrastructures routières adaptées, mise en place de transport collectif à l’échelle de la Guyane, traitement des déchets, respect de l’environnement etc. Le maintien de la cohésion sociale est à ce prix.