Relance. Après dix mois de crise Covid-19, en Martinique, Guadeloupe et en Guyane, la Banque des Territoires est appelée à jouer un rôle contracyclique déterminant. Question de budget, mais aussi de confiance.

Si la décrire comme « grand argentier » du développement et aujourd’hui de la relance est abusif, la Banque des Territoires est un partenaire hors norme pour tous les territoires, sur le continent et en Outre-mer.

Un organisme capable d’investir sur fonds propres des dizaines de millions d’euros (16 millions en 2020 aux Antilles-Guyane en date du 30 septembre) comme de mettre en place des prêts de long terme sur 25 à 40 ans (plus de 200 millions aux Antilles-Guyane en date du 30 septembre, après plus de 400 millions en 2019).

Christophe Laurent - directeur régional Banque des Territoires
Christophe Laurent – Photo Pierre de Champs

« Nous sommes organisés comme une plateforme de solutions et d’outils », présente le directeur régional Christophe Laurent.

De l’ingénierie financière et de l’expertise d’abord, des investissements et des prêts ensuite, pour composer, designer et financer des projets adaptés aux réalités et besoins de chaque territoire.

« C’est une histoire qui s’écrit à plusieurs » complète-t-il, avec les acteurs institutionnels et les élus qui portent une vision pour leur territoire, avec les acteurs privés audacieux qui vont mettre sur pied les bons projets. Tous ensemble, ils accordent leur partition au service du territoire. Avec la crise, l’enjeu est d’accélérer le rythme, de « massifier » les développements.

La Banque des Territoires fera bien sa part avec 20 milliards d’euros d’investissements au titre du plan France Relance.

100% sur fonds propres

« Pas de subventions ». Lorsqu’elle apporte son concours, la Banque des Territoires investit, au sens propre du terme. Et elle le fait exclusivement sur fonds propres, et son entrée en scène permet de provoquer un effet levier « en moyenne 7 fois supérieur au montant débloqué », cite Christophe Laurent.

C’est là la force de frappe de cet organisme. En apportant ses investissements, il apporte un supplément de confiance pour les acteurs bancaires traditionnels et amorce en quelque sorte la concrétisation des projets engagés.

Relance : 20 milliards 

« Un plan de relance de 20 milliards d’euros d’investissements sur 2 ans ». Le chiffre donne le tournis. C’est le montant nécessaire d’une politique contracyclique capable de juguler les effets de la crise sanitaire qui dure depuis le mois de mars.

« Ce montant doit servir à tous les territoires français, sans fléchage régional ou géographique prédéfini, et sans limite pour un territoire donné » poursuit et précise Christophe Laurent.

Autrement dit, tous les bons projets qui seront présentés pourront être accompagnés, « il n’existe pas de plafond qui empêcherait de mener certaines transformations à bien ».

Les seules limites sont propres aux besoins du territoire, à la viabilité des business model présentés et à la mobilisation des équipes pour chaque dossier. 

Voici les 5 grands axes d’investissement du plan de relance :

  • Transition écologique et énergétique (6,3 milliards €)

Pour répondre aux enjeux de la mobilité décarbonée comme de la production d’énergies renouvelables, allant de la géothermie à la préparation aux technologies de l’hydrogène vert.

  • Logement (11,1 milliards €)

Il s’agit de construire et rénover pour répondre aux besoins de logement partout en France. En Guyane où la natalité est galopante, en Martinique et en Guadeloupe où le vieillissement de la population impose un réaménagement et des mises aux normes. 

  • Entreprises (8,3 milliards €) 

Le soutien aux entreprises passera par la création de foncières (foncière tourisme et foncière commerce) capables d’acheter des actifs, et de conduire des rénovations d’envergure par exemple dans les centres-villes de Fort-de-France, Pointe-à-Pitre, Saint-Laurent du Maroni et Cayenne. 

  • Couverture très haut débit et couverture mobile

Pour répondre à un engagement de la Banque des Territoires pris auprès de l’État, pour permettre la connectivité à tous les citoyens en tous points du territoire et garantir l’accès au télétravail, au suivi pédagogique à distance, à l’essor de la télémédecine etc.

  • Cohésion sociale (500 millions €) 

La Banque des Territoires a vocation à s’insérer dans les projets locaux d’aménagement et d’accueil des personnes fragilisées, âgées ou handicapées, accroître le nombre de places en résidences d’accueil, travailler avec les aidants pour favoriser et rendre possible le maintien à domicile.

Projets sur-mesure

Pas de limite et pas de catalogue préétabli des « projets qui marchent » et qu’il faudrait développer en Martinique, en Guadeloupe ou en Guyane. Chaque engagement de la Banque des Territoires en faveur de tel ou tel projet répond à une logique locale, ancrée au plus près des spécificités et des ambitions de chaque territoire.

« Les priorités sont identifiées par les collectivités. Nous intervenons pour les rendre possibles et viables, pour les amorcer grâce à différents outils. »

Développement vertueux

« La politique de développement portée par la Banque des Territoires, est à la mesure de nos défis géographiques : rendre chaque territoire plus inclusif, plus durable, plus attractif, plus connecté ». Des territoires qui répondent en tout et pour tous aux enjeux écologiques, économiques et sociaux du XXIe siècle.

Pour ce faire, Christophe Laurent peut compter sur une équipe de 21 personnes, sur la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane, engagées à composer et mettre en place un continuum de projets. Leur travail s’inscrit dans la durée et promet de voir, année après année, les territoires se transformer.

« La période Covid-19 nous impose de réussir un peu plus vite, un peu plus grand…, c’est à la fois une responsabilité et une chance pour nous tous. » 

Zoom sur la feuille de route de la Banque des Territoires

Une fois les chiffres alignés et les orientations posées, comment va prendre forme la relance en Guadeloupe, en Martinique et en Guyane au cours des prochains mois ? Le directeur territorial de la Banque des Territoires nous donne les grandes lignes de la transformation à l’œuvre.

Une course de fond où l’on choisit quoi mettre au bénéfice du territoire maintenant, pour être prêt demain, « Stimuler un effet d’entrainement positif et préparer les transformations de fond. »

Comment se mesure concrètement l’action de la Banque des Territoires ? 

Christian Moutton, directeur territorial Guyane : Il y aurait plusieurs manières de le faire. L’une peut être le niveau d’encours, 1,5 milliard d’euros sous la forme d’investissement en fonds propres et de prêts aux Collectivités locales et aux organismes de logement social.

Autrement dit, en l’espace de quinze ans (l’installation de la Caisse des Dépôts date de 2005, ndlr), la Banque des Territoires a pris part à de nombreux chantiers et projets, tel Voltalia, start-up locale devenue groupe mondial de l’énergie, où ont été investis 13 millions d’euros en 10 ans, et elle continue de le faire.

Ainsi :

  • La Collectivité territoriale de Guyane bénéficie d’un prêt de 33,5 millions d’euros dans le cadre du plan pluriannuel d’investissement scolaire et infrastructures routières
  • Quelques centaines de milliers d’euros sont également mobilisées pour préparer l’émergence d’une filière de transformation de wasaï
  • Entre 150 et 200 millions d’euros par an prévus pour le financement du logement social hors crise sanitaire etc.

Le spectre de nos actions est aussi large que le sont les besoins de la Guyane, avec toujours le même objectif : contribuer à la sauvegarde et la création des emplois, au développement économique et social du territoire.

Christian Moutton - directeur régional Banque des Territoires - Guyane
Christian Moutton – Photo Jean-Christophe Marsy

« L’ingénierie territoriale nous permet aussi d’accompagner les collectivités locales dans la construction de leurs projets. Nous sommes un ensemblier d’acteurs et de solutions au service de la Guyane. »

Roland Picot, directeur territorial Martinique : Plusieurs dossiers sont sur la table en ce moment même. Mais pour vous donner une idée, les organismes de logements sociaux ont bénéficié de 40 millions€ de prêts cette année, et les collectivités de près de 8 millions€.

Par ailleurs, notre principal investissement a été celui auprès de la CTM pour le fond Covid, à hauteur de 1,9 millions d’euros, destiné à financer des prêts aux petites entreprises.

La crise Covid-19 a-t-elle perturbé ou ralenti la mécanique de la Banque des Territoires ?

Roland Picot, directeur territorial Martinique : Pas vraiment, car à vrai dire nos tâches, administratives et juridiques pour l’essentiel, n’ont pas subi de perturbation.

Le principal enjeu dans ce contexte c’est d’arriver à consolider et faire vivre son réseau pour avoir les bons interlocuteurs (les porteurs de projets, les banques, les élus locaux) au bon moment et pouvoir faire avancer les projets au mieux.

Votre action va-t-elle s’adapter au cours des prochains mois ? 

Edouard Bonnin, directeur territorial Guadeloupe : (sourire) C’est ce que nous faisons toujours. La Banque de Territoires a été précisément créée pour être à l’écoute, et pouvoir s’adapter au rythme et à la réalité des projets des clients privés et des collectivités.

Au cours des prochains mois, notre intervention sera d’autant plus importante qu’il s’agira de soutenir l’investissement dans une économie qui va subir l’impact de la crise sanitaire.

Roland Picot, directeur territorial Martinique : Nous sommes particulièrement attentifs à tout ce qui concerne le tourisme. C’est LA priorité, car on veut pouvoir travailler avec les acteurs du secteur pendant la crise sanitaire pour réussir et préparer au mieux les saisons 2022 et 2023.

Il existe plusieurs projets pour lesquels les dynamiques s’accélèrent, et par un effet d’entraînement positif, ces projets d’envergure bénéficieront à tous les acteurs et au territoire en tant que destination touristique. C’est maintenant que tout se joue. 

Vous allez compenser les effets de la crise ?  

Edouard Bonnin - directeur territorial Banque des Territoires Guadeloupe
Edouard Bonnin – Photo Pierre de Champs

« À travers nos accompagnements, nous allons en tout cas créer un effet contracyclique, afin que le développement des projets d’infrastructures et de transformation du territoire se poursuivent malgré la conjoncture de crise sanitaire. »

Edouard Bonnin

Edouard Bonnin, directeur territorial Guadeloupe : Déjà, pour cette année, nos investissements en fonds propres, en Guadeloupe et à Saint-Martin, ont été supérieurs à ceux des trois dernières années, à l’image du projet d’enfouissement des réseaux numériques à Saint-Martin, qui entre dans sa phase de réalisation.

En appui des collectivités locales, nous finançons des missions d’études, comme c’est le cas en ce moment à Basse-Terre où nous nous intéressons aux problématiques de stationnement et de circulation afin d’aider à dynamiser le centre-ville et les commerces. 

La priorité demeure-t-elle la transition énergétique ? 

Edouard Bonnin, directeur territorial Guadeloupe : Oui, de belles réalisations ont déjà eu lieu en Guadeloupe avec la participation de la Banque des Territoires : la centrale géothermique à Bouillante ou le parc éolien à Sainte-Rose, très innovant avec un système de prévision de production d’électricité.

Cette transition reste un enjeu très fort pour la Guadeloupe. Aussi, nous sommes particulièrement à l’écoute des nouveaux projets porteurs d’innovation et contribuant à atteindre les objectifs ambitieux dautonomie énergétique du territoire, tel que le déploiement des bornes de recharge électrique, en vue du renouvellement progressif et inévitable du parc automobile.

Le territoire change, la Banque des Territoires est au plus près de cette transformation.

Roland Picot, directeur territorial Martinique : Energies renouvelables, traitement des déchets, économies d’énergie (consommation, bâtiments publics)…, on est au cœur de changements décisifs pour le territoire martiniquais et face à autant de défis. C’est là qu’interviennent notamment les développeurs (géothermie, photovoltaïque, éoliennes…) avec qui nous travaillons.

Charge à eux de concevoir les projets qu’ils développeront ou qu’ils vendront clé en main à des investisseurs. Charge à nous de les appuyer avec des solutions de conseil, d’ingénierie et d’outils financiers pour en concrétiser et en accélérer la réalisation.

Roland Picot - directeur territorial Banque des Territoires Martinique
Roland Picot – Photo Jean-Albert Coopmann

Christian Moutton, directeur territorial Guyane : La production d’énergie électrique doit répondre à deux exigences : le territoire est immense et la population croît rapidement. Les projets d’implantation de nouvelles centrales climato compatibles et d’extension des réseaux électriques continueront à se développer avec, par exemple, une centrale électrique biomasse à Cacao, prévue début 2021.

Ensuite le tourisme, qui représente 12,5% du PIB de la Guyane, est aussi un de nos sujets prioritaires. Une réflexion est en cours avec la Collectivité, les acteurs du tourisme et différents opérateurs pour proposer une stratégie de rebond.

Vous devez jouer sur tous les tableaux, avec de nombreux acteurs…

Christian Moutton, directeur territorial Guyane : C’est l’enjeu dès qu’on parle de développement, d’équipements utiles, d’urbanisme, de logements… À ce propos, les programmes Cœur de ville à Saint-Laurent du Maroni et à Cayenne sont bien avancés, avec la fin des études de préfiguration au premier semestre de l’année prochaine et le début de la transformation de la ville au cours des mois et années qui suivront.

« La volonté de la Banque des Territoires est d’anticiper les modèles financiers et juridiques pérennes pour garantir les retombées économiques pour le territoire… »

Un territoire plus inclusif, plus durable, plus connecté et plus attractif.

Une fois les dossiers instruits et le closing conclu, quel œil garde la Banque des Territoires sur les projets ?

Roland Picot, directeur territorial Martinique : Dans le cadre des investissements sur fonds propres, la Banque des Territoires devient de fait actionnaire, minoritaire, de structures privées ou mixtes privées / publiques. Je siège ainsi au titre de la Banque des Territoires dans 4 conseils d’administration.

Nous sommes un investisseur d’intérêt général, de long terme et donc patient en terme de rentabilité des projets… tout en restant dans une logique de réussite et d’excellence. C’est la promesse, et la signature en quelque sorte, des engagements Banque des Territoires.

Banque des Territoires
www.banquedesterritoires.fr