Défi. Un an après le début de la crise Covid-19, l’innovation s’affirme comme le dénominateur commun des projets structurants du territoire.

Hors coup d’éclat ou événement d’ampleur, les changements s’opèrent aussi en douceur, discrètement.

La vie est ainsi faite que chacun de nous se rend difficilement compte « des choses qui évoluent », et donc de la dynamique qui peut imprégner le territoire tout entier, avec 34 communes, 1200 km carrés, 400 000 habitants et quelques dizaines de milliers d’entreprises.

Prenez les plus grandes inventions. Lorsque vous interrogez les grands-parents sur l’arrivée des voitures, du téléphone, ou même de l’électricité, aucun ne témoigne d’un étonnement à la hauteur du changement qu’il a pourtant vécu.

C’est ainsi, les changements s’installent progressivement dans nos vies et on s’habitue à la présence de nouveaux objets, à l’existence de nouvelles habitudes, à la banalité d’une source infinie de possibilités dans de nombreux domaines.

La vie est un mouvement et la vie humaine un mouvement riche d’innovations, de quête de perfectionnement, d’anticipation et d’inventions en tout genre, industrielles, techniques, culturelles etc.

Sans stopper la machine, nous avons voulu arrêter notre regard sur certaines innovations qui conditionnent le paysage technologique, environnemental et social de demain. Coup de projecteur sur notre territoire pilote. 

Développer l’imagerie nucléaire de pointe 

La Société Caribéenne d’Imagerie Nucléaire (SCIN) a été officiellement créée le 18 mars 2021. Concrétisation d’un projet démarré en 2016, elle a pour objet de contribuer au développement de l’excellence clinique, de la recherche et de la dissémination des connaissances concernant l’imagerie nucléaire dans la Caraïbe.

Constituée en tant qu’association et domiciliée au Service de Médecine Nucléaire du CHU de Martinique, la SCIN est le fruit d’une collaboration avec plusieurs pays (Antigua, Barbade, Bahamas, Cuba, Curaçao, Jamaïque, République Dominicaine, Sainte-Lucie ou Trinidad et Tobago) et des partenaires internationaux tels l’Agence Internationale d’Energie Atomique (IAEA), l’Organisation des Etats de la Caraïbe de l’Est (OECS), l’Association des Etats de la Caraïbe (AEC), la CARICOM.

Nouvelle société savante de l’arc caribéen, elle est appelée à devenir « l’instance caribéenne de référence mondiale en imagerie nucléaire ».

« La prévalence des cancers et des maladies cardiovasculaires dans notre Caraïbe, nous oblige à nous concerter et à mettre en commun nos moyens scientifiques et techniques pour agir ensemble et réduire les impacts sur nos sociétés. »

Le président du Conseil Exécutif de la CTM

Cette société savante doit :

  • Favoriser les dialogues entre les praticiens pour diagnostiquer et soigner les patients
  • Encourager la recherche clinique
  • Construire une meilleure connaissance de l’offre de soins disponible en Caraïbe

Concrètement, « le CHU de Martinique pourra développer avec les autres partenaires de la Caraïbe une coopération forte tant par l’accueil de patients caribéens dans un plateau technique de pointe, que par l’exportation à terme de radionucléides pour le développement de l’imagerie nucléaire dans la Caraïbe » a expliqué Stéphane Berniac, Directeur Général Adjoint du CHUM en marge de la première assemblée générale de la société savante.

De son côté, le Pr Karim Farid, chef de Pôle du Service de Médecine Nucléaire du CHUM confirme l’enjeu, citant « un outil très attendu », un symbole de la coopération médicale au bénéfice des patients atteints de cancers, de maladies cardiovasculaires ou vasculaires.

Créer de grands crus de café et de cacao  

Si en volume d’exportations, la banane, l’ananas et le rhum AOC resteront imbattables, deux filières ont l’ambition de porter la notoriété de la Martinique à travers le monde au cours des prochaines années.

Anciennement prospères sur le territoire, café et cacao pourront demain être à nouveaux des produits emblématiques du terroir martiniquais.

La filière cacao

Pour les cacaoyers, la nature des sols et les différentes altitudes de la Martinique offrent un écosystème très intéressant, avec des fèves de cacao aux notes aromatiques spécifiques.

Les chocolatiers ne s’y trompent pas, tout comme le jury du concours des International Cocoa Awards qui ont inscrit les fèves de cacao de Martinique parmi les 18 meilleures mondiales en 2017.

La filière café

Côté café, ce sont les Japonais qui ont jeté leur dévolu sur les plants « Arabica Typica », faisant même du café martiniquais le café officiel des JO de Tokyo 2021 ! 

Depuis 2017, le PNRM, sous l‘égide de la CTM, accompagne scientifiquement et techniquement des agriculteurs martiniquais dans le cadre d’une expérimentation pour la relance de l’Arabica typica de Martinique.

20 hectares sont dédiés à la création d’une filière caféicole haut de gamme, avec la possibilité de créer des produits labellisés voire de développer des circuits agrotouristiques. La firme nippone Ushima Coffee Corporation s’est déjà engagée à acheter 30 % de la production martiniquaise. 

Préserver le patrimoine naturel de la Martinique 

La transition énergétique « classique », reposant sur le photovoltaïque ou l’éolien, est déjà largement entamée par la CTM. Elle sera confortée au cours des prochaines années par le développement, avec la SARA, de nouvelles sources d’énergie, tel l’hydrogène bleu.

La CTM finance actuellement des études nécessaires au déploiement de cette nouvelle source énergétique.

La question de l’énergie en Martinique est bien celle de la décarbonation des activités, des transports, de la mobilité.

Ce qui conduit également la CTM à soutenir le Grand Port de la Martinique pour développer un réseau circulaire d’énergie, en vue d’approvisionner les bateaux à quai, ou encore accompagner le développement de « transport doux », avec notamment les pistes cyclables à Ste Anne et aux Anses d’Arlets.

La Martinique ne change pas, elle évolue et innove dans son approche, ses réalisations, ses paysages. A l’échelle de la zone commerciale des Mangles, un projet de reboisement de la mangrove, portée par la CTM et conduit par l’ONF a ainsi permis de replanter 470 espèces d’arbres.

De même les forêts de la Montagne Pelée et des Pitons du Carbet, regroupées dans l’appellation “Forêt des Volcans de Martinique” ont reçu le label national “Forêt d’Exception” en 2019. Ce label national créé par l’ONF s’engage à affirmer une politique de développement durable dans les forêts domaniales.

Riche de son patrimoine unique, de forêts primaires, de paysages, de biodiversité et d’espèces rares, la Martinique s’illustre à l’échelle nationale et caribéenne par l’excellente gestion des forêts.

Moins d’impact et des impacts intelligents et durables, telle est la feuille de route d’une Martinique plus verte.

Préparer la jeunesse 

Inscrire la Martinique dans « les logiques du futur » passe forcément par une attention accrue à la jeunesse.

Les jeunes actifs qui jouent le jeu du numérique et se saisissent de nouveaux outils et marchés peuvent s’appuyer sur des dispositifs d’accompagnement, des concours tel « Fanm Digital » et les formations numériques dédiées, pour s’équiper, acquérir des compétences, perfectionner leurs produits et leur business modèle.

« Le  numérique pour tous et partout » constitue le fil rouge d’un  ensemble colossal d’investissements (180 millions d’euros pour la mise en place du Très Haut Débit sur tout le territoire) et de dispositifs d’aides tel « Balan Digital » et ses 3 volets (Dijital TPE, PLAS DIGITAL, MOFWAZAJ).

Des aides pour lesquelles les entreprises candidates peuvent, par ailleurs, se faire accompagner dans leur démarche (dépôt de dossier jusqu’au 30 juin 2021) par les référents numériques du tout jeune réseau ZETWAL, mis en place par Martinique Développement et la CTM.

La question de l’investissement dans la jeunesse comprend évidemment le volet de la jeunesse particulièrement fragilisée et éloignée de l’emploi.

Un réseau de solutions s’étend du soutien au dispositif d’intégration du RSMA au programme Atout inclusion, créé en 2018 par la CTM et lauréat du Trophée de l’Innovation (catégorie « Emploi ») lors du Congrès des Régions de France de Marseille la même année.

Ce prix récompensait l’initiative de la Collectivité Territoriale de Martinique pour booster l’emploi de 400 NEET (de jeunes Martiniquais de 18 à 25 ans, Ni en Emploi, Ni en Formation, Ni en Etudes), à travers des programmes d’immersion en entreprise dans des activités diverses (mécanique, boulangerie, agriculture, artisanat…).

Dans tous les secteurs et face à tous les défis, l’innovation fait partie intégrante des solutions. Une « politique de l’innovation » prometteuse, appelée à s’intensifier au cours des prochains mois dans le cadre de l’Accord Territorial de « refondation » de la Martinique.

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