Réserve de Biosphère, Patrimoine mondial de l’UNESCO, Qualité tourisme, Clef verte, Grand Site de France… Les labels en tourisme sont une jungle d’appellations parfois difficiles à déchiffrer. Pourquoi labelliser ? Comment choisir ? Quelles retombées pour les entreprises et territoires ? Décryptage avec Laure Anselme directrice du cabinet Kauri Conseil, spécialisé en tourisme. – texte Joséphine Notte

D’où provient l’émergence de la labellisation dans le secteur du tourisme ?

Armés de protocoles, critères stricts et réglementations, les labels guident les territoires vers un demain plus préservé. Ils se sont largement développés en réponse au tourisme de masse dès les années 90.

La vocation première du label est de protéger les ressources naturelles et culturelles de la pression du tourisme.

Pour n’en citer qu’un, le prestigieux Grand Site de France s’attribue aux sites qui concilient la préservation du paysage, l’esprit des lieux, et la participation des habitants à la vie du Grand Site. En Guadeloupe, la Pointe-des-Châteaux, est en processus d’intégration à ce réseau. Une bonne nouvelle qui suggère cependant qu’une gestion différente sera instaurée sur ce site exceptionnel.

Un autre levier majeur pour la protection des écosystèmes, c’est l’appellation “Réserve Naturelle” qui permet de mettre en place des règles strictes pour la préservation de la biodiversité. La Guadeloupe et Saint-Martin en ont respectivement une, la Martinique en compte trois et la Guyane sept ! 

Comment cette politique de labellisation s’inscrit dans les stratégies des destinations ?

Le label implique une reconnaissance du caractère exceptionnel d’un lieu, d’une tradition, d’une ressource. Ils sont donc des outils promotionnels forts et parlent à la clientèle touristique. Dans un environnement concurrentiel fort, comme celui de la région caribéenne, les labels sont des arguments de poids pour attirer des nouveaux visiteurs.

À plus grande échelle, les labels prestigieux permettent à une destination de développer une identité distincte et une image de marque avec une visibilité internationale. C’est une stratégie de marketing efficace ; c’est bien pour cela que le nombre de candidatures pour être labellisé Patrimoine Mondial de l’UNESCO sont, chaque année, plus nombreuses !

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Et pour les professionnels du tourisme quelles sont les opportunités ? 

Le secteur du tourisme est un écosystème riche, qui fourmille d’offres toutes plus alléchantes les unes que les autres. Les entreprises qui ont obtenu des certifications se démarquent plus facilement de leurs concurrents.

  • Pour les professionnels, le label est également un gage de qualité : il atteste de l’engagement de la structure qui le porte.
  • Pour les consommateurs, pas de surprises, la couleur et le ton du séjour sont annoncés avec le label !

Il y a aussi une mise en réseau intéressante à considérer pour les entreprises touristiques qui cherchent à augmenter leur visibilité sur le marché. Les hébergements labellisés bénéficient par exemple de plateformes de communication et sont référencés dans les catalogues des labels. Par exemple sur le site du label Clef verte, on retrouve tous les établissements labellisé.

En plus du réseau, l’obtention d’un label permet d’avoir accès à un savoir-faire et à un accompagnement. Dans le cas du tourisme durable, les processus de certification sont des outils que les gestionnaires peuvent employer pour transformer des objectifs durables en projets réels

Pour les acteurs du tourisme, le label permet de transformer des principes du développement durable en actions concrètes.

Quels conseils pour les acteurs du tourisme aux Antilles ?

Pour le choix du label, je recommande avant tout que les acteurs choisissent celui qui correspond le plus à leurs valeurs. Il est important de prendre également en compte le coût d’adhésion ainsi que la durée de validité de l’appellation en question.

Les labels impliquent généralement le versement annuel de cotisations, tandis que pour le classement étoilé, il est valable cinq ans et on ne paye qu’une seule fois au moment de l’audit.

Dans le cas des hébergements, les labels plus utilisés aux Antilles françaises sont les labels Clévacances, Gîte de France, le classement Atout France (classement de 1 à 5 étoiles) et Clef Verte. 

Les retombées liées à une labellisation ne se comptent pas réellement au niveau du taux d’occupation de la structure. Cependant, en permettant la mise en place d’éléments définis dans un référentiel, le label permet aux professionnels d’assurer des prestations qualitatives, voire de faire des économies.

Pour ne citer qu’un exemple : le classement par Atout France des hébergements touristiques offre des avantages fiscaux. Un propriétaire de meublé de tourisme étoilé Atout France peut bénéficier de 71 % d’abattement fiscal sur ces recettes au lieu de 50 % hors classement.

Aussi, les clients d’hébergements touristiques classés paieront une taxe de séjour moindre que s’ils séjournaient dans un hébergement non classé.

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