Les Villages d’Hôtes, l’avenir du tourisme en Guadeloupe ? 

La période post-covid est cruciale pour le marché du tourisme qui a vu son activité mise à l’arrêt, et qui doit repenser son modèle économique. Pour Nelly Hildebert, déléguée chez Tropical Management Guadeloupe, le futur du tourisme se prépare dès aujourd’hui. Selon elle, l’avenir sera éco-responsable et haut de gamme.

Vous en êtes convaincue : développement durable et tourisme sont directement liés. Qu’est-ce qui vous a poussée à accepter de prendre en charge le développement du programme « Village d’Hôtes » en Guadeloupe ?  

Nelly Hildebert : Après avoir suivi des études d’économie et de management à l’Université des Antilles, je souhaitais apporter mon expertise localement.

Participer au renforcement de l’économie des Antilles en augmentant les parcs d’hébergement durables de bonne qualité est un secteur d’avenir, j’en suis certaine.

Après 3 ans de formation en entreprise, je suis déléguée en Guadeloupe et ce qui me plait est d’être en contact avec de nombreux acteurs qui ont justement à cœur le développement du territoire.

Je travaille évidemment avec le secteur touristique, mais aussi avec les élus et le plus souvent avec les propriétaires.  

Vous parlez de parcs d’hébergements plus qualitatifs pour proposer une offre qui allie confort, durabilité et qualité. C’est ce que recherche le touriste en 2020 ? 

Oui, tout à fait. Notre programme se situe à l’aube d’un nouveau marché du tourisme, plus responsable, pour des séjours plus longs et moins couteux, tout en offrant beaucoup de confort.

« Nous nous sommes rendu compte que la Guadeloupe, pour être attractive sur le plan touristique devait structurer son offre autour de la qualité sanitaire et environnementale. »

C’est la raison pour laquelle nous avons réalisé de longues études techniques, pour favoriser de nouveaux modèles de construction. Pour cela, nous avons mobilisé nos meilleurs partenaires locaux «Village d’Hôtes », utilisé des applications basiques de longue durée (béton et bois), soucieuses de l’environnement, très économes en énergie par le procédé CLIMnat, sans climatisation classique.

Cette conception offre un nouveau modèle aux voyagistes de plus en plus sensibles aux critères d’authenticité et de pleine nature pour des clientèles méga-urbaines à la recherche de quiétude. 

Pouvez-vous nous présenter le concept « Village d’Hôtes » ? 

Nous sommes sur un concept mixe entre l’hôtel et le gîte. 

« Village d’hôtes » se compose de dix écolodges bioclimatiques de 40 m² de surface utile pour 2 personnes ou plus, bien adaptées aux nouvelles tendances écologiques ; un espace regroupe l’accueil, une table d’hôtes conviviale et les locaux annexes.

Les villages sont équipés d’une piscine et d’un espace détente. Un parking ombragé par l’équipement de production photovoltaïque offre le rechargement des véhicules.

Comment avez-vous imaginé ce concept ?  

L’étude a commencé en 2009 dans le cadre d’un concours de l’Agence Nationale de la Recherche avec l’Institut National de L’Energie Solaire, pour lequel Jean-Claude Fabre (6000 lits touristiques à son actif), dirigeant de Tropical Management et son équipe, ont participé avec un concept d’hébergement bioclimatique tropical, confortable, décarboné et très économe en énergie.

Un prototype a été expérimenté au Moule de 2016 à 2017, avec des occupants en 2019/2020, confirmant l’aboutissement de la recherche.

Pour un lecteur qui est intéressé par votre offre et souhaiterait investir. Quels sont les pré-requis ?

Les particuliers, notamment pour leurs enfants en quête d’emploi ou d’activité, ou pour des jeunes retraités, pour des agriculteurs souhaitant améliorer leurs revenus d’une manière conséquente ; il suffit d’être propriétaire d’un terrain compatible et constructible de 3 000 m², peu éloigné de sa résidence, pour s’inscrire dans une démarche plus sérieuse et plus sécurisante que la simple construction d’un ou deux gîtes. L’objectif majeur étant de présenter de nouveaux  atouts attractifs sur le marché du tourisme.

C’est également un modèle pour les familles souhaitant créer une activité lucrative, qui offre un potentiel de rendement pouvant atteindre 60 000 € dès la première année d’exploitation, après rémunération du travail fourni, et une gestion ordonnée.

« L’objectif est d’implanter deux villages par Collectivité locale, l’un Nature, l’autre Créole. »

Les premiers villages d’hôtes sont en programmation, en Nord Grande Terre, Nord Basse Terre, en Guyane à proximité du centre spatial, avant d’autres destinations tropicales.

Que représente l’investissement global ? 

L’investissement global est inférieur à un million d’euros pour 470 m² de surface utile sur un terrain de 3 000 m². Il est éligible aux aides structurelles et fiscales pouvant couvrir 50 % du programme. 

Le complément est cofinancé, par un apport pouvant être abondé par un « Fonds tourisme » et un prêt bancaire de longue durée.

L’objectif est de construire un lit 4 étoiles à moins de 30 000 € net dans sa catégorie pour une meilleure compétitivité, le cycle de réalisation d’un programme est de 12 mois.