Tanneguy Descazeaud vient tout juste d’entrer en fonction en tant que nouveau Directeur Général Délégué de la SARA. Ancien chargé de la production à la raffinerie de Provence durant deux ans, il arrive en Martinique avec de nombreux projets et le désir de poursuivre l’action industrielle, environnementale et sociétale de la célèbre société, qui bénéficie parfois d’une réputation en demi teinte auprès des Antillo-Guyanais : il nous explique pourquoi et comment y remédier.

Avez-vous déjà eu l’occasion d’explorer notre belle région ?

Je suis arrivé depuis peu en Martinique : j’ai effectivement eu le plaisir d’assister à la dernière étape du Tour des Yoles et à une initiation aux gommiers. Je me suis promené dans quelques très beaux endroits et j’ai eu l’occasion de découvrir l’île depuis le ciel, c’était superbe. Je dois me rendre prochainement en Guadeloupe et en Guyane où la SARA est aussi implantée. J’ai hâte de découvrir ces départements car je suis de nature très curieuse.

La vie quotidienne n’y est pas tous les jours idyllique cependant : je pense à la crise sociale de février 2009 par exemple, à laquelle vous êtes certainement sensible en tant que nouveau DG d’une société directement touchée par ce type de mouvements.

C’était effectivement une situation très compliquée, que mon prédécesseur David Marion a su gérer selon moi avec sang-froid et raison. J’espère que cela ne se reproduira plus, mais il ne faut jurer de rien, c’est pourquoi je préfère toujours prévenir que guérir. C’est l’une des raisons de notre engagement actif auprès de la population.

 

Comment vivez-vous les critiques qui ont été formulées à l’encontre de la SARA au mois de septembre à propos du prix de l’essence ?

Vous savez certaines personnes ressentent un besoin permanent de contester, de critiquer, de polémiquer… je le regrette, surtout, lorsque cela est formulé en dépit de la logique et de la vérité. C’est l’Etat qui fixe le prix des produits pétroliers issus de la SARA, il est utile de le rappeler. Dans le cadre de l’application du décret de 2010, les prix auraient dû augmenter de 6 à 8 cts d’euros selon les produits et les départements. C’est la conséquence d’une augmentation en août du prix de la matière première, le pétrole (tensions géopolitiques au Moyen-Orient, croissance en Chine…), et d’un euro faible par rapport au dollar. Le Gouvernement a sollicité les acteurs de la chaîne pétrolière pour participer à hauteur de 3 cts à la réduction du prix des carburants pendant trois mois. La SARA a décidé d’y répondre favorablement et de contribuer à cette baisse dans l’intérêt des familles des Antilles et de la Guyane.

Cependant, cet effort de la SARA n’est possible que parce qu’il est limité à une durée de trois mois. Le décret de novembre 2010, faisant suite justement aux revendications de 2009, n’a pas été pris à la légère. Il est peut-être perfectible, mais il garantit un prix de sortie SARA identique dans les trois départements, une transparence complète du calcul des prix et une répercussion mensuelle sur le prix à la pompe, d’où une très forte réactivité.

 

Le Ministre Victorin Lurel, a lui aussi été beaucoup critiqué car certains pensent que cette baisse de 6 cts a été répercutée sur la bonbonne de gaz dont le prix a augmenté… qu’en pensez-vous ?

Le gaz a subi l’augmentation normalement prévue par l’application du décret de 2010. Ce qui n’est pas le cas de l’essence et du gazole, d’où ce sentiment d’écart de prix plus important que d’habitude. Mais en aucun cas la baisse de l’un n’a été compensée par l’augmentation de l’autre.

 

Bien qu’il soit trop tôt pour évoquer un premier bilan, quel état des lieux faites-vous aujourd’hui de la SARA ?

C’est une entreprise qui, selon moi, et cela malgré son exposition, assume sa situation et son rôle. J’ai rencontré sur les trois sites un personnel motivé et engagé, préoccupé par le bon fonctionnement des installations et aussi par la perception de l’entreprise auprès du public, en dépit de certains propos tenus contre nous qui ne reflètent pas la réalité.

Je souhaite rappeler ce que la SARA représente vraiment auprès de la population antillo-guyanaise, parmi laquelle sont recrutés ses 270 employés et annuellement une centaine de stagiaires. Notre engagement sociétal se construit autour des axes essentiels que sont l’Education, l’Insertion, la Sécurité et l’Environnement : bourses d’études, forums des métiers, prévention routière… tout cela fait partie de l’action quotidienne de la SARA, et c’est un travail sur la durée afin de mieux faire connaître toutes ses facettes. À titre d’exemple, la Bourse Alizés existe depuis vingt-quatre ans !

Notre image est liée au carburant, et il est normal que nous soyons attendus sur ce point, or le débat sur les prix de l’essence occulte souvent une large part de notre activité. Mais il est important de faire savoir que nous n’avons pas attendu les crises pour nous engager auprès de la population, bien au contraire. Je pense qu’une entreprise qui s’investit ainsi ne le fait pas par désir de reconnaissance, mais bien parce qu’elle est convaincue du bien fondé de son action. Ce sont nos valeurs et nous les défendrons quoi qu’il arrive.

 

Pouvez-vous préciser vos projets pour votre dépôt de Jarry ?

Nous avons beaucoup d’ambitions pour notre activité en Guadeloupe. Tout d’abord, celle de satisfaire nos clients par une exigence de qualité ! Nous nous lançons, avec tout le personnel, après la Martinique et la Guyane, dans la certification de notre démarche qualité selon la norme ISO 9001. Nous sommes aussi partie prenante du Projet Cann’elec pour lequel le CIRAD effectue des recherches sur la canne-fibre à haute énergie, en vue de produire de l’électricité. Et puis, je ne saurais terminer sans évoquer un projet de plusieurs dizaines de millions d’euros, un gros investissement pour notre entreprise : le projet d’extension de nos stocks stratégiques. Vous le voyez, nous sommes bien présents en Guadeloupe et encore pour longtemps.