Membre du Groupement de Développement de l’Agriculture Organique et Paysanne, Alfred Thésée a bien voulu nous éclairer sur ce nouveau concept. Cette association, qui a son siège à Bois-Rouge (Ducos) à la Martinique, tient à se démarquer du concept « Bio ». L’agriculture organique n’utilisant pas du tout d’engrais chimique.

Pouvez-vous nous préciser votre concept ?

C’est une autre manière de voir l’agriculture, une autre façon de nourrir la population, une autre méthode de production adaptée à notre environnement. Notre but est de mettre en place une stratégie de développement de l’Agriculture organique et paysanne en Martinique.

Cela suppose de mettre en place des actions qui répondent à cette définition, c’est-à-dire favoriser la présence et la valorisation de la biodiversité et des espèces endémiques de la Martinique, informer et former producteurs et consommateurs, apporter des conseils.

Quels types d’engrais utilisez-vous ?

Des bouses de vache et autres étrons d’animaux, de l’herbe séchée, du compost, bref tout ce qui est naturel. Cela suppose que chaque agriculteur doit être à la fois cultivateur et éleveur. Voilà les conditions pour pouvoir entrer dans l’association avec le concept « Orgapeyi ».

C’est un circuit fermé. Si un membre a besoin d’engrais, il a l’obligation de se fournir chez un confrère membre lui aussi de l’association. Ainsi, il sera sûr du produit qu’il achètera.

 

Combien de membres l’association regroupe-t-elle à ce jour ?

Nous sommes une quinzaine, et pas uniquement des agriculteurs mais aussi des transformateurs qui réalisent des gâteaux, des jus de fruits, des confitures etc. La plupart sont installés dans la région de Ducos et du Saint-Esprit, puisque c’est de là qu’est partie l’idée, mais à l’heure actuelle nous somme présents sur toute la Martinique.

Le message passe, il y a une prise de conscience qui se fait petit à petit grâce à la grande communication sur le sujet. Il y a le marché qui a lieu à Bois-Rouge le deuxième et quatrième mercredi de chaque mois.

 

Des contrôles sont-ils réalisés ?

Des relevés sont faits par la FREDON ou la Chambre d’Agriculture, donc par des organismes indépendants de l’Association.

 

Tout cela est-il consigné dans une charte ?

La charte est en cours d’élaboration mais pour l’instant nous nous appuyons sur la charte de l’Agriculture Paysanne qui a cours en Europe.

Elle repose sur une dizaine de points :

  • Répartir les volumes de production
  • Etre solidaire des paysans des autres régions du Monde
  • Respecter la Nature, valoriser les ressources abondantes et économiser les ressources rares
  • Rechercher la transparence dans les actes d’achat (transformation, production et vente)
  • Assurer la bonne qualité gustative et sanitaire des produits
  • Viser le maximum d’autonomie dans le fonctionnement des exploitations agricoles
  • Maintenir la diversité des populations animales élevées et des variétés végétales cultivées
  • Raisonner toujours à long terme et de manière globale

C’est un véritable combat d’idée. J’en profite pour rendre hommage à un homme comme Gérard Sainte-Rose qui, depuis plus de quinze ans, se bat pour sensibiliser la population.