Directeur des ressources humaines, Christian Tondu anime depuis 2003 le groupe GERME en Guadeloupe. Ce réseau national propose d’accompagner les cadres et managers d’entreprises en leur proposant des formations adaptées à leurs problématiques. La recette fonctionne : un second groupe va être créé en Guadeloupe en 2013 et animé par Pascal Aboso.

Qu’est-ce qui fait, selon vous, le succès de la formule ?
La force du réseau GERME, c’est de proposer des formations adaptées aux besoins des managers. Et pour cause : ce sont les membres eux-mêmes qui proposent les thématiques et bâtissent leur parcours pédagogique, en fonction de leurs attentes et des situations auxquelles ils sont confrontés dans leur activité. Le réseau se charge ensuite de trouver les experts capables d’y répondre. Nous n’avons pas de formations catalogue, GERME c’est du « sur-mesure ».

Manager aux Antilles, quelles sont les spécificités ?
Les problématiques ne sont pas si différentes ici qu’ailleurs. C’est vrai que la composition du tissu entrepreneurial est particulière. Beaucoup de très petites entreprises, beaucoup aussi de structures familiales. Le manager doit s’adapter à ce type de gestion, surtout lorsqu’il n’est pas lui même membre de la famille.

Vous insistez beaucoup sur la notion de « culture d’entreprise ». Existe-t-elle aux Antilles ?
Sans doute moins que dans l’hexagone ou à l’étranger. Beaucoup de salariés considèrent encore qu’ils travaillent pour « l’autre », le patron, le béké, le blanc. Ils ont du mal à intégrer que l’entreprise peut être aussi la leur. Il y a encore beaucoup de travail à faire à ce niveau, pour inculquer l’esprit d’entreprise. Ceci dit, les managers ne semblent pas en faire une priorité. Encore peu de dirigeants mettent l’accent sur la culture d’entreprise. Ce qui peut expliquer certaines difficultés chez nous en matière de dialogue social.

La société antillaise est métisse. Cela se reflète-t-il à la tête des entreprises ?
C’est vrai qu’en Guadeloupe, l’encadrement reste encore largement métropolitain. Mais au niveau du groupe GERME, la diversité est très présente : blancs, indiens, békés…Nous avons même une iranienne, mariée à un guadeloupéen ! Diversité… parité aussi : de plus en plus de femmes rejoignent nos rangs. C’est bien, parce que, contrairement aux hommes, elles reconnaissent plus facilement leurs faiblesses et n’ont pas peur de poser les questions.

Dans un contexte de crise, nos managers ont-ils le moral ?
Globalement, oui. Je ne ressens pas de défaitisme chez nos dirigeants d’entreprises. Au contraire, certains profitent de la crise pour se ressourcer, chercher un nouvel élan. Attitude intérieure positive, management positif : ce sont des thématiques choisies et abordées en atelier. On leur donne les clés pour ne surtout pas baisser les bras. Et continuer d’aller de l’avant.

À quand des groupes GERME en Martinique et Guyane ?
Un groupe GERME a été créé en Martinique, animé par le chocolatier Thierry Lauzéa. Un temps en sommeil, il devrait être réactivé courant 2013. Pour être actif, le groupe doit compter au moins une vingtaine de membres. En Guyane, rien n’est prévu pour l’instant.