Fin novembre 2012, le comité de sélection et de suivi du programme Interreg IV « Caraïbes » était réuni à Porto-Rico. La 7ème rencontre du genre depuis le lancement de ce programme par la Commission européenne en 2008. Objectif : soutenir l’insertion régionale des territoires européens de la zone : Guadeloupe, Martinique, Guyane et Saint-Martin (1), tout en contribuant à un développement durable de l’espace caribéen. La zone de coopération compte une quarantaine de pays, du Mexique jusqu’au Nord du Brésil. Bruxelles se donne les moyens de sa politique : 64 millions d’euros pour la période 2007-2013. 

Ce programme vise-t-il uniquement les « gros » projets ?

Pour être éligible aux fonds Interreg, il faut un projet  qui cadre avec des objectifs stratégiques, autour de trois axes : développement économique d’une part, prévention des risques, environnement et développement durable de l’autre et enfin tout ce qui touche à l’éducation, la diversité culturelle, la santé et l’intégration institutionnelle. Le projet doit présenter un caractère innovant et structurant, à plus ou moins long terme. Il faut aussi qu’il intègre un ou plusieurs pays de la Caraïbe. Aujourd’hui, c’est vrai, ce sont les collectivités régionales, les instituts de recherche et les universités qui concentrent plus de la moitié des projets financés. Le réseau associatif y trouve aussi sa place mais nous avons encore peu de communes et encore moins d’entreprises privées. C’est sans doute dû à la complexité des dossiers, la longueur de l’instruction, le manque d’information sur le potentiel et exigences du programme. Interreg gagne encore à être connu. Il nous faudra travailler à améliorer l’accompagnement des petites entreprises pour mieux les intégrer dans le dispositif.

 

Les fonds sont-ils suffisamment utilisés ? 

La règle du « dégagement d’office » oblige les États à consommer les crédits qui leur sont attribués au titre des fonds européens pour une année donnée, au plus tard le 31 décembre de la deuxième année suivant l’année de programmation. En cas de non-respect de cette règle, les crédits sont « dégagés d’office », c’est-à-dire annulés par la Commission européenne. Concernant Interreg, l’utilisation des fonds est éloquente : de 104 à 114% selon les années. Encore faut-il que les porteurs de projets fournissent dans les délais la justification de l’utilisation des subventions qui leur sont allouées. Faute de quoi en effet, certaines enveloppes peuvent être déprogrammées. Nous concernant, c’est rare.

 

Le programme sera-t-il reconduit ?

Reconduit et même renforcé ! La prochaine programmation 2014-2020 prévoit une augmentation de 150% des crédits. Par ailleurs, 30% de l’enveloppe totale pourra être consacrée à l’investissement dans les pays tiers non-européens (contre 10% actuellement). La Commission européenne propose également de créer un programme pour la collectivité de Saint-Martin et entend aussi renforcer le programme opérationnel Amazonie en l’élargissant au Guyana (contre 10% actuellement).

(1) Depuis le 1er janvier 2011, Saint-Barthélémy n’y figure plus. Son statut de pays et territoire d’Outre-mer (PTOM) en fait désormais un pays associé de l’Union européenne, non-éligible aux fonds structurels.

 

 

Interreg IV Caraïbes : derrière cette dénomination un peu barbare se  cache en réalité un puissant et très concret levier de développement, au service de la coopération régionale. Grâce à ces fonds, une cinquantaine de projets originaux sont en cours d’exécution. Quelques exemples.

 

La fibre optique Porto-Rico-Guadeloupe

L’un des plus emblématique reste sans doute le câble sous marin ralliant Porto-Rico à la Guadeloupe. 890 kilomètres de fibre optique qui permet les communications électroniques à haut-débit entre une dizaine d’îles, du Nord au Sud de la Caraïbe. Sur les 22 millions d’euros de coût du projet, 75% proviennent des fonds européens.

 

Saint-Martin : bientôt une zone économique à Belle-Plaine

Autre projet intéressant : le plan de gestion des inondations à Belle Plaine, porté par la Collectivité de Saint-Martin en partenariat avec le gouvernement de Sint Maarten. La zone est en effet située à cheval sur la partie française et hollandaise de l’île. Tout un programme de construction de digues, d’aménagement du réseau de collecte des eaux pluviales, mise en place d’un dispositif commun d’alerte des crues. Beaucoup plus qu’une simple opération de prévention des risques : à terme, ce quartier doit accueillir, en partie française, une zone d’activité économique de premier plan. Ici, Interreg finance, à hauteur de plus d’un million d’euros, les études pré-opérationnelles.

 

Guyane : coopération pour la réduction des gaz à effet de serre

Agréé il y un an, le projet REDD+ Plateau des Guyanes est porté par l’Office national des Forêts de Guyane en partenariat avec l’Etat d’Amapa au Brésil, le Surinam et le Guyana.  Il vise une coopération à l’échelle du Plateau des Guyanes pour tenter de réduire les phénomènes d’effet de serre liés à la déforestation et à la dégradation des forêts. Les premières actions sont prévues à partir de janvier 2013. À terme, ce programme devrait permettre de disposer notamment de deux inventaires forestiers par pays et de dresser une carte complète des zones à risques. Coût total : 2 millions d’euros.

 

Kamacuka : un vaste réseau culturel de la Caraïbe à l’Amazonie

En 2010, l’association Gens de la Caraïbe (basée à Paris) a publié un guide de la Caraïbe culturelle. Un annuaire professionnel qui recense les créateurs, structures et opérateurs culturels professionnels en activité dans la Caraïbe francophone et ses diasporas. Il détaille aussi les lieux culturels importants de la Caraïbe hispanophone et anglophone. Plus de 1500 fiches techniques que les concepteurs vont pouvoir bientôt mettre en ligne grâce à un nouvel appel de fonds européens. Dans le projet également, la publication d’une newsletter culturelle trilingue adressée à 4000 internautes. Participation d’Interreg : 350 000 euros.