La mise à l’arrêt de l’économie génère beaucoup d’inquiétudes chez les salariés et dirigeants industriels. Elle est aussi, pour nous tous, une opportunité à saisir.

Le président de la République s’en étonnait lui-même, comment se fait-il que nous ayons pu laisser partir autant d’activités industrielles en dehors de notre giron ? Le constat est le même en Martinique et « nous devons en tirer les conséquences », nous interpelle Josiane Capron, présidente de l’AMPI. En effet, la crise nous aura mis face à une réalité amère et à un projet d’avenir : nous ne pouvons pas demeurer aussi dépendants de l’extérieur. Certes, nous n’allons pas nous jeter à corps perdu dans l’industrie automobile ou pharmaceutique qui n’existent pas sur le territoire. En revanche, quand les filières et le tissu industriel existent, nous devons l’encourager, le stimuler, le faire prospérer et grandir. Participer tous, en somme, à un modèle « d’économie vertueuse ».

Derrière ce principe d’économie vertueuse, vous appelez en fait à l’émergence du « consommateur acteur » martiniquais ? 

Josiane Capron, présidente de l’AMPI : Souhaiter que les proportions s’inversent et qu’on retrouve dans nos placards et caddies, 80 % de produits locaux face à 20 % de produits importés, c’est un doux rêve, je ne le cache pas. En revanche, la prise de conscience individuelle et collective de l’importance et l’impact de nos comportements en tant que « consommateurs », c’est un point capital. Nous poser les questions, nous prendre en main et faire nos propres choix au supermarché et ailleurs, sont un levier déterminant du dynamisme de nos économies, de la santé du marché du travail et des perspectives de développement en tant que territoire. Un acte fort qui résonne particulièrement dans la crise actuelle où notre économie, nos chaînes de production vacillent.

Ce « choix » dont vous parlez, nous l’exerçons tous déjà dans les rayons des enseignes où nous achetons nos produits alimentaires, nos produits ménagers, etc…

Justement, sans doute mériterait-on de nous interroger sur la valeur de ce choix.  Regarder les lessives, les produits d’entretien et d’hygiène qui sont produits localement par Prochimie, sous la marque Ti Doudou entre autres. Sont mis à notre disposition des dizaines de possibilités qui, dans la réalité du caddie, pèsent peu face à des marques nationales ou internationales, marketées, connues et reconnues. Pense-t-on vraiment que la lessive locale nettoie moins bien ? De même pour nos œufs, yaourts, confitures, jus de fruits, glaces, farine et riz transformés et produits en Martinique qui sont excellents ? Posons-nous la question. Le consommateur doit se regarder dans les yeux, c’est lui qui a le pouvoir de faire fonctionner notre industrie.

« C’est le consommateur qui a le pouvoir de faire fonctionner notre industrie. »

Un pouvoir qui a un surcoût…

C’est vrai et ce n’est pas un critère définitif. D’abord, ce « tout petit peu plus cher » aujourd’hui, fera boule de neige pour devenir au final un « tout petit peu moins cher ». C’est l’ambition des industriels et l’attente des consommateurs, nous sommes d’accord. Ensuite, dès aujourd’hui, dans la mesure du possible, la qualité et la fraîcheur sont des critères tout aussi importants pour nourrir sa famille, se faire du bien… et, de surcroît, stimulent l’offre locale, maintiennent nos emplois et consolident notre économie.

Les conditions sont-elles réunies pour entamer ce changement de mentalités ?

Elles doivent l’être. L’économie martiniquaise d’après la crise du Covid-19 ne peut pas ressembler en tous points à l’économie d’avant la crise. Ce temps d’arrêt dans nos sociétés doit susciter de l’introspection et nourrir de nouveaux comportements en tant que consommateurs martiniquais. Par rapport à notre dépendance à l’extérieur, nous avons l’opportunité de démontrer aux Martiniquais, leur chance de trouver, non seulement des produits de première nécessité mais également une offre très large, chez eux. Et nous, industriels, devrons innover dans notre management des équipes et dans notre approche des marchés. Pour le bien de tous. Et croyez-moi, nous avons d’ores et déjà commencé à le faire avec la fabrication de solutions hydro-alcooliques à partir d’alcool de canne, de parois protectrices en plexiglass, de marquages divers etc.

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