Après avoir perdu la concession du port de Dégrad-des-Cannes et traversé une année 2012 « tumultueuse », la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Région Guyane reprend le cap. Aux commandes, son président Jean-Paul Le Pelletier, qui resteconfiant en l’avenir économique de la Guyane. Interview.

Propos recueillis par NP

 

Le mois de janvier a été l’instant de la présentation des traditionnels vœux en commune pour la CCIG, comment cela s’est-t-il passé et quels acteurs économiques avez-vous pu rencontrer à cette occasion ?
Nous avons successivement rencontré nos ressortissants de la circonscription des Savanes – de Kourou, Sinnamary, Saint-Elie et Iracoubo – après être allés à la rencontre de nos ressortissants de l’Ouest de la Guyane – de Mana, Awala, Saint-Laurent, Apatou- et ceux que l’on a tendance à oublier, Maripa Soula, Grand Santi, Papaïchton, Saül. Cela s’est passé dans le cadre d’une rencontre habituelle car cela fait maintenant onze ans que la CCIG va à la rencontre de ses ressortissants à l’occasion des vœux.

Pour anticiper les vœux que nous ferons à l’Est, c’est-à-dire à Saint-Georges, avec l’installation de notre antenne là bas, nous entendons poursuivre par ce biais notre volonté que la Chambre de commerce soit

physiquement présente et réponde aux attentes des ressortissants, des commerçants, des prestataires de services et industriels, sur toute la Guyane, dans la limite des moyens qui sont les nôtres.

 

Avez-vous pu à cette occasion évaluer une certaine vigueur économique au cœur du milieu rural ?

Fin 2011-début 2012, on s’était félicité d’un dynamisme des entreprises, notamment dans le secteur de l’Ouest, plus important que dans le reste de la Guyane.
Ce phénomène s’est un peu tassé, beaucoup d’entreprises se sont créées dans l’Ouest en fonction de la vigueur de la commande publique qui a été extrêmement importante entre 2010 et 2012 et qui trouve quelques limites à partir de 2013. Nous entendons donc conforter les entreprises qui se sont créées ou qui se sont développées durant cette période.

 

Quels sont les projets concrets de la CCIG par rapport à ce recentrage sur les missions fondamentales, après la perte de la gestion du port ?
Les projets importants : accompagner les chefs d’entreprises afin qu’ils soient plus compétents dans leurs secteurs, que ce soit dans celui du pétrole, de l’or, du tourisme, du commerce, ou de défendre leurs intérêts comme l’aide à l’investissement, la défiscalisation, l’accès au financement, le maintien de l’exonération de charges.

Mettre à disposition 70 hectares de terrain pour les chefs d’entreprises et la création d’une zone aéroportuaire à l’Aéroport Félix Eboué… les choses sont en cours.

Développer un centre de formation aux métiers du transport à Sinnamary, ouvrir une zone logistique à Saint-Georges.

Je suis confiant et je pense que la Chambre de commerce continuera à être l’institution importante que nous connaissons.

 

Comment se positionne la CCIG par rapport au conflit du secteur de la pêche qui affecte la Guyane ?

Ce conflit montre bien des insuffisances, ou l’inadaptation, des moyens de l’Etat, mais aussi des collectivités et surtout de l’Europe, pour nous permettre de mettre en œuvre ce que tout le monde dit aujourd’hui – et ce n’était pas le cas il y a dix ans – que la Guyane va se développer demain par l’exploitation de ses richesses naturelles.

Premièrement, nous ne savons plus protéger nos richesses, deuxièmement, l’Europe, la France, les collectivités territoriales mettent des contraintes à l’accès aux conditions d’exploitation des richesses, ce qui permet à d’autres de venir les piller en toute illégalité.

Troisièmement, la confiance dans les opérateurs locaux n’est pas au rendez-vous que nous attendons, c’est-à-dire l’accès au financement, aux subventions aux titres d’autorisation d’exploitation.

Et quatrièmement, il est des arbitrages qui ne peuvent pas se faire de manière équitable s’ils ne sont pas gérés par « un pouvoir politique local ».