De l’utilité de parler d’économie et d’emploi en période de crise

Le mot de Cyril Comte, président de la JOMD

 

La France d’outre-mer n’est pas épargnée par la crise profonde du modèle économique et social français. Elle la traverse avec plus de
handicaps encore. De nombreux indicateurs sectoriels pointent vers une récession globale des régions et territoires d’outre-mer en 2012 proche de 2%*. L’année 2013 ne laisse guère espérer un rebond, sauf en Guyane.

Divers facteurs sous-tendent cette perspective : d’abord un coût du travail en décalage avec le
potentiel économique de nos régions qui contribue à un taux de chômage moyen de 25% ;
ensuite, une crise de la demande liée à la hausse du chômage et à la prudence des consommateurs face au manque de lisibilité des plans de sortie de crise ; enfin, une chute de l’investissement déduite de la difficulté de monter des projets rentables et de la remise en cause progressive de l’aide fiscale à l’investissement.

Dans le débat sur les difficultés financières de l’Etat, l’éloignement des outre-mer, l’hétérogénéité de leurs problèmes, les dissensions sociales qui les traversent et leur difficulté à savoir se vendre, les ont transformés en bouc émissaire facile. Position inconfortable s’il en est.
Le déclin économique de la France d’outre-mer n’est pourtant pas une fatalité. Un pacte de
compétitivité renforcé, pour prendre en compte
les surcoûts d’exploitation, lui permettrait de
prendre sa part du redressement et du
rayonnement national dans ses grands espaces régionaux. Ce pacte nécessite de regarder en face la réalité de nos forces et de nos faiblesses.
Il ne pourra rien émerger sans l’énergie créatrice des entrepreneurs, associée à la détermination des politiques de faire de l’économie et de l’emploi leur grande priorité.

C’est l’objectif de la JOMD** de créer ces débats, susciter des rencontres, participer de la solidarité naturelle entre les ultra-marins d’ici et de là-bas, pour finalement contribuer à une ambition partagée des acteurs politiques, économiques et sociaux, pour que nos outre-mer soient en mesure d’attirer les talents, les touristes et les investisseurs.

* En Euros rééls, soit une récession nominale de 1%
en Euros constants, avec une inflation estimée de 1,5%.
** JOMD : Journée Outre-Mer Développement