Troisième secteur économique de l’île, fer de lance de l’économie locale, l’industrie martiniquaise montre chaque jour son dynamisme. Mais dans une économie mondiale de plus en plus globalisée, le secteur doit faire face à de nombreux obstacles qui freinent encore son développement.

Qu’il semble loin le temps où, dans les années 1970, le secteur industriel de la Martinique opérait sa mue et amorçait son développement basé sur le principe de substitution aux importations. A cette époque, l’industrie martiniquaise – qui se limitait à la filière canne/rhum/sucre – n’en était qu’à ses balbutiements. Mais l’année 1971 allait marquer un tournant décisif : création de la Sara, implantation d’EDF ou de Lafarge, création de la première zone dite “industrielle” de la Lézarde au Lamentin…

Quarante ans après, l’industrie est devenue un secteur essentiel pour l’économie locale : elle compte pour 8% du PIB de la Martinique et représente un chiffre d’affaires d’environ 1,4 milliards d’euros en 2010. Le secteur se place ainsi en troisième position en termes de création de richesses au sein de l’économie marchande, loin derrière les secteurs du commerce et des autres services, mais proche de celui du BTP. Le secteur emploie plus de 9 % des effectifs salariés recensés par Pôle Emploi (soit 4.200 personnes), contribue à hauteur de 5,2 % aux créations d’entreprises et rassemble 7,2 % du total des établissements martiniquais.

Troisième secteur de l’économie locale

L’industrie martiniquaise recouvre des secteurs très diversifiés : agroalimentaire, matériaux de construction, raffinage de pétrole et production d’électricité, chimie et parachimie, travail des métaux, travail du bois et aménagement, imprimeries, recyclage de déchets…

Longtemps spécialisé dans l’agro-industrie, le secteur industriel local s’est diversifié progressivement face à la nécessité de fabriquer sur place des produits jusqu’alors importés : la Martinique produit aujourd’hui 100% de ses œufs et de ses yaourts.

Parmi les secteurs en pleine croissance, c’est celui des matériaux de construction qui occupe la première place, en affichant le deuxième chiffre d’affaires de l’industrie, derrière l’agroalimentaire. Le secteur de l’ameublement connaît lui aussi une évolution importante depuis quelques années avec l’apparition de nouveaux produits et de nouvelles techniques, pour la fabrication de meubles, de cuisines, de salles de bains, de placards, de mobiliers de bureau, etc. Le secteur du travail des métaux connaît également un développement important, avec deux activités principales : la fabrication de menuiseries et de fermetures métalliques, et la fabrication de constructions métalliques.

Par ailleurs, l’industrie est devenue le principal exportateur de la Martinique, devant la banane : les produits industriels (produits pétroliers compris) représentent 64% des exportations de la Martinique, soit deux cent quinze millions d’euros de produits industriels exportés pour un total d’exportations de trois cent trente-quatre millions d’euros en 2010. Le secteur représente aussi 56% du montant total des importations de l’île (soit deux milliards et demi d’euros en 2010).

Un secteur qui compte dans l’économie de l’île

Cependant, l’étroitesse du marché local et l’insularité sont autant de facteurs pénalisants pour ces entreprises qui doivent s’orienter vers de nouveaux marchés, en particulier le bassin caribéen qui a permis à certaines activités de développer des exportations ou parfois d’implanter des établissements.

Par ailleurs, s’il reste un axe structurant pour l’économie locale, le lien très étroit entre la Martinique et la métropole freine encore les échanges avec nos plus proches voisins : application des normes françaises et européennes, règlementation et coût du travail contraignants, fiscalité particulière (octroi de mer)… Autant de blocages qui mettent néanmoins en avant les efforts que doivent consentir les entreprises industrielles de la Martinique pour rester compétitives.

Afin de maintenir cette compétitivité, de nombreuses exigences seront donc à respecter dans les années à venir : le prix des produits bien sûr, mais aussi la qualité, l’adéquation aux attentes du consommateur, la modernisation des organisations et des procédés, la formation des hommes, le dialogue social ou encore le respect de l’environnement. MC

 

Les chiffres de l’industrie en Martinique• 135 entreprises • 4 200 emplois permanents • 1,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires • 200 millions d’euros de salaires distribués • 215 millions d’euros d’exportations • 3900 emplois directs et indirects générés par la filière sucre-rhum-canne • 35% des effectifs salariés pour le secteur agro-alimentaire • 42% du chiffre d’affaires liés au secteur de l’énergie.

 

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