Emmanuel Collette et Louis Théodore

La Sicapag, un groupement de producteurs agricoles, spécialisé dans les fruits et légumes frais, les plantes aromatiques et fleurs se porte bien. Elle est l’un des acteurs incontournables de cette filière. Parcours et clefs du succès d’une belle réussite guadeloupéenne !

 

« Nous ne sommes pas qu’une coopérative qui commercialise des fruits et légumes. Nous sommes plus que ça », nous déclare d’emblée Emmanuel Collette, le directeur de la Sicapag. Il faut remonter quelques années dans le temps pour comprendre comment une petite association de dix adhérents est devenue maintenant un groupement de producteurs de plus de soixante membres réalisant un chiffre d’affaire en 2012 de 6,5 millions ! « Notre ambition est de permettre aux agriculteurs de vivre de leur travail et de permettre aux guadeloupéens de se nourrir sainement » nous confirme Louis Théodore, dit « camarade Jean », gérant de la Sicapag. « Les gens commencent à comprendre et il y a un engouement certain pour les produits du pays. »

C’est en 1995 que l’aventure a commencé. « Nous avons créé une association de producteurs en 1995 qui regroupait une dizaine d’agriculteurs » nous précise Jean Théodore. « Nous avons bénéficié de la précieuse collaboration du CIRAD, qui nous a permis de maîtriser la production à l’année de l’ananas bouteille ».

À cette époque, la création d’un groupement arrive à point nommé pour une population rurale, composée majoritairement d’ouvriers agricoles qui travaillent dans les champs de cannes à sucre ou dans les usines. Une classe paysanne s’est constituée et elle a souhaité tirer des revenus plus importants de l’agriculture.
« Notre objectif au départ était de préserver l’ananas bouteille de Guadeloupe. L’idée pour nous était d’assurer des revenus réguliers aux agriculteurs et de proposer un produit local aux guadeloupéens. Nous voulions valoriser l’agriculture. Nous avons toujours été animés par la volonté de participer à l’épanouissement du guadeloupéen » nous affirme avec force Jean Théodore. En 1998, l’association recrute un technicien agricole. En 2000, la structure se transforme en Sica. En 2007, la SICAPAG obtient par agrément ministériel le label de groupement de producteurs, label reconnu par Bruxelles qui lui permet de bénéficier de subventions au titre du Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) ou encore du Programme d’Option Spécifique à l’Eloignement et à l’Insularité (POSEI).
Ces fonds assurent aux agriculteurs un complément de revenu et leur permettent d’investir en matériel dans l’exploitation. Le groupement intervient en qualité de guichet en redistribuant aux agriculteurs les financements qui lui sont versés par la Commission européenne via l’Etat.

Les membres de la coopérative peuvent ainsi se consacrer entièrement à la production sur leur exploitation en laissant le soin à la Sicapag de commercialiser leur récolte.

La Sicapag emploie vingt salariés et son activité génère 150 emplois indirects (employés des exploitants, sous-traitants…) La structure s’inscrit résolument dans la durée. Locataire du terrain d’assiette de ses locaux, elle en est devenue propriétaire. Elle compte s’agrandir et construire un bâtiment de plus de 800 m².

« Certaines personnes pensent que nous roulons sur l’or ! Ce n’est pas vrai », nous précise Louis Théodore. Les sommes perçues sont redistribuées aux membres. « La sicapag est le fruit d’une réflexion approfondie des agriculteurs de l’archipel, la réponse à un raisonnement global sur la situation du pays. »