Quelle est la motivation profonde de votre engagement envers la JOMD ?
La JOMD, c’est un temps donné et consacré à la compréhension des Outre-mer. Cela paraît facile à dire, mais que l’on y réside ou non, que l’on en soit ou non originaire, comment peut-on faire des affaires sur un type de territoire si l’on n’en comprend pas bien les intérêts et les situations ? Un chef d’entreprise et un président de région n’ont pas la même vision des choses : lors de la JOMD, ils peuvent se rencontrer, s’exprimer et débattre.

Quelles peuvent en être les retombées pour les personnes en recherche d’emploi ?
Cette journée est un important pôle de recrutement, les entreprises recherchent et rencontrent de nombreux types de profils, si possible originaires des DOM. Nous avons besoin de recruter de jeunes ultramarins afin qu’ils viennent rééquilibrer la pyramide des âges, qu’ils deviennent des cadres de haut niveau dans leur société de naissance.

C’est une prise de conscience qui a eu lieu durant la crise de 2009 ? (suite à laquelle la JOMD fut créée, ndlr.)
En février 2009, le message d’une partie de la population était qu’elle ne se reconnaissait plus en elle-même. La JOMD prouve que l’on peut inverser les choses, que le « génocide par substitution » dont parlait Césaire n’est pas une fatalité.

Quels sont les enjeux politiques de l’événement d’après vous ?
Les problématiques économiques qui fondent la base de cette journée ouvrent naturellement vers des problématiques politiques pour le développement du bien être social et humain. Une société fonctionne comme une famille : elle ne peut être composée uniquement des grands-parents et des petits enfants. Elle a besoin d’une population dynamique et active, et il faut faciliter le retour au pays de ces personnes afin qu’elles fassent bénéficier à leur tour des compétences que la société leur a permises d’acquérir.
En tant que directeur de l’environnement et des politiques territoriales de la Région Martinique, quelles sont les problématiques énergétiques que vous désirez mettre en avant ?
Cette année nous tâcherons de montrer que le développement des énergies durables se répercute sur le plan social. C’est une économie nouvelle pour nos territoires, elle apporte un meilleur environnement ainsi qu’un climat social plus apaisé.

Pouvons-nous profiter de ce qui a déjà fait ses preuves ailleurs ?
C’est précisément l’un des objectifs de la JOMD : échanger et créer du réseau, s’inspirer de ce qui fonctionne chez les autres pour le reproduire. Quand quelque chose marche, pourquoi s’en priver ? Je vous donne un exemple : l’Agence de l’Énergie a ouvert en l’an 2000 à la Réunion. Aujourd’hui, on y pose 10.000 chauffe-eau solaires par an, dont la moitié est fabriquée localement. Certaines sociétés en exportent jusqu’aux Etats-Unis. C’est une filière qui représente trois cents emplois. Alors nous sommes allés voir là-bas ce qui se faisait et nous nous en inspirons. Se rendre d’un territoire à
l’autre pour comparer les solutions adoptées et les résultats obtenus est l’une des missions de l’Agence martiniquaise de l’énergie. Cette méthode représente un gain de temps et d’argent considérable : nous ne sommes pas dans un esprit de compétition, car malgré l’effet de concurrence il faut savoir préserver l’intelligence de l’émulation.

Quelle est finalement la philosophie de la JOMD ?
Offrir un temps d’échange, de mutualisation et de comparaison entre DOM, sous le regard de la République Française. C’est une manière de dire à l’Etat : nous sommes les mondes économiques et sociaux des outre-mer, en voici les opinions, les avancées et les tendances. Lorsqu’un ministre se rend à un tel événement, il peut y ressentir toute la créativité des DOM tout en faisant passer son message. J’invite toutes les personnes intéressées à venir nombreuses, mais pas uniquement pour assister à l’événement : il faut y participer, venir avec un projet, des objectifs, des CV etc. C’est un moment de démocratie ultime où l’on remet en cause les certitudes.