Les médias aux Antilles-Guyane n’échappent pas aux grandes mutations qui touchent ce secteur au niveau national et international. Jouer la carte de la proximité, améliorer la qualité des supports tout en intégrant les nouveaux modes de consommation de l’information, sont les nouveaux défis qu’ils doivent relever à l’ère de la révolution numérique.

 par Jean-Luc Goubin

Confrontée à la forte concurrence des chaînes nationales, « Guadeloupe 1ere » a fait le choix d’une communication commune qui intègre la communication interne et externe de l’entreprise. Il s’agit de transmettre le même message sur les différents supports disponibles (internet, radio, télévision, journal interne de l’entreprise…)

Pendant toute l’année audiovisuelle (de septembre à juin), le slogan retenu sera décliné dans toutes les campagnes de communication de la chaîne. C’est ainsi que, pour cette saison, le message «  bien ensemble » est diffusé en interne mais aussi auprès du public et des médias.

L’arrivée de la TNT a incité la chaîne à affirmer davantage son positionnement d’une télévision proche des guadeloupéens. « Notre fer de lance c’est la proximité », nous confie Margaret Lawrence. Dans cette dynamique, l’implication du personnel est capitale. Patrick Augustine le confirme : « Nous mettons régulièrement en place des actions qui lui permettent d’être fier de travailler dans l’entreprise, qui confortent « le bien ensemble ».  Il s’agit d’écouter le message de la direction, d’entendre le feed back des salariés, d’organiser des rencontres interactives. C’est pour nous plus qu’un job, c’est une mission quasi sacerdotale. »

La presse écrite guadeloupénne fait aussi preuve de beaucoup de dynamisme selon  Danik Zandwonis, directeur  du site Caribcreolenews, à l’origine de la création de plusieurs publications et producteur-animateur du magazine  « C dans la presse » sur  Canal 10. «  France-Antilles se veut aujourd’hui plus  « gwada » et suit les évolutions de son lectorat. » Ces changements n’ont pas concerné que le quotidien. Tous les médias du groupe France-Antilles ont eu droit à un lifting. José Kijas, directeur commercial de la Régie Guadeloupéenne de Publicité de France-Antilles : « Nous avons revu bon nombre de nos médias : nouvelle maquette du France Antilles, nouveau TV Mag encore plus riche de rubriques pour toute la famille, de même pour Créola.

 

A gauche : Jean-Christophe Martinez et son équipe

 

Nous avons remis en avant l’hebdo des bons plans Le 97.1. « Les Nouvelles de L’Immobilier » offrent plus de pages déco, shopping, innovation… Enfin, nous avons créé un nouveau support « Ultimate » pour un lectorat Premium mettant en avant le luxe vu de la Caraïbe. »

Savoir s’adapter

Des changements sont perceptibles dans l’ensemble de la presse guadeloupéenne. Danik Zandwonis : « Parmi les hebdomadaires les plus anciens, « Nouvelles Etincelle », créé en 1944 ou encore « Le Progrès Social, » qui existe depuis 1957, ont fait peau neuve. Et puis il y a la presse gratuite qui s’est beaucoup développée depuis quelques années et commence d’ailleurs à trouver son lectorat. Mais seuls ceux qui ont un vrai contenu rédactionnel survivront. »

Il constate que la manière de consommer l’information change et que les médias devront s’adapter. Difficile aujourd’hui de concevoir un média sans son site ! Mais cet observateur de la presse guadeloupéenne admet que certains professionnels considèrent encore une version numérique comme une « aventure non rentable ».

Par ailleurs, la presse électronique est de plus en plus consultée par les internautes. Danik Zandwonis est le créateur de « Caribcreolenews », un exemple concret de site d’information qui a choisi l’info caraïbe comme créneau. « Nous venons de lancer  Carifilnews24.com qui  à la  vocation d’être un fournisseur d’infos aux sites qui n’en ont pas ». Il admet toutefois un retard pris par la publicité sur internet dans l’archipel mais qui sera, selon lui, vite comblé.

Pourtant, la communication digitale n’est pas à négliger. Elle représente déjà au niveau national 21 % du budget marketing des entreprises, comme nous le rappelle Jean-Christophe Martinez, directeur général de la société Noviris, une agence conseil en communication digitale.

« Ce sont les usages qui forcent la communication à changer, on ne consomme plus l’information de la même manière, les mobiles connectés font partie de notre quotidien et les tablettes tendent à remplacer les ordinateurs à la maison. Les chefs d’entreprises font évidemment partie de ces nouveaux consommateurs et se rendent bien compte que les points de contacts avec leurs clients changent rapidement. » José Kijas le confirme « Les Antillais sont très à la page en terme d’équipement internet.

 

Margaret Lawrence

 

À ce jour, plus d’un téléphone sur deux est équipé de fonctions permettant de se connecter à l’internet mobile en 3G ou wifi. Les audiences de nos sites (France Antilles, le 971, Trace) en ressentent les effets avec des progressions à deux chiffres d’une année sur l’autre ».

Les entreprises locales devraient donc « surfer sur la vague » et communiquer plus sur le net. Jean-Christophe Martinez y voit plusieurs avantages : « le digital apporte des solutions en termes de ciblage, de mesures précises d’impact des campagnes et actions, de qualification de base de données, de relation client, et en période de crise ces nouveaux outils prennent encore plus d’importance ».

Mais il tient à souligner qu’ « il est primordial de penser sa stratégie pour ne pas partir à l’abordage du digital sans réflexion, au risque de ne pas atteindre ses objectifs ».