Pierre Zammit dirige la Mission Guyane du Centre national d’études spatiales (CNES). Il réaffirme l’engagement sociétal fort qui lie l’un des fleurons de la technologie française à la Guyane et ses habitants.

Quel est le rôle de la Mission Guyane du CNES ?
Le CNES a créé cette structure pour accompagner la Guyane dans son développement économique et social. Les enjeux sont importants, surtout au regard des perspectives de croissance de la population. Ainsi, tout apparaît comme une nécessité : la création des entreprises, la structuration de filières industrielles, la formation, l’aménagement du territoire en considérant les besoins de logement, de routes, d’écoles, de collèges etc. La Mission Guyane doit assurer le contact avec la population guya-naise en lui faisant bénéficier notamment des technologies spatiales, et plus particulièrement de la télémédecine surtout dans les communes enclavées.

Nombre de Guyanais jugent insuffisantes les retombées liées aux activités du CNES… pourquoi selon vous ?
Je crois qu’il y a eu une mauvaise perception de la présence du CNES au départ. Il s’agit peut-être d’un problème de communication sur ce qu’il apporte réellement à la population. Heureusement, les élus et les décideurs politiques sont conscients de l’apport de Mission Guyane. Aujourd’hui, nous souhaitons que tous les enfants de Guyane viennent visiter le Centre Spatial Guyanais (CSG) avec leurs professeurs, qu’ils aient une visibilité sur les activités et les métiers qui y sont exercés, et qu’ils se l’approprient en tant qu’atout pour le territoire, surtout en terme d’attractivité.

Concrètement, de quelles technologies du CSG les Guyanais bénéficient-ils ?
Elles sont nombreuses. La Guyane est leader mondial de la téléconsultation. En effet, le CNES a équipé toutes les communes de Guya-ne en valises de téléconsultation médicale. Par exemple, un robot commandé à distance à partir de Cayenne permet de réaliser à Maripasoula des échographies.
De plus, grâce à la télédétection, nous pouvons recevoir en direct les images du satellite Spot et ainsi obtenir une imagerie de la Guya-ne en temps réel. Spot couvrant pratiquement l’ensemble du continent Sud-Américain, l’expertise du CNES en télédétection permet de donner lieu à des projets de coopération avec nos voisins. L’éducation cons-titue aussi un domaine dans lequel la technologie spatiale peut aider les populations les plus reculées. Le projet de télé-enseignement mené par la Mission Guyane, en partenariat avec les communes et la Région, permettra de mettre en place des formations à distance pour un public ciblé grâce au concours des organismes compétents comme le CNAM, le Rectorat et la Mission Locale Régionale, etc.

Quels sont les moyens financiers dont dispose la Mission Guyane ?
Pour la période 2000-2006, le CNES a apporté 33 millions d’euros qui ont permis de financer l’équivalent de plus de 100 millions d’euros de projets de développement, le CNES participant à hauteur de 30%. Ces projets ont permis de créer 1500 emplois pérennes et privés, hors spatial. Pour la période 2007-2013, l’apport du CNES sera d’environ 39 millions d’euros dont une enveloppe exceptionnelle de 1,5 million attribuée à la Région et aux communes au titre de « 2011, Année des Outre-Mer. »