Marc Ho A Chuck : Écouter, comprendre, guider

Rencontre avec Marc Ho a Chuck et Livia Flavien, respectivement Président et Directrice de l’association de chefs d’entreprises mieux connue sous le nom de Réseau Entreprendre Guyane, la première antenne de ce réseau a avoir vu le jour aux Antilles-Guyane, avant d’être rapidement suivie par la Martinique et la Guadeloupe. L’association a pour objectif d’aider les porteurs de projets à démarrer leur entreprise ou de les accompagner lors d’une reprise d’activité ou encore en phase de développement. Conseils, communication, stratégie et support financier sont le quotidien de ses membres bénévoles qui oeuvrent chaque jour au développement du tissu économique de leur territoire.

 

Qui est susceptible de faire partie de Réseau Entreprendre ?

Nos membres sont issus d’entreprises de différentes tailles et de tous les secteurs… tout chef d’entreprise ayant le désir de participer gratuitement à cette œuvre commune est le bienvenu, dans le respect de nos trois piliers fondateurs : l’Homme, la gratuité et la réciprocité. La notion d’accompagnement est essentielle, tout comme celle du bénévolat et de l’échange. Il ne s’agit pas d’une relation maître/élève, ni même de parrainage par nos membres : c’est une relation entre deux chefs d’entreprises, dont l’un est davantage expérimenté que l’autre. L’expérience est souvent bénéfique aussi pour l’accompagnateur car en donnant ses conseils il découvre parfois des vérités sur sa propre activité.

 

Comment votre activité est-elle financée ?

Le financement de l’association est assuré par la cotisation des membres, selon le modèle de Réseau Entreprendre qui existe depuis 25 ans et dont il existe 53 antennes partout en France. En Guyane, nous nous appuyons sur ces années d’expérience qui ont produit des résultats concrets, avec une particularité toutefois dans notre département : le fonds de prêt est abondé en partie par le FEDER, la Région, le CNES et la CDC. Ce sont les quatre partenaires qui nous ont fait confiance dès le départ.

 

Qu’entendez-vous par « fonds de prêt » ?

Il s’agit d’un accompagnement financier délivré à des porteurs de projets sélectionnés avec rigueur, à une hauteur maximum de 35.000 euros, qui permet de faire effet de levier au lancement ou à la pérennisation d’une entreprise. C’est un prêt à la personne et non une subvention : il présente l’avantage d’être à taux zéro, avec un différé de dix-huit mois pour le premier remboursement, et de courir sur cinq ans.

 

Quels sont les critères d’éligibilité à ce prêt ?

Le porteur de projet doit présenter au minimum une capacité de trois créations d’emplois, y compris lui-même. La personne accompagnée doit avoir besoin d’un soutien, car un chef d’entreprise confirmé n’a, a priori, pas besoin de notre association. Il est essentiel également que le projet soit viable, cohérent et qu’il présente un potentiel de réussite sur le marché souvent étroit qu’est la Guyane.

 

Pouvez-vous estimer les retombées économiques directes de votre activité pour la Guyane ?

À notre modeste mesure, nous avons aidé à créer et maintenir 200 emplois en accompagnant 48 entreprises. Nous n’avons pas encore le recul suffisant pour fournir des statistiques pertinentes. Au niveau national en revanche, ce modèle a fait ses preuves car 87% des entreprises accompagnées existent encore au bout de cinq ans, quand on sait que la majorité des nouvelles sociétés baissent le rideau au terme de la troisième année.

 

Quel est votre rôle en tant que Président de l’association ?

Je veille à ce que l’association respecte l’ensemble des valeurs du réseau et son fonctionnement, je m’assure de son développement dans le respect des objectifs définis avec le Conseil d’Administration. Cela demande de l’implication personnelle, cela dit en ce qui concerne les membres, nous leur proposons un engagement flexible, « à la carte », et nous veillons à ce que ce ne soit pas chronophage pour eux.

 

Qu’est-ce qui, selon vous, fait qu’aujourd’hui un projet échoue ou réussit ?

Ce sont les mêmes grandes tendances quelque soit le secteur et le territoire. La création d’une entreprise est un moment critique : si l’on a surestimé le chiffre d’affaires, si le marché a été mal évalué, si l’emplacement est mal choisi… toutes ces données ne sauraient être négligées. En outre, des règles de bonne gestion doivent être respectées : un problème récurrent est celui de la planification de la trésorerie, il faut s’assurer que les financements entrepris restent cohérents… un financement de matériel à long terme doit être fait par un prêt sur le long terme, et laissant la trésorerie pour le financement du fonctionnement. Une entreprise peut donc mourir soit dès sa création, soit lors de son développement. C’est la deuxième phase critique : même en ayant trouvé le bon produit, le bon marché et la bonne clientèle, on court le risque d’engloutir la trésorerie prématurément. Un développement fulgurant, aussi paradoxal que cela paraisse, peut contenir un vrai risque. Nous le constatons régulièrement.

 

Livia Flavien

« Chez Réseau Entreprendre, l’Homme est véritablement au cœur du dispositif et cela me plait !

 Il y a tout d’abord les hommes et femmes chefs d’entreprises qui donnent de leur temps et de leurs moyens pour le développement économique de leur territoire. Des entrepreneurs engagés, solidaires et responsables, ferments d’émulation économique : chez eux, ce ne sont pas que des mots, c’est du concret !

Il y a tous ceux portant un projet de création, de reprise ou de développement d’entreprises, qui ressentent un besoin d’accompagnement spécifique pour inscrire leur projet dans une véritable dynamique de pérennisation. Des personnes qui ont eu un rêve et ont décidé de le concrétiser ; elles ont tapé à de nombreuses portes pour obtenir conseils, aides, financements… Pour moi, les entrepreneurs de demain.

Diriger Réseau Entreprendre Guyane, c’est mettre en relation ces personnes pour leur permettre de grandir dans ce qu’elles sont, qu’elles soient chefs d’entreprise ou porteurs de projet.

Cela consiste à organiser l’accueil et l’orientation des porteurs de projet, notamment à veiller à ce que leur projet soit « accompagnable » par Réseau Entreprendre. Il y a toujours du grain à moudre, d’autant plus que nous sommes seulement deux personnes au niveau opérationnel.

« L’homme au centre », cela veut aussi dire que les créateurs doivent grandir avec – et à travers – leur projet via un parcours de professionnalisation et de validation, où ils sont confrontés à d’autres chefs d’entreprises, dans la bienveillance certes, mais sans complaisance. La finalité est de les accompagner avec des objectifs pragmatiques et ciblés.

Je veille également au suivi des lauréats et de leur accompagnement, ce qui est un vrai métier et une tâche exigeante. J’ai également la mission d’animer le pool de membres et de représenter l’association partout où notre cœur de métier peut apporter quelque chose au niveau local. À ce titre, je note qu’il y a ici beaucoup de bonnes volontés et un vrai désir au niveau des acteurs en place, de construire ensemble la Guyane de demain.

J’ai d’ailleurs la joie de vous informer que nous organisons la fête des lauréats le 14 mai prochain à 19h00 au Novotel de Cayenne. L’occasion pour le public d’encourager ceux qui ont osé… et ceux qui les accompagnent sur ce chemin. »