Evénement sportif incontournable en Martinique, le Tour des Yoles 2013 débutera le 28 juillet par un prologue dans la baie du Marin, suivi de sept étapes. À la veille de cette 29ème édition, nous avons rencontré Emitai Blanchard, entraîneur de la yole Brasserie Lorraine/Isuzu.

 

Rappelez-nous en quelques mots l’origine  de la course des yoles ?

Bateau traditionnel des pêcheurs martiniquais, la yole est constituée d’une structure en bois d’une longueur maximale de 10,5 mètres, et d’une voilure pouvant aller jusqu’à 100m2. À l’origine, les pêcheurs ont improvisé des courses de bateaux, qui sont devenues de plus en plus populaires. Le Tour des Yoles est aujourd’hui réglementé, le sponsoring a apporté des moyens conséquents. L’événement est largement suivi par les Martiniquais, férus de ce sport spécifique à la Martinique.

 

Depuis combien de temps entrainez-vous la yole Brasserie Lorraine / Isuzu ?

Cela fait trois ans que j’entraîne les yoleurs. Je m’occupe de leur préparation physique pendant la saison, suivant trois phases successives. Tout d’abord, une préparation physique générale, ciblée sur le renforcement de l’endurance. Puis une préparation physique auxiliaire, consistant à travailler sur les formes de mouvements qu’ils retrouvent en compétition. Et, enfin, une préparation plus spécifique, avec un travail en salle et en mer portant sur les gestes techniques, la maîtrise de mouvements précis. Et pendant la semaine du Tour, je prends également en charge la préparation mentale : situer les objectifs de course, participer au debriefing et remobiliser les hommes si nécessaire, après une étape difficile.

 

Quel a été votre résultat l’année dernière ?

Nous avons remporté le Tour ! On ambitionne bien sûr la même chose cette année, même si on vise surtout la performance sur chaque étape. Il faut rester humble ; en 2012, une étape avait été annulée à cause de la météo, qui peut rendre la navigation très difficile. Il y a souvent des avaries, la yole peut couler, et personne n’est à l’abri d’un imprévu.

 

Quels sont, selon vous, les points forts de votre équipe ?

Je dirais que l’équipe est très unie. Elle est composée d’hommes jeunes, soudés. C’est une bande de copains, solidaires et admirablement formés par M. Lagier, ancien yoleur ayant un grand nombre de victoires à son actif.

La yole est vraiment un sport collectif, qui nécessite une cohésion totale entre les équipiers. Et bien sûr, grâce à notre victoire l’année précédente, le potentiel confiance est au plus haut.

 

Parlez-nous des yoleurs de l’équipe…

Les yoleurs sont avant tout des passionnés, doués d’un indéniable savoir-faire et d’une grande connaissance du milieu marin. Ils s’entraînent huit heures par semaine environ, en plus de leur travail. Cela demande donc beaucoup d’efforts et de sacrifices. Ils développent une grande force physique, surtout au niveau du tronc et des bras, leur permettant d’exercer un contrepoids efficace à la poussée du vent dans les voiles et de maintenir ainsi l’équilibre du bateau. Diany Remy est le patron de l’embarcation pour ce tour.

 

Le Tour des Yoles nécessite-t-il une logistique appropriée ?

En effet, tout un “staff” œuvre pendant la course pour aider les yoleurs. Avant chaque départ, la météo est analysée et un scooter part constater l’état de la mer, afin d’adapter le réglage de la voile. Et, après chaque Tour, nous faisons un bilan, pour essayer d’améliorer encore la yole.

 

Peut-on dire que vous êtes un entraineur heureux ?

Oui, car j’aime ce que je fais ; je remercie l’association Yole Net 2000, et plus particulièrement son président, Patrick Lamon, de me faire confiance depuis trois ans. J’ai conscience d’évoluer dans un milieu privilégié. Nous avons, en effet, la chance, en Martinique, d’avoir un produit unique, la yole, qui procure des sensations grisantes, tant aux sportifs qu’aux spectateurs. Ce sport traditionnel est transmis aux jeunes par les anciens, et rapproche ainsi les générations.